«Ça fait plusieurs années que les agriculteurs ont conscience de leur impact sur l’environnement. Pour preuve, les démarches d’agriculture raisonnée sont mises en place depuis plus de 10 ans, la bio progresse sans cesse et particulièrement ces deux dernières années… C’est en toute logique que la profession agricole s’est véritablement engagée dans le plan Ecophyto », commente Joël Bonneau. « La réduction des intrants est déjà partiellement faite, continue-t-il. Entre 2001 et 2008, on constate une baisse de 36% de l’utilisation d’intrants. »
Certiphyto: l’information par la formation
Pour autant, il faut aller plus loin et le plan Ecophyto 2018, vient donc formaliser une tendance lourde de la réduction d’utilisation de ces produits. Un des axes pour y parvenir, c’est l’information par la formation. L’objectif : sensibiliser les agriculteurs sur les risques environnementaux et sanitaires, et approfondir leurs connaissances sur la manipulation de ces produits. Certiphyto, le certificat validant la formation sera d’ailleurs bientôt obligatoire non seulement pour les agriculteurs, mais aussi pour les salariés agricoles, les conseillers, ainsi que les usagers non agricoles (par exemple les agents de collectivité en charge des espaces verts). Les personnes travaillant dans le domaine de la vente et de la distribution des produits phytosanitaires devront également posséder le précieux sésame. En Aquitaine, où Certiphyto est mis en place à titre expérimental, le succès est au rendez-vous : 6000 personnes ont déjà suivi une des 587 formations organisées en un an et demi.
64 fermes de référence en Aquitaine
Autre axe fort du plan Ecophyto : la généralisation des meilleures pratiques via l’installation de réseaux de « fermes de référence ». Celles-ci testent à l’échelle de l’exploitation des systèmes de cultures économes en produits phytosanitaires. « L’objectif à terme est de vulgariser et de diffuser ces techniques auprès des autres agriculteurs », explique Carine Tagliamente. Au niveau national, 1000 exploitations, à travers 114 réseaux sont entrées dans le processus. En Aquitaine, 64 fermes de référence ont été sélectionnées à travers six réseaux répartis sur le territoire : deux réseaux « viticulture », un réseau « arboriculture », un réseau « grandes cultures », deux réseaux « polyculture-élevage ». « L’idée, explique Carine Tagliamonte est de parvenir à diminuer de 30% l’Indice de Fréquence de Traitement (IFT) en 3 ans. Les premiers résultats seront connus au bout d’une année, et pour permettre leur plus large diffusion, des actions de communication telles que des portes ouvertes seront organisés par les réseaux eux même ».
Contre « le retrait bête et méchant des molécules »
Si les réseaux sont portés soient par les chambres d’agricultures, soit par des interprofessions (du Pruneau notamment) ou encore par la coopérative Euralis, au niveau régional, c’est la DRAAF et la Chambre régionale d’agriculture qui pilotent le projet. Chaque réseau est animé par un ingénieur réseau, qui en assure aussi le suivi technique, en dressant d’abord un « point zéro » de l’exploitation, puis en effectuant un suivi personnalisé de chaque « ferme ». Précision importante, les agriculteurs sont bénévoles et volontaires, « c’est donc sur eux que pèsent le risque économique » insiste Joël Bonneau. Mais, l’enjeu d’une moindre utilisation des intrants phytosanitaire est de taille : « d’abord parce que c’est une forte demande sociale, ensuite parce que les intrants c’est aussi un coût important pour l’exploitation, donc plus on pourra les réduire mieux ce sera, et enfin, parce que cette question touche aussi la santé des exploitants » rappelle le Vice-Président de la CDA. Selon lui, « il faut que les agriculteurs jouent le jeu, pour éviter que soit mise en place une méthode radicale qui consisterait au retrait bête et méchant des molécules, sans prévoir de solution de rechange. On est prêt à s’adapter, il faut que la recherche et l’expérimentation travaillent pour nous apporter des itinéraires qui nous permettent ces réductions tout en garantissant le rendement des exploitations. »
Solène Méric
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