« A Bordeaux, le sexisme représente 48% des discriminations dans l’espace public et 40% dans la progression de carrière ». L’enquête menée cette année à Bordeaux par le sociologue Arnaud Alessandrin auprès de 800 personnes, pose un constat qui a de quoi faire réfléchir. Les membres bénévoles de l’Observatoire de l’égalité de la mairie de Bordeaux ont tenté d’esquisser des solutions pour diminuer ces discriminations. « Il serait intéressant de commencer par un diagnostic sur la communication interne et externe de la collectivité au regard de l’égalité femmes/hommes », a ainsi suggéré Laetitia Franquet, sociologue. Cela passerait aussi par la création d’événements marquants pour lutter contre les discriminations ou encore composer des délégations comprenant des femmes et des hommes lors de représentations de la collectivité à l’extérieur. Des pistes ont d’ailleurs été soulevées par le rapport sur la « situation comparée des femmes et des hommes à la CUB » en 2014. Par exemple, le développement du télétravail, un à deux jours par semaine, pour permettre aux agents de mieux concilier les temps de vie. Cette expérimentation, qui visait l’année dernière 30 salarié-e-s, va être étendue à 100 agents dans les prochains mois au regard des nombreux retours positifs.
Dans les rues de Bordeaux : où sont les femmes ?Parmi les autres constats, le harcèlement de rue. Selon une étude nationale de l’INSEE, menée en 2013 sur les femmes de 18 à 29 ans, 20% des femmes disent se faire injurier au moins une fois par an dans la rue, 25% déclarent ne pas se sentir en sécurité, se sentir vulnérables dans la rue et enfin 10% des femmes disent avoir déjà été victimes de caresses ou encore de baisers forcés. De la même manière, le rapport diffusé en avril 2015 par le Haut Conseil à l’égalité entre Femmes et Hommes fait ressortir que 100% des femmes qui utilisent les transports en commun ont subi au moins une fois dans leur vie du harcèlement sexiste. Les jeunes femmes sont particulièrement concernées. « Mais, les femmes se sentent en insécurité dans l’espace public alors que les violences sont plus présentes dans la sphère privée », fait remarquer la sociologue Johanna Dagorn. Cependant, les femmes ont à l’esprit qu’elles peuvent se faire harceler après une certaine heure si elles se trouvent dans certains lieux. Cette crainte entraîne de nombreuses jeunes femmes à autocensurer leurs déplacements, leur style vestimentaire ou à adopter des stratégies d’évitement (casque sur les oreilles, marches rapides) pour éviter les remarques, les injures ou tout autre type de violence. Par ailleurs, si les femmes investissent moins l’espace urbain le soir, plusieurs membres de l’observatoire s’étonnent également que les femmes soient si rares à avoir eu le privilège d’être honorées par le baptême d’une rue à leur nom. La féminisation des espaces publics à Bordeaux reste donc un chantier politique à mener, pour que les citoyennes, autant que les citoyens, puissent investir la ville librement.