Comme beaucoup de bonnes idées, www.ofrance.fr, est une idée toute simple. « Bon nombre de commerçants, artisans et producteurs n’ont pas accès à Internet. Parce que la création d’un site de vente en ligne s’avère trop chère pour eux. Mais aussi parce qu’ils n’ont pas le temps de s’en occuper » explique Julien Pungier, le président de la start-up créée à cheval entre la Bigorre et le Béarn. Moyennant un droit d’entrée minime, et une commission sur les ventes, O.France se propose de faire ce travail à leur place.
« Notre force, c’est le monde »Foie gras, vins, jouets en bois, lampes, chemises et l’on en passe… Toutes sortes de produits conçus, élaborés et envoyés de France peuvent être présentés dans les boutiques virtuelles que ses responsables créent sur le web. « Nous proposons du clé en main : la mise en place de la boutique, les photos des produits, la gestion des paiements. Nos partenaires, eux, reçoivent les commandes et ils les envoient.
En un an, 1000 ventes ont déjà été réalisées, pour l’essentiel sur le marché français. « Mais la marge de progression est énorme » affirme Julien Pungier. Car l’entreprise a aussi mis le pied en Allemagne, en Grande-Bretagne, en Espagne, au Portugal, au Moyen-Orient, et en Russie. En attendant la Chine et le Japon aux portes desquels elle est allée frapper. Tout cela assorti d’informations fournies aux vendeurs sur les législations s’appliquant à ce type de vente : droits de douane, règles locales etc.
« Ce qui est vendu, c’est le service qui va avec le produit »
Les créateurs de O.France ne sont pas les seuls à faire ainsi évoluer leur métier. Loin s’en faut. La transformation numérique n’épargne aucune entreprise a-t-il été rappelé à Pau lors du salon e-py.
D’autres manières de travailler émergent en effet. « Aujourd’hui, l’innovation ne concerne plus seulement les technologies, mais aussi des comportements consistant à se rapprocher du marché » explique Eric Culnaërt, chef de projet à l’ADI, l’agence en charge des « Etapes ».
En d’autres termes, les règles du jeu ont changé. Après des périodes où innover signifiait automatiser, puis dématérialiser, vient désormais l’époque de la « surtraitance ». Traduisez la capacité à devenir « un intermédiaire incontournable entre les gens qui maîtrisent la production, et ceux qui consomment. » D’avoir un accès direct au client tout en sachant que, « de plus en plus, ce qui est vendu, ce n’est pas le produit mais le service qui va avec ».
Le souci de l’hyper réactivitéPlusieurs exemples, pris sur le terrain, sont venus confirmer ces propos à Pau. Tel l’audacieux virage négocié par l’entreprise Traimeca Pyro, qui est basée à Béhobie, dans les Pyrénées-Atlantiques. Cette société de mécanique de précision est devenue le leader européen, et l’un des cinq premiers mondiaux, de la fabrication de gaines destinées à protéger des sondes de température. Comme celles qu’utilisent les pétroliers.
« Nous avons mis en place un configurateur qui permet à nos clients, en fonction de leurs besoins spécifiques, de disposer en direct des prix des produits » explique son PDG, Marc Chauveau. Couplé à un système de conception et de fabrication assistées par ordinateur, ce service aux clients de gagner un temps précieux, et à l’entreprise de tirer profit de son hyper réactivité. « Aujourd’hui, on ne peut plus fonctionner sur une réponse traditionnelle de marché. Il faut apporter autre chose ».
« Nos clients deviennent des amateurs d’expériences »Dans un tout autre domaine, Dadoclem, une maison d’édition girondine s’adressant à la jeunesse a conçu des fichiers-son téléchargeables sur MP3 mais également des applications pour smartphone permettant à ses lecteurs de prolonger le simple usage du livre papier. Pour apprendre une langue étrangère en jouant, ou encore découvrir, pas à pas, l’histoire d’une ville comme Bordeaux. «On y propose d’écouter la langue parlée jadis, en l’occurrence le latin, mais aussi de visualiser des images de la cite antique et de la ville actuelle. Tout en invitant les visiteurs à découvrir certains sites et musées. Nous sortons du livre pour amener les lecteurs à devenir des amateurs d’expériences ».
Rien, sans l’humainMise en réseau d’offices de tourisme de la Montagne Basque qui aident les acteurs d’un territoire à mieux se faire connaitre sur le Net, portail de métrologie créé par une entreprise de pesage… D’autres initiatives sont évoquées. Avant qu’une autre réalité, essentielle, soit soulignée par Jean Philippe, le directeur général du Crédit Agricole Pyrénées Gascogne. En matière d’innovation, rien ne se fait sans les hommes et les femmes qui animent les entreprises, soutient-il.
D’où l’intérêt de bousculer les habitudes et les organisations traditionnelles de travail, de mettre en place des groupes de réflexion « qui laissent la place à l’imagination », mais où les notions de hiérarchie ne pèsent pas.
Favorable aux entreprises « poreuses », qui associent des intervenants extérieurs à leur réflexion, Jean Philippe plaide également pour le « devoir d’inspiration ». « Il se passe beaucoup de choses sur le marché. Il faut se demander en quoi cela change nos métiers. Nous avons par exemple intégré le crowfunding (financement participatif) dans nos offres aux clients ».
Un dernier principe : « Le ridicule ne tue pas. Aucune idée n’est idiote. La plupart des gros succès ont été créés avec des idées et des mots idiots. Prenez Google. Il n’y a rien de plus bête ».
Pour en savoir plus :
http://www.aquitaine-developpement-innovation.com/etapes-de-linnovation.html#.VW8Hk1Iw_mQ