Lors de la conférence précédent le débat entre les candidats, Bio d’Aquitaine a choisi de mettre en lumière trois outils, à travers des exemples concrets, ayant permis de contribuer au développement de l’agriculture bio, sur le périmètre de la Grande Région. Au titre de ces outils : l’exemple d’une politique d’aménagement du territoire et de rétrocession de foncier en faveur de l’agriculture biologique, mis en place dans la communauté de communes d’Isle Double Landais en Dordogne, la création d’un Pôle de conversion bio en Poitou-Charentes, issu de la coordination de l’ensemble des partenaires économiques et territoriaux, et enfin la constitution de Groupements d’Intérêt Economique et Environnemental (GIEE) en Lot-et-Garonne, permettant la reconnaissance par l’Etat de l’engagement collectif d’agriculteurs dans l’amélioration de leurs pratiques. Trois leviers d’action, comme autant de murmures à l’oreille des candidats sur de possibles idées à intégrer à leur programme électoral…
Consensus généralDes programmes et propositions autour de l’agriculture biologique, qui ont justement occupé la deuxième partie de l’après-midi, les candidats prenant tour à tour la parole, avant de jouer le jeu des questions-réponses avec le public, principalement constitué de fervent défenseurs de l’agriculture biologique. Et, face à eux, c’est bien une forme de consensus général qui s’est dégagé des propositions formulées par les candidats. Chacun se montrant convaincus du rôle de la Région à soutenir le développement de cette agriculture.
Il n’était d’ailleurs plus question de « diktat du bio », dans la bouche du candidat représentant Virginie Calmels pour Les Républicains-UDI-Modem, auteure de la formule malheureuse il y a quelques semaines en Dordogne. Bien au contraire, sur une pique de Françoise Coutant, évoquant en clin d’oeil, « le diktat du conventionnel », Yves d’Amécourt répond sur le ton de l’apaisement « nous n’allons pas nous envoyer nos diktats à la figure, mais il faut travailler ensemble (conventionnel et bio, ndlr) à une gouvernance agricole au sein de la Région ». Une nécessité de ne pas scinder les pratiques agricoles, à laquelle souscrit, une fois de plus, l’ensemble des candidats présents, bien conscients que c’est dans les exploitations conventionnelles que se trouve l’essentiel du vivier des agriculteurs bio de demain.
Sur les principes, les candidats s’accordent en effet à l’incitation à l’installation ou à la conversion en bio, et à une responsabilité de la Région dans le renforcement d’une structuration plus forte de la filière, de l’amont à l’aval, principalement par le biais de la commande publique et l’approvisionnement des cantines des lycées en bio. Sur l’amont, ils proposent de manière ouverte différentes possibilités d’action, de la mise en place de plates-formes de commercialisation, au soutien au groupement d’agriculteur bio, en passant par la mobilisation des acheteurs publics sur la question du bio.
Une perception des circuits économiques de l’agriculture biologique qui diffèreSi la question de l’accès au foncier n’est pas apparue dans les interventions d’Yves D’Amecourt, contrairement aux propos tenus par ses adversaires Verts et PS, celui-ci insiste sur le rôle d’influence que pourra selon lui avoir la Région Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes, plus grande région agricole d’Europe, pour « défendre les agriculteurs au niveau européens et notamment en matière de distorsion de concurrence ». Sur l’installation celui-ci évoque sans détail, la mise en place d’ « incitations », quand Françoise Coutant place dans son projet électoral un « plan régional pour l’installation en bio, décliné en plans locaux avec un budget dédié et un objectif de 20% minimum de SAU bio en 5 ans », au regard des 3,5% actuels au niveau de la Grande région.
Le Président sortant, lui n’évoque pas de « plan », mais insiste sur « la nécessité d’accompagner financièrement les nouveaux producteurs bio, durant les trois années de conversion, durant lesquelles leur production ne peut pas encore être valorisée en Bio » et souligne, tout comme la candidate EELV, la nécessité d’une politique foncière active sur le plan agricole, avec notamment des politiques de stockage de foncier. Sur les incitations à aller dans le bio, les candidats répondant aux interpellations de la salle, s’accordent également sur le besoin d’incitation au bio d’autant plus nécessaire dans les zones de captage, permettant ainsi une meilleure préservation de la qualité de la ressource en eau. Autre point également développé par les candidats Françoise Coutant et Alain Rousset, la nécessité de travailler en partenariat avec la formation agricole afin que celle-ci intègre davantage l’agriculture bio dans ces apprentissages.
Si les points de convergences semblent au final assez nombreux, c’est peut-être davantage la perception de l’agriculture biologique, et de ses marchés, qui diffèrent, particulièrement entre ces deux candidats. Françoise Coutant associe en effet fortement « agriculture biologique et circuits courts dans une logique de relocalisation », quand Alain Rousset, propose une vision qui dépasse celle de la commercialisation par circuits courts : « il faut aussi que le bio entre dans les circuits économiques parce que c’est ce que les consommateurs demandent », considère-t-il. Une vision plus large, qui l’amène à intégrer la question de l’export des produits bio, via notamment la marque Bio Sud-Ouest et les Maisons Sud-Ouest en Chine. Une question de l’accompagnement à l’export qu’Yves d’Amecourt ne semble pas exclure, là où Françoise Coutant soulignant l’existence d’un taux d’importation de Bio de 30% au niveau français, ne semble pas considérer comme prioritaire.