Dans un monde soumis aux évolutions technologiques, économiques, sociétales et climatiques, « mieux vaut réformer, même si c’est impopulaire, plutôt que subir une évolution darwinienne tout azimut » synthétise Gilles Savary sur le pourquoi du comment de l’existence de groupe. « Il faut que nous pensions le monde tel qu’il est aujourd’hui. Nous avons besoin de réfléchir à comment être progressiste dans la société d’aujourd’hui, et non pas d’hier ou d’avant-hier, car, ce n’est que par le changement, par la réforme, que la France continuera à progresser économiquement et socialement, tout en défendant ses valeurs », poursuit Gérard Collomb.
La réforme a donc bien été au cœur du rendez-vous, y compris celles déjà engagées au cours de la mandature. Ont donc été passés sur le grill des réformateurs la loi NOTR, le « choc de simplification », la transition démographique ou encore l’épargne citoyenne… Pour ces parlementaires socialistes, ces réformes, si elles apportent un certain nombre « d’améliorations » voire pour certaines « de grandes avancées », dans l’ensemble, elles « ne sont pas tout à fait à la hauteur des ambitions », gardent « des imperfections » ou appellent encore « des efforts à faire ou des étapes supplémentaires à franchir »…. Globalement donc pour les réformateurs, c’est assez bien, mais peut mieux faire.
« La dépense publique n’est pas une valeur de gauche »Pourtant l’enthousiasme était à son comble au sein des participants à l’issue de la prise de parole d’Emmanuel Macron, répétant à l’envie que « le réformisme est au cœur du progressisme ». C’est un véritable engouement que celui-ci, et sa vision de la gauche, a su susciter dans la salle. Une gauche qui pour lui, « ne doit pas céder à la double fatalité du conservatisme ou de l’hyper-libéral », pas plus qu’à « l’idéalisme de la parole ». « Nous devons être des idéalistes prosaïques, des gens responsables qui veulent réussir dans le monde tel qu’il est », à savoir « un monde globalisé, innovant, soumis à des accélérations et disruptions fortes et aussi un monde de plus en plus inégalitaire ».
Et pour ce faire, le Ministre de l’Economie n’y va pas par quatre chemins: « on a longtemps considéré que notre rôle était de corriger les inégalités. Or, de cette manière, en corrigeant a posteriori, on crée de la dépense publique, et on n’agit pas sur la cause. Si on pense que la dépense publique est une valeur de gauche, alors Nicolas Sarkozy, à qui on doit une lourde aggravation de la dette de la France, peut être nommé premier secrétaire du PS! » lance-t-il. « Faire la réforme en amont est une réponse de gauche : on ré-ouvre des modes de fonctionnement de certains marchés pour redonner des chances aux « outsiders » du système ; un des axes de réforme doit être la poursuite de l’égalité réélle» insiste-t-il. Une recherche de « l’égalité concrète », qu’il évoque en faisant écho à sa propre loi passée au Parlement par le biais de la procédure dite du 49-3. Et le Ministre de citer les professions réglementées, l’ouverture du marché du transport autocar ou même encore le marché du travail, dont « il faut simplifier l’accès ». « Le marché du travail est une des inégalités réelles. Nous surprotégeons les « insiders », ceux qui sont dans l’emploi, et principalement les CDI dans les grands groupes et les fonctionnaires, au détriment des « outsiders », c’est-à-dire souvent les plus jeunes ».
« Il faut sortir du tabou sur l’emploi »Sur le logement, il s’interroge, cette fois avec plus de précaution, sur la corrélation entre la protection forte du locataire par la loi et le difficile accès au logement. S’il précise qu’il n’a pas la réponse à sa question, il constate que « dans les pays où la loi protège moins les locataires, l’accès au logement est facilité… ».
Pour en revenir à la question du marché du travail, et à l’emploi, le sujet aura beaucoup occupé la journée, puisque dans l’après-midi, Gilles Savary a détaillé les propositions faites par le Pôle des réformateurs à ce propos. « S’il n’y a pas de réforme, il y aura du darwinisme social, qui a déjà créé des flexibilités sauvages, ravageuses. Le CDI devient peau de chagrin et la dérégulation du contrat de travail se fait de toute manière, par la précarisation : on a recours aux autoentrepreneurs, aux travailleurs saisonniers, à l’intermittence, aux travailleurs détachés, à l’enchaînement des stages.. Il faut oser sortir du tabou sur l’emploi si on veut le régler! » Pour ce faire, il a présenté une série de propositions tendant à la simplification du droit du travail, à la concertation régionale sur la politique de l’emploi via des expérimentations dans certaines région, à un plan de requalification des chômeurs longue durée, ou encore à la poursuite de la réforme des travailleurs détachés…