Il serait temps en effet de remettre les choses à leur juste place. La liberté des femmes d’accéder à la contraception en phase avec une réelle liberté de choix ; cette liberté là aux seules mains des femmes et non dans l’escarcelle toute puissante de ceux qui y ont vu un objet de bénéfices. Quand Marion Larat va voir sa gynécologue pour obtenir un moyen de contraception, celle-ci lui prescrit d’emblée la pilule, sans proposer d’autres solutions. Pire, celle-ci lui prescrit, en première intention, une pilule de troisième génération. Sans examen préalable, alors qu’une prise de sang aurait décelé un facteur essentiel : le facteur II de Leiden, anomalie de la coagulation du sang, anomalie qui n’est pas si rare mais dont beaucoup de gynécologues négligent le dépistage, qui pourtant sauverait des vies, éviterait bien des morts. Marion, comme tout un chacun qui remet un moment de sa vie au bon jugement d’un médecin, avait confiance. Une part de sa douleur est aussi contenue dans cet abus de confiance là. Un délit de mépris.
Car la colère nait bien souvent de l’indifférence de l’autre : le déni des accents gravissimes du mal encouru, la non reconnaissance de la responsabilité d’un praticien inconscient. Le drame de Marion, et de toutes celles tombées comme elle, est résumé par deux mots assassins car honteusement réducteurs : « aléa thérapeutique ». Marion qui a failli perdre sa voix, aphasique après son AVC, la porte aujourd’hui bien haut. Première à porter plainte, elle déclare vouloir agir pour éviter la souffrance ou la mort pour d’autres femmes, pour porter assistance aux personnes en danger. Et grâce à elle, grâce à ses proches qui ont tissé autour d’elle une toile d’amour et de force, les choses commencent à bouger, mais le chemin est long. Ce n’est qu’un début, Marion continue le combat ! She’s still standing !
« La pilule est amère » paru chez Stock, est un livre à lire, car loin d’un appel à la larme à l’œil, il est un appel à la vigilance et à la dignité. Dignité de ces femmes qui longtemps ce sont battues pour leurs droits, et qui doivent plus que jamais élever la voix pour choisir leur juste voie. Un témoignage courageux et un message à diffuser, haut et fort, partout où sera piétiné ce droit essentiel de chacun, de chacune, à rester maître de son destin. Ça va faire parler ? Tant mieux !
Pour information consulter www.avep-asso.org