Il aura fallu attendre quinze ans pour que le Garorock se dote enfin de deux choses essentielles à tout bon festival : un camping décent et un festival off de bonne facture. Pour le camping, on attendra le jour J pour juger mais les organisateurs et la mairie ont bien insisté sur sa transformation. L’accès devient payant, un soundsystem MTV y est installé et les installations sont rénovées. Sûrement pas un trois étoiles, mais amplement suffisant pour améliorer significativement la sécurité et la propreté du lieu. Le festival Off est lui organisé par l’association lot-et-garonnaise Staccato et les commerçants de la ville. Il se déroulera de midi à seize heures (donc avant le festival et pas en même temps comme le veut la coutume) et c’est une vingtaine de noms qui se produiront dans les rues marmandaises, le samedi et le dimanche. Essentiellement des groupes du cru (Marmande, Agen, Mont de Marsan, Bordeaux, Toulouse, Pau, Miramont…) mais aussi quelques anglophones (l’américain Vandaveer par exemple). On notera dans notre agenda les performances de Botibol, Gâtechien et surtout du Reverend James Leg des Black Diamond Heavies qui auraient très bien pu figurer dans la programmation officielle.
Un vendredi mou, un samedi furibard et un dimanche éclectique
Puisqu’il en faut toujours un, le vendredi est sûrement le jour le plus faible à bien des égards. Avec une programmation très orienté « roots » qui vient jouer sur les plates bandes du Reggae Sun Ska sans en fournir l’originalité : Dub Inc, High Tone, Massilia Sound System, Voices of Jamaica. Mais aussi des têtes d’affiches un brin démodées qui n’intéresseront sûrement que les fans : le trip hop gentillet de Morcheeba, le quatuor à cordes Apocalyptica ou même le DJ vétéran Etienne de Crécy. On pourra toujours chercher du réconfort chez les petits jeunes : The Bewitched Hands (sextet pop polyphonique de Reims), Blitz The Ambassador (hip hop racé), Quadricolor (electro pop) ou Beataucue (duo de DJ signé chez Kitsuné). Deux très bons bordelais seront également de la partie : Mars Red Sky (rock) et l’infatigable Clarks (électro) qui inaugurera la toute nouvelle scène club.
Après cette mise en bouche, le festival commencera vraiment. Il ne sera plus permis de rêvasser. Mike Skinner, le londonien roublard de The Streets tirera sa révérence après cinq albums acclamés pour se consacrer à d’autres projets. Une exclusivité nationale dont l’organisateur MR Power a raison d’être fier. Ne serait-ce que pour ses textes mordants et ironiques, c’est à ne rater sous aucun prétexte. Le reste des grands noms assurera le spectacle : la bête de festival Tiken Jah Fakoly, Ben l’Oncle Soul pour les midinettes et les DJs du crew Ed Banger (SebastiAn, DJ Medhi vs. Busy P). La scène club se voudra très éclectique (dubstep, 8bit, abstract hip hop…) tandis que les deux autres feront la part belle au rock qui se danse : Jamaica, les bordelais de The Automators, The Shoes mais surtout le mi-japonais mi-coréen fou furieux Miyavi aux allures de rock star glam et la bande rockabilly crado de Jim Jones Revue.
Pour le dimanche, retour à une ambiance plus familiale versant chanson et variété : Katerine, les Ogres de Barbacks, AaRon, le groupe Hangar d’Arcachon, Eli Paperboy Reed… Avec en prime, deux légendes, The Original Wailers, c’est à dire ce qu’il reste du groupe formé par Bob Marley, et Raekwon, membre actif du Wu Tang Clan qui vient jouer le rôle de la maintenant traditionnelle tête d’affiche de rap américain du Garorock (depuis Public Enemy en 2007). Les amateurs de bizarre seront aux anges pour ce qui est des deux scènes intermédiaires : Stupeflip, Sexy Sushi, The Legendary Tiger Man et Flobots seront là pour assurer niveau expérimentations et mélanges barbares. On notera également le retour de deux groupes d’habitués : les fous furieux Dirty Fonzy et les bordelais Shaolin Temple Defenders. Avec pour finir une jolie petite programmation électro avec Breakbot (encore Ed Banger), une carte blanche de deux heures et demi à Crazy B (un des DJs de Birdy Nam Nam) et les Crookers qui auront l’honneur de conclure le festival.
Une programmation somme toute assez honnête pour un festival qui s’il sait qu’il ne peut pas lutter contre les grosses machines européennes reste toujours le festival de musiques actuelles le plus important dans le grand Sud Ouest. Reste à savoir si le pari d’améliorer le site suffira à garder ce festival à Marmande une année de plus, malgré la constante menace de relocalisation vers un site moins exposé. N’oubliez pas de réserver vos places.
Festival Garorock du 8 au 10 avril à Marmande (47)
Pass 3 jours de 80 à 82 euros. Pass une soirée de 33 à 38 euros
Crédit photo : Garorock