Samedi, 10 heures. Le bas-Cenon se réveille. Élie Sloïm, sa femme et ses deux enfants ne font pas exception : le petit déjeuner est encore sur le comptoir de la cuisine. Sa femme nous dit qu’elle pourra répondre à toutes nos questions sur son mari. « Bien joué, ça », glisse-t-il, sarcastique. Barbe fournie, chevelure plus longue et bouclée que sur sa dernière photo de profil, il nous reçoit dans son salon, où trône sur la table son ordinateur/outils de travail et un livre qu’il a coécrit à plusieurs mains en 2012 : « Qualité web : les bonnes pratiques pour améliorer vos sites ». Car Élie est un professionnel du web dans un domaine très particulier : la qualité des sites web. Depuis 15 ans, ce chimiste de formation conseille des entreprises, des institutions et d’autres acteurs, publics comme privés sur la manière de réaliser leur site internet et de le rendre le plus attractif possible. Pour l’utilisateur lambda, les méthodes dont il se sert sont invisibles, pourtant elles sont essentielles.
French Quality
Avant de trouver sa véritable voie numérique, Élie Sloïm, est passé par une spécialisation en assurance qualité. Il a travaillé dans le domaine du pétrole puis en laboratoire d’œnologie, dont il a gardé un goût pour le bon vin. En 1999, tout bascule : c’est l’arrivée du web. Des nouveaux métiers, des vocations qui s’inventent. Il se lance dans ce tourbillon de nouvelles idées en abordant la qualité des sites pour leurs utilisateurs de manière transversale. Il fonde sa propre boîte, Temesis, en 2000. Son cœur de métier : le consulting. « Notre travail, c’est d’aider les gens qui fabriquent des sites et les gens qui en achètent pour qu’ils soient les mieux réalisés possible. La spécificité, c’est d’essayer de toucher à tous les aspects de la qualité des sites internet. En créant des standards, on part du principe que l’utilisateur veut trouver des sites facilement, qu’il veut les utiliser dans de bonnes conditions, que ça marche, que les contenus et les services soient de bonne qualité ».
Élie démarre tout seule, en « autodidacte ». Derrière son ordinateur, il créée des check-lists, des documents de référence qui donnent à ses clients des critères de qualité numérique, de ceux qui « permettent de lever des problèmes et de prévenir des risques ». Par exemple, une possibilité sur chaque site de revenir à la page d’accueil, peu importe sur quelle page on se trouve. Entre audit, conseil et formation, il se spécialise et accueille aujourd’hui 8 collaborateurs, tous en télétravail, de Paris à Biarritz en passant par la Creuse. « C’est un monde passionnant qui permet de toucher à tout », affirme-t-il, lui qui avoue être très admiratif. « Oui, admiratif. J’ai besoin de me lever le matin et de travailler avec des gens compétents. Je ne sais pas bosser seul, j’ai besoin d’entraînement et d’être passionné par les gens avec qui je travaille ».
Sans modestie, il parle de son métier et de sa formation qualité comme le « pivot » de sa vie d’adulte, le point qui l’a réellement fait basculer. Ses clients font partie d’une longue liste assez prestigieuse : en 2012, il travaille pour le site de l’Élysée sur l’accessibilité de sa plateforme web aux personnes handicapées. Si vous avez déjà navigué sur les sites de la RATP, de Sanofi, de La Poste ou encore de CIC, sachez que c’est avec lui que tous ces acteurs ont travaillé pour l’accessibilité globale de leur site. En 2004, une nouvelle « start-up » (qui n’en est pas vraiment une) est née : OPQUAST pour « Open Quality Standards », est propriétaire d’un outil pour vérifier la qualité des sites. Depuis environ un an, la société fait passer un test aux professionnels du web.
Une mission importante
Le but pour Élie Sloïm n’est pas uniquement de produire des services web, il est aussi d’inculquer une façon de « faire naviguer ». « Ça ressemble un peu à de l’évangélisme, sans le côté religieux. On veut faire savoir sur ce marché qui se structure que réaliser un site, ça ne s’improvise pas. Il existe des règles, des normes, des standards. Il faut que le secteur se professionnalise. C’est ce qu’on joue. On est un peu les avocats des utilisateurs, par besoin de diffuser un message, de convaincre. D’autant que selon lui, “on rentre dans une phase de réelle transformation digitale, les gens ont besoin de comprendre le web ». Faire en sorte que chacun puisse naviguer pépère, c’est donc ça le boulot d’Élie. Éveiller quelques consciences aussi, autour d’un modèle le plus vertueux possible. Et même si toute la gloire revient à ceux qui fabriquent tous ces sites, lui semble bien croire en sa mission.