C’est tout un symbole. L’UMP ne sera pas présente à Carbon-Blanc face à Philippe Madrelle. Ce sera le FN. Avec 53,19% des voix, le président du Conseil général de Gironde aurait dû être élu au premier tour. Mais, il n’a pas réuni 25% des inscrits. L’abstention était trop importante. Même cas de figure dans le canton de Cenon, où Alain David (PS), avec 4538 voix n’atteint pas les 25% d’inscrits et doit revenir au second tour, également face à un Front national, Xavier Buaillon (19,51%). Ce dimanche soir, 20 mars, au Conseil général de Gironde, c’était Jacques Colombier, le secrétaire régional du FN qui avait le sourire… Son parti peut se maintenir également dans les cantons de Floirac, de Libourne, de Pauillac (27,08% pour Jacques Colombier) . Sur le canton de Bordeaux II, sa femme, Valérie Colombier a même créé la surprise en arrivant en troisième position avec 11,28% des suffrages. Hier soir, Philippe Madrelle ne cachait pas sa colère. « Tout ceci, c’est la faute de Nicolas Sarkozy, qui nous conduit à la ruine avec sa politique, à force de faire des débats sur l’identité nationale », a-t-il fustigé. « C’est toute la crise de la ruralité défendue en 2002 par CPNT qui s’exprime aujourd’hui dans le vote FN », analyse, pour sa part, Jean Petaux, politologue, enseignant à Sciences Po Bordeaux.
« Sarkozy nous conduit à la ruine »
Dans les rangs de l’UMP, les mines sont déconfites. A Bordeaux II, la députée socialiste Michèle Delaunay est en bonne posture pour battre Anne-Marie Cazalet, maire adjoint du Grand Parc. Or, Alain Juppé misait beaucoup sur une défaite de celle qui lui avait ravi son siège de député en 2007, le forçant à démissionner de son poste de ministre de l’Environnement. Anne-Marie Cazalet est en tête avec 35,99% des voix, mais Michèle Delaunay (PS) la talonne à 34,63% et au deuxième tour, le rapport gauche/droite devrait être favorable au PS, qui avec ses alliés (Verts, PCF et Front de Gauche) arrive à 50%. A Bordeaux VI, les jeux semblent déjà faits. Jacques Respaud (PS) est devant avec 36,67% des voix et le score, élevé, d’Olivier Cazaux d’Europe Ecologie-Verts (22,88%) ne laisse guère d’espoir à Alain Moga (UMP) au deuxième tour, malgré ses 31,02%. Dans cet horizon plutôt sombre, à Bordeaux VIII, seul Pierre Lothaire apporte une éclaircie avec un score de 53,42% des voix dès le premier tour, aux dépens de Béatrice Desaigues (PS) et d’Alexandre Marsat (Europe écologie). Mais, là aussi, faute d’avoir réuni 25% des inscrits, il y aura un deuxième tour. A noter également des duels PS/Front de gauche au second tour dans deux cantons girondins : Bègles et Cadillac. Au final, dans six des 31 cantons girondins, le FN peut se maintenir face à un candidat socialiste. A la lumière de ces résultats, le premier secrétaire fédéral Ludovic Freygefond s’interroge : « Quel consigne de vote Alain Juppé va-t-il donner ? Je pense qu’il peut y avoir un vote républicain au deuxième tour. Nous avions joué le jeu en 2002 aux présidentielles ». Pour l’heure, l’UMP ne donne pas de consigne de vote et du côté d’Alain Juppé, c’est silence radio. « Je crois que l’UMP a besoin de se resouder », reconnaît Pierre Lothaire.
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