Quelques rappels d’abord. Sans tenir compte des CUMA, qui permettent d’utiliser du matériel en commun, l’Aquitaine dénombre 220 entreprises coopératives réunissant plus de 45 000 agriculteurs et 17 000 salariés. Excusez du peu.
Le maïs, les céréales, la vigne, le foie gras…Un paysage dans lequel Euralis pèse lourd. Car, à ses 7 000 adhérents directs, viennent s’ajouter 5000 agriculteurs girondins – viticulteurs, céréaliers et éleveurs – ainsi que quelques centaines de producteurs de l’Ouest de la France, avec lesquels elle est aussi amenée à travailler. Autant de professionnels que la coopérative accompagne dans un seul but : « renforcer et développer leur exploitation ». Ce qui passe par du conseil, du matériel, une mise des produits sur le marché.
Pour une grande partie, leur activité concerne le maïs (un tiers de la production), mais également de nombreuses céréales : sorgho, tournesol, colza, orge, avoine, seigle. Quant aux vignerons, le soutien dont ils bénéficient leur a permis de décrocher 155 médailles, dont 78 en or, lors du dernier salon de l’agriculture, rappelle Christian Pèes.
Le tonus des circuits courtsDes débouchés destinés à valoriser les productions viennent s’ajouter à ces métiers. Qu’il s’agisse des semences ou des légumes (maïs doux, haricots verts, petits pois), des bovins bénéficiant du label bœuf blond d’Aquitaine, mais aussi des volailles et des canards IGP Sud-Ouest permettant de commercialiser du foie gras sous les marques Rougié et Montfort.
Enfin, depuis quelques années, 500 agriculteurs ont conclu un partenariat avec la coopérative pour vendre leurs produits en circuit court dans les magasins Point Vert, sous l’appellation « Table des producteurs ». Le succès est au rendez-vous. « La croissance est à deux chiffres ».
« Une coopérative n’est pas apatride »Implantée sur un territoire allant de Bordeaux à Toulouse, la coopérative dont le siège se trouve en Béarn, à Lescar, emploie 5 200 personnes dans le monde. Près de 80% d’entre elles vivent en France et plus de la moitié résident en Aquitaine et Midi-Pyrénées. De plus, Euralis embauche ! Outre les 1500 saisonniers auxquels elle a recours chaque année, 260 personnes ont été recrutées en CDI l’an passé.
Un constat qui amène Christian Pèes à rappeler avec force que la délocalisation n’est pas, et ne peut pas être, à l’ordre du jour. Si elle est présente dans des pays comme la Chine, le Canada ou l’Ukraine pour le foie gras et les semences, l’entreprise indique en effet développer des activités à l’étranger pour « suivre le marché ».
Euralis est en Chine car elle y a « des clients à fournir » et que ce pays n’autorise pas l’importation de foie gras cru pour des raisons sanitaires, explique son président. « Mais notre cahier des charges prévoit bien le maintien des emplois locaux en France. L’un des principes d’une coopérative est d’être attaché à un territoire. Elle n’est pas apatride. Même si elle se développe à l’international. C’est ce qui fait notre différence. Nous allons à l’international sur des chantiers qui confortent notre production locale».
Quoi, les impôts ?Une autre différence est soulignée par celui qui est aussi le président du Comité général de la coopération agricole de l’Union européenne (COGECA). « Le modèle coopératif est attaqué sur certaines des exemptions fiscales dont il bénéficie, par exemple une demi taxe foncière. Mais il faut savoir que l’on ne peut pas refuser un adhérent ou un client. Nous devons collecter les grains partout. Quel que soit l’intérêt. Alors que les négociants se concentrent sur les secteurs géographiques les plus centrés. L’exemption compense cette occupation du territoire ».
« Cela étant quand on fait la somme de tout ce que les groupes coopératifs paient, avec l’ensemble de leurs filiales soumises à un régime fiscal, cela représente plus d’impôts que ce que versent les grands de l’agroalimentaire. Enfin, parce que nous sommes des coopératives, nous n’allons pas chercher une optimisation fiscale en allant dans des pays dont la règlementation est plus favorable »
« Des administrateurs qui sont des agriculteurs »Une dernière spécificité tient à la gouvernance. « L’entreprise est gérée par des administrateurs qui sont des agriculteurs de la région. » A Euralis, on en dénombre 24, chargés de veiller aux grands équilibres financiers et aux choix faits par le groupe. Répartis dans les grands pôles d’activité (agricole, semences, agroalimentaire, participation et développement), ces derniers interviennent au sein de comités ayant chacun leur spécialité : les études stratégiques, l’éthique, les rémunérations et l’on en passe. Une organisation que viennent renforcer des vice-présidents territoriaux et un raisonnement en bassins de vie.
L’idée, c’est de se partager le travail et de coller au terrain, résume Christian Pèes. « Nous avons également l’intention de mettre partout quelques yeux extérieurs, de l’ingénieur agronome au banquier. Cela, afin d’ éclairer nos réflexions. C’est un stade que l’on se propose de franchir dans les mois qui viennent ».