Pédagogique, Hubert Védrine a exposé sa vision des Relations internationales. « Je suis un réaliste moderne. Je ne rejette pas du tout cette école, les utopies et l’irréalisme ont fait couler beaucoup plus de sang ». Répondant à une batterie de questions des étudiants, il a ensuite expliqué la position de la France sur des sujets aussi sensibles et divers que le Rwanda en 1995, la première guerre du golfe ou encore l’indépendance du Kosovo. Une conférence parfois technique. « Passons à la partie théorique. Sortez vos cahiers » a d ‘ailleurs plaisanté, Hubert Védrine, avant de disserter sur la puissance de la France, le rôle de l’Occident dans le monde ou la notion « contestable» de communauté internationale.
Une admiration sans faille pour Mitterrand
Mais Hubert Védrine reste un admirateur de François Mitterrand, et le revendique. Un « Mitterandphile mais pas mitterandolâtre » comme l’a présenté Yves Harté, de Sud Ouest. Reconnaissant à l’égard de celui, qui lui a permis pendant 14 ans, d’accéder aux plus hautes sphères de l’Etat, Hubert Védrine a rendu un hommage appuyé, à l’ancien président de la République : « Travailler avec lui, c’était un enchantement. Par son intelligence fulgurante, par sa culture, par sa prémonition, il donnait une intensité à la vie de tous les jours que je n’ai rencontré nulle part ailleurs». Il est longuement revenu sur les positions de François Mitterrand, dévoilant l’envers du décor de décision politique, notamment au sujet de la réunification allemande.
Une position d’influence libre
Sur le secret des relations diplomatiques, Hubert Védrine s’est exprimé,sans détour :« Il existe une contradiction dans les sociétés d’aujourd’hui, avec une croyance : Plus les choses sont transparentes, mieux c’est. Or c’est le contraire exact d’une politique étrangère. Il faut énormément de tact, de patience. Il faut le temps de préparer les choses sereinement. » Revenant sur son expérience au pouvoir, il a ajouté : « Si quelqu’un vous interrompt tout le temps, vous ne pouvez pas travailler. Et bien, c’est la position constante du gouvernement. » Au sujet de ses ambitions, l’un des étudiants lui a demandé quelle politique il aurait mené à la place de Bernard Kouchner. Nicolas Sarkozy lui avait proposé lors de son élection le poste de ministre des affaires étrangères. « Avec tout le respect que j’ai pour Bernard, c’est le Président Sarkozy qui mène la politique étrangère. Je n’appartenais pas à cette équipe » a répondu Hubert Védrine. Naviguant entre ses passions pour la littérature, l’histoire, la politique, il a rendu un rapport à Nicolas Sarkozy, Hubert Védrine apprécie « cette position d’influence libre », même s’il n’exclut rien, à l’avenir. Il a certes refusé de donner sa préférence pour le prochain leader du Parti socialiste. Mais il a conclu sous les applaudissements « Je ne suis candidat à rien pour le moment. Mais, je serai peut être candidat un jour à quelque chose ».
Charlotte Lazimi