En 2014, Aqui était allé à la rencontre d’Élisabeth Marty, quelques jours après son élection en tant que maire de Saint Astier, commune de plus de 5700 habitants. Une élection dès le premier tour pour celle qui siégeait dans l’opposition municipale. Elle venait de battre à la loyale le socialiste Jacques Monmarson, mettant ainsi fin à 37 ans de socialisme. L’année suivant, elle fut élue au Département où elle siège dans l’opposition.
Cinq ans et demi après, Madame le maire, âgée de 54 ans, est candidate à un second mandat. En campagne, elle nous reçoit à sa permanence. Elle aura face à elle une seconde liste regroupant plusieurs des ses opposants. «Je l’avais dit dès le départ, que je souhaitais m’engager pour deux mandats. Notre bilan, il est réussi à 95 % , puisque tout ce que nous avions promis en 2014 est réalisé à 95 %, notamment sur notre politique culturelle diversifiée touchant toutes les générations avec par exemple une école municipale de danse, la lutte contre la désertification médicale. Nous avons notamment installé un laboratoire d’analyses. La future maison de santé qui sera installée en plein cœur de ville est en cours de travaux. » La première décision politique de la nouvelle majorité municipale a été de diminuer les indemnités du maire, des adjoints de l’ordre du 20 %. « Cela nous a permis de générer une économie de 231 000 euros sur six ans. Et on a diminué la dette de 4 millions d’euros, dans le même temps,’ » précise Élisabeth Marty. Pour son second mandat, la maire souhaite poursuivre une amélioration de l’accès aux soins pour les Astériens avec l’acquisition de la valise secours d’urgence, elle promet une baisse des impôts communaux. Un gros projet sur l’environnement est à l’étude afin que la commune soit autonome en eau, pour l’arrosage des espaces verts communaux et des jardins des particuliers.
Arrêt de son activité professionnelle
Lorqu’elle est devenue maire, Élisabeth Marty exerçait une activité professionnelle dans une agence immobilière avec son mari : « pendant la campagne, je me suis dit je vais garder un temps partiel. Et puis en trois jours, j’ai pris la décision de tout arrêter C’était la seule option si je voulais travailler correctement pour ma commune. Un maire d’une petite commune doit être présent à 300 % En tant qu’élue, on participe à la vie des associations, on aide les bénévoles, on vient en soutien lorsque des drames surviennent. Je n’ai jamais eu aucun regret d’avoir quitté ma vie professionnelle. » Mme le maire le reconnaît, les vives tensions du début de mandat ne sont jamais réellement estompées : Élisabeth Marty dit avoir beaucoup appris à y faire face, mais elle a un énorme regret. « Les divergences d’opinion, c’est logique dans une démocratie. Certaines attaques ont été violentes à mon égard. Mais elles ont touché ma famille et notamment ma fille, qui lors de mon élection était adolescente. Elle en a réellement bavé. Je n’imaginais pas qu’il y aurait tant de bassesses. Sincèrement je pense qu’on n’aurait pas atteint un tel niveau si j’avais été un homme. C’est évident, surtout que mon élection a été un séisme en Dordogne. » Depuis mai 2014, elle a déposé trois fois plaintes pour insultes et diffamation, notamment via les réseaux sociaux. Les enquêtes sont toujours en cours. Et dès le début de la mandature, elle a souscrit une protection juridique pour l’ensemble des 29 conseillers municipaux. Selon elle, une nécessité aujourd’hui. Très attachée à sa commune, elle considère que « ce premier mandat fut une vraie école, car ces six dernières années, les réformes ont été nombreuses avec les gouvernements successifs. Pendant ces cinq ans, il y a eu une vraie déferlante de changements de réglementations. Parfois, le maire a le sentiment de ne plus servir à grand chose. Exemple, je n’ai plus la compétence scolaire passée à la communauté de communes ».
Avec le recul de ces cinq années, Élisabeth Marty n’a aucun regret : « Tout ce que j’ai fait, je l’ai fait à la force du poignet. J’ai toujours été capable de me moquer du qu’en dira t-on. C’est une de mes forces. » Elle préfère conserver à l’esprit les petits bonheurs de la fonction. Elle estime aussi que son élection a eu un point positif : celui d’avoir ouvert des portes sur l’engagement de nombreuses femmes. « Aujourd’hui, je remarque, qu’il y a beaucoup de candidates qui sont portées par des maires sortants, rares sont celles qui se lancent d’elles mêmes. On observe une évolution avec la parité, les femmes quand elles acceptent d’être sur une liste, elles disent oui de suite. Elles sont devenues moins peureuses. La féminité de la fonction peut être une force. Il faut savoir la garder. »