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PUBLIÉ LE 15/08/2018 PAR Joël AUBERTEn haut, tout en haut du palmarès, nous plaçons cette ascension du Puy-de-Dôme 1964, ce coude à coude d’anthologie Anquetil-Poulidor dans ce que Pautrat ne craint pas de nommer le « Tour du Siècle ». Et pas seulement par ce match au sommet mais aussi parce qu’il fût marqué par le plus le terrible drame que le Tour ait jamais connu, l’accident de Port-de-Couze, près de Lalinde, quand un camion citerne de ravitaillement des hélicoptères, manquant un virage, a percuté la foule massée sur un pont étroit et plongé dans le canal, entraînant un très lourd bilan: neuf morts et treize blessés.
Ce Tour, comme Pautrat le rappelle, a marqué l’apogée de la rivalité Anquetil-Poulidor mais, plus encore, a donné lieu à des débats dont on imagine mal, aujourd’hui, le retentissement. D’un côté, un champion normand de grand style qui en imposait par sa classe et une manière de froide supériorité, de l’autre un coureur enraciné dans son terroir du Limousin et dont le comportement, marqué du sceau de l’humilité, semblait l’avoir condamné, à jamais, au rôle d’éternel second. Et à l’adoration populaire. Le fait est que Jacques Anquetil n’est plus de ce monde mais Raymond Poulidor qui pensait bien pouvoir gagner ce tour 64 et échoua, une nouvelle fois, reste aujourd’hui toujours aussi populaire…Pareille rivalité n’a pas été d’ailleurs qu’une spécialité française, loin s’en faut; Pautrat entre autres nous rappelle « l’Italie déchirée », entre Fausto Coppi et Gino Bartali.
Heureuse époque où, au départ du Tour, il était encore imaginable qu’un Français puisse le gagner. Le dernier qui ait inscrit son nom au palmarès s’appelle Bernard Hinault. C’était en 1985… L’auteur se console en faisant le compte de ceux qui ont au moins porté le maillot jaune et constate, avec un zeste de nostalgie, que » le cyclisme scientifique, millimétré d’aujourdhui ne génère plus les mêmes épopées ».
« Mareuil Editions », 18 euros. www.mareuil-editions.com
