Emploi : quels défis pour les nouveaux arrivants ?


RB

Emploi : quels défis pour les nouveaux arrivants ?

Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 11/11/2015 PAR Romain Béteille

C’est une certitude : Bordeaux à la côte. Sacrée en septembre dernier « destination préférée des cadres parisiens » devant Nantes et Lyon par une étude du site cadremploi, son attractivité nouvelle profite au tourisme (les professionnels ont d’ailleurs assuré avoir eu une très bonne saison 2015). Mais qu’en est-il de l’emploi sur le bassin de Bordeaux ? Évolue-t-il de la même manière ? En 2013, le bassin d’emploi de Bordeaux (Métropole comprise) comptait 302 224 salariés (+3,2 % en un an), soit 40 % de l’emploi régional selon une étude Pôle Emploi datant de février dernier. 70 % des embauches de la Métropole concernent le secteur tertiaire et 43 % des offres sont proposées en CDI, soit 10 points de plus qu’au niveau de la région Aquitaine. Revers de cette attractivité nouvelle : le nombre de demandeurs d’emploi est désormais supérieur à la moyenne régionale (9,6 % de chômage fin 2011). Mais alors que les indicateurs pointaient sur une hausse du chômage de +5,8 % en août, les courbes se sont inversées en septembre avec une baisse record de -2,1 % en Aquitaine, trois fois supérieure à la moyenne nationale. Tandis que le chômage est l’une des principales batailles politiques des régionales de décembre, les derniers chiffres publiés par l’INSEE sur le département de la Gironde prouvent que le chômage a augmenté de près de 3 % depuis 2008 (passant de 7,1 à 10 %), surtout chez les hommes et chez les jeunes.

Un profil type du nouveau ? 

Le bassin d’emploi de Bordeaux ne fait pas exception, s’il est une des zones d’emplois les plus compétitives de France, il a aussi certaines carences, notamment dans son faible nombre de sièges sociaux. Et si tous les indicateurs sont au vert concernant l’attractivité du bassin, qu’en est-il de ceux qui viennent se confronter directement au marché du travail ? Célia Rodriguez-Minau, directrice de l’agence Pôle Emploi de Bordeaux Nord, l’affirme : « il n’y a pas vraiment de “profil type” des nouveaux arrivants, on revient toujours aux problématiques des demandeurs d’emploi et aux conjoints. Pour ceux qui viennent de l’île de France, leur principale préoccupation sera de vouloir retrouver des conditions similaires d’exercice (salariales et autres) : cela risque d’être compliqué. Il faut d’abord entamer un travail sur la connaissance du marché, j’espère que les gens qui descendent vers la Métropole ont pris soin de faire cette étude, car c’est souvent la désillusion en arrivant… Il y a assez peu de nouveaux arrivants qui sont vraiment dans une urgence matérielle ».

Une arrivée en douceur ?

De nombreuses associations existent sur Bordeaux pour ces nouveaux arrivants. Parmi elles, les Parisiens de Bordeaux, fondée en mars 2013 et qui compte aujourd’hui environ 200 adhérents. Entre rendez-vous officiels en petits groupes et réunions générales, chacun partage son expérience. Arnaud Pecriaux est âgé de 26 ans, il a vécu quatre ans à Paris et exercé son premier métier dans la restauration. « Je trimais pour pouvoir manger, je me suis aperçu que je devais changer très vite d’endroit. Je cherchais une ville dans le Sud, pour les possibilités de carrière et la qualité de vie. J’avais déjà travaillé dans un bar à vins, et Bordeaux était une destination toute trouvée ». Pour autant, Arnaud l’avoue, « les débuts étaient moins faciles qu’à Paris. Il a fallu batailler un peu plus ». Aujourd’hui toujours en formation, il espère obtenir un contrat prochainement. Erwan, 35 ans, fait toujours la navette entre Paris et Bordeaux. Cet artisan d’art, qui a fondé sa SARL en 2004, est spécialisé en aménagement d’intérieur. « Je suis arrivé sur Bordeaux en 2009. La transition a été compliquée, on est repartis de zéro en faisant des petits chantiers. Je connais pas mal de gens qui ont aussi décidé de partir et qui ont été obligés de remonter parce qu’ils n’ont pas trouvé de travail ». 

« Certes, la Métropole est un secteur attractif, mais les jeunes entre 20 et 35 ans partent bien souvent pour faire carrière ailleurs parce que les propositions d’emplois qu’il y a sur le territoire sont soit trop restreintes en nombre, soit “pas suffisamment attractives”. Ils partent parce qu’ils ont besoin de construire leur expérience, cela ne veut pas dire qu’ils ne vont pas revenir », commente Célia Rodriguez. « Quand les personnes changent de région, elles rencontrent différentes problématiques. C’est peut-être plus difficile de retisser du lien (social et professionnel), il faut un certain temps d’adaptation. Ca marche beaucoup par réseaux. Il faut pouvoir imaginer les cibles que l’on va pouvoir rencontrer, mais on a pas forcément toujours un kit en main pour les trouver. On ne peut pas dire que les personnes soient mal accompagnées dans le secteur de Bordeaux lorsqu’elles souhaitent créer leur activité : il y a beaucoup de choses qui sont faites au niveau de l’accompagnement des créateurs d’entreprises (Pôle Emploi, Maison de l’Emploi, CCI, ect). Il y aurait peut-être une piste à explorer sur l’aide à la pérennisation de cette nouvelle activité. Quelques actions locales sont conduites, mais je ne sais pas si c’est vraiment suffisant ». Pour beaucoup de membres de cette petite association, la « mise en route » et l’adaptation bordelaise se sont avérées compliquées.

Des initiatives pour faciliter l’accès à l’emploi

Au niveau de l’intégration, des associations subventionnées comme « Bordeaux accueille » sont parmi les plus visibles. On ne compte plus les forums pour l’emploi organisés un peu partout sur la Métropole qui permettent, à l’occasion d’une journée dédiée, de pouvoir chercher plus en détail un job qui correspond aux anciennes carrières. Au niveau des organismes publics, quelques tentatives ont tout de même émergé ces dernières années, comme celle proposée en 2009 par la Maison de l’Emploi de Bordeaux. Elle avait développé un programme, à raison de deux à trois fois par an, qui permettait d’accompagner des petits groupes d’une dizaine de personnes venant (le plus souvent) de la région parisienne et qualifiée, à retrouver un emploi sur le bassin bordelais. Pour cela, la MDE regardait si « le projet professionnel de la personne était compatible avec le tissu économique et social » de Bordeaux et de ses environs. Avec cette « hype » nouvelle, Bordeaux et sa Métropole sont devenus un vrai fantasme. Et ce n’est pas ses 15 % de cadres et ses 20 % d’entreprises qui envisageaient de recruter en 2014 qui risquent de dire le contraire. Mais la médaille a aussi des revers : en 2014, et pour la première fois depuis 30 ans, la Métropole enregistrait autant de départs que de nouveaux arrivants, en raison d’un marché immobilier déjà tendu (1852 euros le mètre carré en 2002 à 3819 euros en 2013). Mais la métropole ne revoit pas pour autant ses ambitions à la baisse : avec son objectif d’atteindre le million d’habitants d’ici 2030, elle risque de devoir générer encore beaucoup d’emplois… 

Partagez l'article !
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Laissez vos commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

On en parle !
À lire ! MÉTROPOLE > Nos derniers articles