Comme chaque année, l’enquête régionale de l’APEC est l’occasion de faire le bilan des recrutements des cadres en 2019 en Nouvelle-Aquitaine et de dresser des perspectives pour 2020. Le premier enseignement de cette enquête cette année, c’est un nombre de recrutements qui, bien qu’élevé, a été revu à la baisse en 2019 par rapport aux prévisions faites l’an dernier à la même période : 13 180 (contre une prévision de 13 830 à 14 990 recrutements en région affichées dans les prévisions de l’an dernier, l’occasion de déterminer une « dynamique favorable » pour la déléguée régionale Danielle Sancier.
Hausse « stable »
Et pour cause, même si la hausse du nombre de recrutements prévisionnels est mesurée, elle reste tout de même à son plus haut : on dénombrait ainsi 9940 recrutements externes de cadres en Nouvelle-Aquitaine en 2016. La dynamique régionale, toutefois, est jugée « moins intense » que la nationale : si la région représente 5% des recrutements nationaux, la hausse sur la France Métropolitaine est chiffrée à 6% lorsque le même indicateur au niveau régional est « stable par rapport à 2018« . De manière plus précise, malgré 12 290 « sorties » dues aux démissions, licenciements et départs en retraites (qui montrent un recul de -4%), on peut noter la création effective de 5360 nouveaux postes de cadres en 2019, un chiffre en augmentation de +22%, et de 4470 promotions internes. « Les recrutements externes sont en hausse, les promotions internes stables, mais la baisse des sorties permet d’affirmer que lorsque les entreprises recrutent, elles le font moins pour remplacer des emplois perdus », précise la responsable. Résultat : un volume de cadre en hausse de 2,3% en un an en Nouvelle-Aquitaine, plus élevée qu’en France (+2,1%).
En termes de typologie d’effectifs, on retrouve toujours quasiment deux fois plus d’hommes que de femmes (66% et 34% contre 64% et 36% en France), majoritairement âgées de 30 à 49 ans, l’effectif des moins de 30 ans (9%) restant inférieur à celui des 50 ans et plus (34%). Pour quelle différence de rémunération ? Ça, les chiffres de l’Apec ne le disent pas mais « on reste dans la même tendance qu’au niveau national », précise Danielle Sancier. Une enquête du Céreq publiée en janvier dernier montrait les différences entre le taux de diplômes et le nombre de femmes présentes en poste de manager. Côté salaire, le rapport soulignait qu’à « conditions d’emploi identiques, les femmes cadres hiérarchiques touchent en moyenne 9% de moins que leurs homologues masculins », sans compter les primes qui font gonfler l’écart du salaire médian. Une différenciation qui est loin de ne toucher que cette catégorie professionnelle : en mars 2019, l’Observatoire des inégalités chiffrait un écart de salaire de 452 euros entre un homme et une femme en 2015, toutes catégories confondues…
Spécificités territoriales
Pour en revenir à l’étude de l’Apec, cette dernière montre s’intéresse aussi aux effectifs par secteur d’activité. On peut ainsi y noter, sans surprise, une forte représentation des cadres dans le secteur des services (58% contre 64% au niveau national) mais aussi de l’industrie (en moyenne, une hausse de 1% par an), plus présente en région (20% contre 18%), de la construction ou encore du commerce. Un bémol toutefois : l’étude regroupe dans ce dernier secteur à la fois le commerce digital et la distribution spécialisée, « qui bénéficie d’un contexte moins favorable ». Au début du mois, les ventes en ligne ont pour la première fois dépassé les 100 milliards d’euros en France selon Médiamétrie, soit une progression de 11,6% en un an et une multiplication par quatre en dix ans; ce qui, sans être une confirmation catégorique, donne tout de même un indice sur les tendances. En termes de typologie d’entreprises, le constat, expliqué par le tissu local, reste peu ou prou le même que l’an dernier, avec un effectif cadre réparti en majorité au sein d’entreprises entre 1 et 250 salariés (78%).
Pour ce qui est des prévisions, si elles étaient de +10% en 2018 sur l’année 2019, elles ont tout de même été revues à la baisse (+6%) en 2020 avec 13 970 recrutements en envisagés sur l’année, un chiffre qui montre toutefois plus une tendance à la stabilisation qu’à la baisse. À noter que si la dynamique est majoritairement portée par la région Aquitaine (60%), le nombre de recrutements prévus reste en hausse en Poitou-Charentes (32%) et Limousin (8%), alors que la première ex-région « a des perspectives un peu moins élevées ». En Aquitaine, toutefois, trois zones restent particulièrement attractives, et elles sont toutes proches du littoral : La Rochelle, Bordeaux et tout le secteur de Bayonne et du Pays Basque. Les prévisions par département sont notamment « entraînées par le secteur des banques et des assurances, un secteur qui continue à recruter et dont les emplois sont en pleine transformation ». Ainsi, on peut donner plusieurs départements qui se distinguent dans leur prévisions d’augmentation : les Deux Sèvres (18% prévoient d’augmenter leur effectif en 2020 contre 4% prévoyant une diminution), le Lot-et-Garonne (16% pour aucune diminution), les Pyrénées Atlantiques (15% et 6%) ou encore la Gironde (14%/4%) et la Vienne (13%/2%). Côté répartition, on peut voir une différenciation nette entre la Nouvelle-Aquitaine et le national : 58% des perspectives sont établies dans les services (contre 74% en France), 22% dans l’industrie (contre 14%), 12% dans le commerce (contre 8%) et 8% dans la construction (contre 5%). Autrement dit, « le poids relatif des différents secteurs est plus équilibré en région, ce qui explique que la Nouvelle-Aquitaine a mieux résisté à la crise ».
Promotion internet et profils
Les cadres commerciaux sont toujours les plus demandés en régions (18%), suivis de responsables d’études et de recherche et développement (17%). Seule différenciation très nette : le secteur informatique qui pèsent pour 11% des prévisions de recrutements contre 23% au niveau national. « Beaucoup de postes ne sont pas forcément repérés comme étant des postes informatiques, notamment dans la recherche et développement. On recrute au départ plutôt des BAC +2 ou +3 plutôt que des cadres, plus difficiles à trouver, ce qui explique aussi un fort taux de promotions internes dans ce secteur », soulignent les responsables de l’Apec, qui notent aussi une hausse importante des promotions en interne de manière générale (+10%), en grande partie responsable de la hausse de la création nette d’emplois. Enfin, l’étude révèle que les entreprises recherchent avant tout des cadres de moins de quinze ans d’expérience (44% à moins de cinq ans, 45% entre six et quinze ans), les cadres « seniors » représentant seulement 11% de l’effectif recherché. « La question de la place des cadres plus expérimentés reste largement posée. Les enjeux sont importants pour faire en sorte que l’emploi des seniors soit boosté et promu. Un récent rapport gouvernemental propose une quarantaine de pistes dans ce sens, parmi lesquels plusieurs dispositifs « pro seniors » dans les entreprises. La tendance, bien que stable, ne prévoit pas de s’inverser dans les années à venir : les entreprises du secteur privé au niveau national prévoient d’atteindre environ 300 000 recrutements à horizon 2021-2022.