Des collectivités à l’État, les rentrées médiatiques des élus locaux ont l’avantage de permettre certaines mises au point. A l’image de Jean-Luc Gleyze lors de sa rentrée début septembre, Alain Rousset ce 13 septembre, n’a pas mâché ses mots sur les accusations des ex ministres Le Maire et Cazenave quant à la culpabilité des collectivités locales dans la dérive du déficit public. « Cette réflexion est une agression insupportable. C’est insupportable, vexant, humiliant. Ce n’est pas nous, l’invention du quoi qu’il en coûte, et ce n’est pas nous, qui l’avons continué bien au-delà de ce qui était nécessaire ! » a-t-il lâché.
L’occasion de répéter son regret, éternel, d’un « Etat centralisé désormais hyper présidentialisé, » pointant, las, à propos de la nomination de Michel Barnier au poste de Premier ministre, « la trajectoire permanente du Président de la République qui ne comprend pas, ne veut pas voir, ne veut pas admettre peut-être, ce que le pays a voté. »
Au-delà des amertumes nationales, il a rappelé avec plus d’énergie, que dans le cadre de la mission de développement économique qu’assume la Région, « on ne peut séparer soutien à l’innovation de rupture, à la formation et à l’accueil ou au développement d’entreprises. C’est une chaîne de valeurs publique essentielle pour nous et qui répond au besoin de notre société ».
La Région prend des risques
Une sorte de méthode Rousset de la politique économique et industrielle régionale ancrée autour de « la structuration d’écosystèmes », la mise en place de formations nécessaires à la création de compétences adaptées, comme « le projet BatteNA qui propose de développer des formations nouvelles, pour répondre au besoin de la filière batterie en termes d’emploi et de compétences futures », mais aussi, pointe le président, « une prise de risque assumée » dans les choix d’accompagnement de la Région. Le président d’illustrer avec « les 50 millions d’euros investis dans Flying Whales (fret par dirigeables) si le projet va à son terme ».
Autant d’éléments qui participent à l’attractivité industrielle de la région appuie Alain Rousset fier de rappeler que « 36 % des créations nettes d’emplois industriels en France sont concentrées en Nouvelle-Aquitaine en 2019 » et que celle-ci « est la 2ème région française pour la création nette de sites industriels en 2023 ». Au-delà de la forme et de la méthode, les interventions de la région sont guidées sur le fond par « la boussole Néo Terra qui reste notre ligne directrice », dans le choix des politiques d’intervention appuie-t-il. Et comme un dernier argument : « C’est 500 000 à 1 million d’emplois qui vont être créés dans les décennies à venir autour des problématiques de transition ».
La crise agricole revient en séance plénière
A son calendrier plus immédiat, deux sujets s’inscrivent en lien avec la transition, plus précisément ici dans le champ de la transition agricole. Le 23 septembre prochain se tiendra une session plénière de la région dédiée à la crise agricole. Son objectif est de rendre compte de la mission d’information et d’évaluation qui avait été lancée suite aux manifestations agricoles de l’hiver dernier et notamment l’intrusion d’agriculteurs au sein du Conseil régional à Bordeaux. Un rapport d’une commission ad hoc de 25 élus, a déjà été adopté par l’ensemble des partis, à l’exception du RN.
Si certaines « modifications et évolutions » vont être apportées à la politique agricole régionale « concernant les MAE (mesures agro environnementales, ndlr) ou encore les aides à l’installation des jeunes agriculteurs », il ne faudra visiblement pas s’attendre à une modification de l’enveloppe globale de cette politique, qui outre les aides prend aussi en compte « la recherche, les expérimentations, la formation » rappelle Alain Rousset, signalant que « 240 M d’euros sur un budget de 2,4 Mds, c’est un effort considérable ».
Après l’arrachage : « accompagner au mieux les viticulteurs dans leurs projets »
Autre sujet agricole de la rentrée, le lancement d’une étude confiée à Laurence Denaix, directrice de recherche à l’Unité Mixte de Recherche Interactions Sol Plante Atmosphère à l’INRAE de Villenave d’Ornon concernant les sols, où auront été arrachées les vignes suite au plan d’arrachage en cours en Gironde. Objectif : avoir une meilleure connaissance de la capacité de ces sols, qui n’ont connu depuis des décennies que la monoculture de vigne avec souvent des accumulations de cuivre ou d’autres produits phytosanitaires, à permettre le développement d’autres plantes. « Ce n’est qu’avec une meilleure connaissance que l’on pourra accompagner au mieux les viticulteurs dans leurs projets ». Dans le cadre du plan d’arrachage, la Région a en effet engagé 10 M d’euros pour l’accompagnement des viticulteurs s’engageant dans de nouvelles cultures ou activités agricoles.
Enfin, Alain Rousset a aussi profité de ce temps médiatique pour rappeler sa solidarité avec les habitants et entreprises de la Vallée d’Aspe suite aux évènements climatiques ravageurs de la semaine dernière, assurant au passage qu’une délibération allait être prise pour accompagner certaines actions sur ce territoire.