« Toutes les 9 secondes, un hélicoptère motorisé par Turbomeca décolle dans le monde » a-t-on plaisir à rappeler dans la filiale du groupe Safran.L’entreprise béarnaise fabrique environ 1000 moteurs par an et en répare plus de 1 700. Elle emploie 2 600 salariés dans les ateliers et bureaux installés dans la plaine de Nay, au pied des montagnes qui lui servent de décor.
L’Etat, premier client de Turbomeca
Le principal client de ce poids lourd de l’économie régionale n’est autre que l’Etat français. Plus de 1 400 moteurs Turbomeca destinés à équiper près de 550 hélicoptères sont en effet en service dans l’Aviation légère de l’armée de terre (ALAT), mais aussi dans l’Armée de l’air, la Marine, la Sécurité civile, la Gendarmerie, les Douanes et la Direction générale de l’armement Essais en vol. Qu’il s’agisse d’hélicoptères Alouette, Tigre, Puma, Cougar, Caracal et l’on en passe.
C’est dire si la visite du ministre, organisée vendredi matin sur le site Aeropolis où sont également regroupés un centre de formation et divers services mutualisés relevait d’une démarche naturelle.
Accueilli par Philippe Petitcolin, le directeur général de Safran, et Bruno Even, le nouveau président de Turbomeca, Jean-Yves Le Drian a découvert plusieurs lignes de montage faisant appel à des technologies haut de gamme. C’est par exemple le cas du procédé de fusion laser sur lit de poudre métallique qui permet aujourd’hui à Turbomeca de produire des pièces en série pour les moteurs Arrano et Ardiden.
« La dimension hélicoptère est encore plus forte aujourd’hui »
Après la visite de Turbomeca, un déjeuner sur lequel une évidente discrétion régnait était prévu à Pau, ville dont le maire est François Bayrou. Puis le ministre devait en principe rejoindre le 5e régiment d’hélicoptères de combat. Une unité basée en Béarn et engagée régulièrement sur de nombreux théâtres d’opérations extérieurs, tel le Mali.
Vers 11h30, un appel téléphonique reçu par Jean-Yves Le Drian a bouleversé ce programme. La nouvelle de l’attentat commis à Saint-Quentin-Fallavier venait de tomber. Avant de repartir en urgence à Paris pour participer à un conseil de défense organisé par le président de la République, le ministre a donc modifié son discours pour exprimer son émotion et insister sur trois points.
« Le lien existant entre la sécurité intérieure et la sécurité extérieure n’a jamais été aussi étroit. Nous sommes dans une nouvelle donne où le combat mené contre le terrorisme se livre à la fois au Mali, au Levant et sur le territoire national ». C’est, explique-t-il, la raison pour laquelle le premier ministre a décidé d’actualiser la loi de programmation militaire.
Jean-Yves Le Drian a également promis qu’il reviendra en Béarn, pour visiter le 5e RHC (ndlr : sa venue est prévue le lundi 29 juin). Car, « dans la perception que l’on a des menaces nouvelles, et par l’expérience des combats menés au Mali, il est important de développer nos capacités d’aéro-combat. La dimension hélicoptère est encore plus forte aujourd’hui qu’hier ». D’où la nécessité d’organiser rapidement la Brigade d’Aero Combat (BAC) au centre de laquelle le 5e RHC trouvera sa place.
Un dispositif dans lequel, a ajouté le membre du gouvernement, « il est évident que Turbomeca joue un rôle majeur ». Ce qui l’a conduit à saluer la qualité du travail réalisé dans l’entreprise. « Dans la région de Pau, on trouve à la fois la production et l’opérationnel. Vous jouez un rôle important dans ces moments de risque et de menace. Je vous demande, comme à tous les citoyens français, de garder la détermination et la sérénité ».