L’ «Echappée Belle »… Avouez-le, même si 2016 marque (déjà) la 24ème édition du Festival porté par Le Carré-Les Colonnes, scène conventionnée Saint-Médard en Jalles et Blanquefort, son nom prête toujours à la rêverie et à l’enchantement. A quelque chose en tout cas d’inattendu et de merveilleux. Reconnaissons lui aussi, que malgré son presque quart de siècle, chaque année l’envoûtement est réussi, haut la main. Et cette année ne devrait pas faire exception : une trentaine de spectacles seront proposés dans les cadres de verdures des Parcs Majolan et Fontgravey.
Une échappée telle une parenthèse un peu magique, mais qui repose bel et bien sur un « minimum » de rationalité: le festival, ses 24 ans et ses 30 spectacles, ce sont 23 compagnies, 122 représentations, 80 artistes mais aussi 250 bénévoles, 14 associations regroupées dans le village des associations, ou encore près de 2600 enfants accueillis sur les 2 jours qui leur sont dédiés. Bref, même si on pourrait le croire, le hasard et la magie n’y sont pour rien. C’est bien le talent des artistes et les choix judicieux de Sylvie Violan, Directrice du Festival et de sa coordinatrice Valérie Borowyez qui amèneront une fois encore effervescence, découverte et émotions à ce début de mois de juin. Au programme, du cirque très aérien, du théâtre souvent participatif, de la danse, des cascades, de l’humour et comme il en faut bien un peu quand même une pointe de magie. Le tout bien sûr en plein air.
Première échappée dans l’échappée belle
Premier grand temps fort du Festival, son inauguration le mercredi 1er juin, dans le parc Majolan. Une première soirée gratuite où chacun est invité à amener son pic-nic. Cette année une seule compagnie au commande de la soirée : les bordelais de la Cie 16 ans d’écart. Une seule compagnie, mais 10 comédiens avec le spectacle, plus que participatif, « Le Bal de…». Un curieux bal d’ailleurs avec des personnages hauts en couleurs, « un bal qui est plus qu’un bal », un bal qui paraît il « appartient à ceux qui le font vivre ». Une première échappée dans l’échappée belle en quelque sorte.
Deuxième temps fort de la manifestation, les Journées Jeune public, les 2 et 3 juin, l’occasion pour les enfants des écoles de Gironde, d’un parcours artistique et culturel de spectacles en « escapades », permettant des moments d’échange et de rencontres avec les artistes. Au programme 10 spectacles dédiés aux plus jeunes par des compagnies, souvent croisées lors des éditions précédentes telles que Florschutz et Döhnert ou La petite Fabrique avec lesquels Le Carré travaille régulièrement. A l’inverse il y aura aussi des compagnies que l’on retrouvera au programme de la prochaine saison du Carré, comme Paul les Oiseaux ou encore Ouïe/Dire et son spectacle Poids plume, dont le dispositif particulier à la fois espace sonore et visuel, fascine autant les enfants (dès 6 mois paraît-il!) que leurs parents.
Le mât, objet totem du Festival…?
Enfin côté grand public, c’est le week-end, les samedi 4 et dimanche 5 juin, que tout se révèle, et que l’Echappée plus belle que jamais, se déploie dans toutes ses dimension, avec 21 spectacles programmés dont 3 créations. Parmi elles, les suisses des Batteurs de Pavés, proposent une version revisitée, avec l’aide du public, de Germinal. Rien que ça… Tandis que du côté de la Cie Née d’un doute, 3 acrobates aériennes évoluent, entre portés et suspensions sur un filet semblable à celui que l’on peut trouver dans les aires de jeux pour enfant. Un pêle-mêle de corps et de cordes, qui rappellent malicieusement l’ambiance des premiers risques et défis de l’enfance.
Une acrobatie aérienne qui aura résolument une belle place dans cette échappée. Une manière peut être de suspendre le temps au fil des mouvement lents, fluides et apparemment « faciles » de la performance de Chloé Moglia, suspendue elle aussi, mais en haut d’un mât, à 5 mètres au dessus des spectateurs, assurément fascinés par ces défis lancés à l’apesenteur.
Un mât, qui pourrait presque être l’objet totem du festival, puisque 3 autres artistes ou compagnies ont décidé de l’apprivoiser… mais chacun à sa manière. Pour les uns, il devient prétexte à un duel ludique et acrobatique (spectacle « Entre nous » de la compagnie Carré curieux, Cirque vivant !), pour les autres, le mât impressionne en devenant culbuto à l’instabilité chronique (par la Cie Mauvais coton) ou encore pour Joan Catala, le mât, cette fois tronc d’arbre, invite les spectateurs à entrer et participer à un rituel éphémère inspiré des fêtes catalanes…
Mais après avoir touché les sommets, il y aura aussi les artistes qui, peut-on croire, sont sans doute tombés de trop haut lorsqu’ils étaient petits… Résultat : le festival donne à voir, comme il aime aussi le faire, toute une série de spectacles autoproclamés « complètement barrés ».
Parmi eux on retrouvera, Typhus Bronx, le clown naïf un peu cruel mais toujours trach (et drôle…) enfermé dans son « Délirium du papillon », où le burlesque frôle la folie. Autres têtes brûlés du Festival, Didier Super, et son acolyte, prêts à en découdre avec le bitume, en BMX. Et les cascades tragi-comiques, ne sont pas à exclure… Après tout, « risquer c’est leur métier, et leur métier, c’est leur boulot !». Ne vous moquez pas…enfin si un peu quand même.
Signalétique et scénographie lycéenne
Côté danse, la compagnie Soul city de l’Île de la Réunion, viendra présenter son hip hop teintée de la tradition culturelle insulaire, entre danse de guerriers et quête de sacré. Côté gestes, par exemple, les compagnons de Pierre Ménards, s’inspireront des aventures de Maître Renart de Samivel, pour en faire une forme originale entre mime, langue des signes, conte et bruitage au violoncelle.
Enfin dans l’entourage de tous ces spectacles et bien d’autres, le village des associations sera toujours fidèle au rendez-vous, pour assurer la restauration du week-end, la ressourcerie textile Sew&Laine, proposera de participer à des ateliers pour repartir avec son souvenir DIY (Do It Yourself) du festival (customisation, création de goodies,…).
Dans tout ce bouillonnement culturel, vous n’aurez cette année et pour la première fois pas l’occasion de vous perdre car, une scénographie va commencer à se mettre en place grâce à un tout nouveau partenariat avec le lycée des métiers de Blanquefort, dont une classe de CAP menuiserie va travailler à la fabrication de signalétique ou encore d’un lettrage grand format, ECHAPPEE BELLE, en bois. Inratable, vous n’y échapperez pas.
Plus d’infos : http://www.lecarre-lescolonnes.fr/festival/echappee-belle/
A noter : parmi les innovations 2016 : la création d‘une billeterie en ligne, en plus de la billeterie sur place ou au guichet des deux structures.