Des Souris, Des Hommes n°7 : une inauguration audacieuse qui a su séduire


Julien Gervaise & Compagnie Simone Lemon

Des Souris, Des Hommes n°7 : une inauguration audacieuse qui a su séduire

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 17/01/2014 PAR Jules Haverlan

Elle n’est instituée que depuis quatre éditions et représente pourtant une part essentielle du festival : la Plateforme consiste en effet à mettre en avant quatre « maquettes » de 15 minutes réalisées par des artistes divers issus de la région Aquitaine, et soutenus par Le Carré-Les Colonnes. Il peut s’agir d’une œuvre totalement originale, préparée spécialement à l’occasion de la Plateforme, ou alors d’un aperçu d’un projet futur. Objectif : livrer une performance suffisament audacieuse et surprenante pour que le public, composé en majeure partie d’organisateurs de spectacle, tombe sous le charme. Se faire remarquer des professionnels représente ainsi un des enjeux essentiels de cet espace, car un coup de cœur peut rapidement aboutir à un financement de projet ou à un partenariat. Mais depuis que la plateforme s’est ouverte au grand public il y a deux ans, les petits curieux répondent aussi au rendez-vous. Et il faut dire que les performances de cette année valait le détour.

L’art appartient à ceux qui se lèvent tôtLa Plateforme s’est ouverte à 17h, entre les murs d’une petite salle de cinéma de l’enceinte de Le Carré-Les Colonnes, avec la projection du film « Le Grand Matin » du collectif Palabras, composé de Valérie Le Naour, documentariste radio ayant officié à France Culture, et de Cécile Gras, graphiste et plasticienne. Animées par un désir commun de retranscrire la beauté  insoupçonnée de notre quotidien, les deux complices nous invitent à observer sous un angle nouveau toutes ces petites choses qui nous animent au réveil, à travers ce film où les sons oniriques se marient à des situations faussement banales : discuter avec sa grand-mère, prendre le bus… Les séquences se suivent et dégage une fraîcheur naïve, à la fois familière et indicible.

Quand Jeanne Simone prend possession du publicLe deuxième acte se déroule un peu plus loin, au Café du Carré. La salle est pleine à craquer et les places libres se font rares… Postée derrière le comptoir, Laure Tessier, danseuse, chorégraphe et tête de file du collectif Jeanne Simon, est sur le point de livrer une performance que certains n’oublieront pas de si tôt… En effet, aussitôt après avoir remercié le public de sa présence, la voilà qu’elle saute par-dessus le comptoir, jambes en l’air, casse une lampe dans sa chute, rampe sous les chaises, se contortionne sur les tables. Soudain, une femme au fond de la salle se lève en sursaut et se met à courir à travers la salle, alors que le barman, pris de folie, joue avec les variations de volume de la radio avant de s’affaler sur la cafetière…

D’abord plongé dans la stupeur la plus totale, le public comprend rapidement qu’il s’est fait piéger par Laure Tessier et ses complices. Car oui, le collectif Jeanne Simone n’aime pas les sentiers battus. À travers cette performance – intitulée « Nous sommes » – et préfère partir à la conquête de la dramaturgie du corps en s’appropriant le lieu dans lequel il évolue et réduire la frontière avec le public à son strict minimum. En somme, un rapport sensoriel et délicieusement intrusif.

Danse solitaire et dettes entre amisDéjà plus de la moitié du teMarie Cassat du collectif Simone Lemonmps consacré à la plateforme de DSDH 2014 est passé alors que le public s’engouffre cette fois-ci dans une salle vide et à huis clos pour assister à « l’Avide » du collectif Simone Lemon. Le public, faute de sièges, s’assoit à même le sol, se plaçant au niveau d’une femme leur tournant le dos, confortablement installée sur un pouf, fixant un point invisible sur le mur auquel elle fait face. On tire les rideaux, le silence devient oppressant : seul un paravent replié et étonnamment grand occupe l’espace et sur lequel un vidéoprojecteur diffuse le corps d’une autre femme. C’est alors que Marie Cassat se lève et entamme une danse hyptonique, ensorcelante. La fascination est sur tous les visages. Cette chorégraphie n’est en réalité que le début d’une réinterprétation du livre « Le Bal des Coquettes Sales » de Brigitte Fontaine et Leila Derradji, où deux jumelles partagent leurs rêves et leurs souffrances dans des conversations à mi-chemin entre l’absurdité et la confusion complète. Et quoi de mieux pour Marie Cassat que d’endosser les deux personnages pour rendre le chaos encore plus chaotique !

Le quatrième et dernier chapitre aura été dédié au collectif Os’o, composé d’artistes issus de la première promotion de l’ESTBA – École Supérieure de Théâtre Bordeaux Aquitaine. Leur projet est sous la forme d’un court métrage au nom encore provisoire « Timon et Titus » où un groupe de jeunes amis installé dans une maison de campagne et baignant dans un univers tragique se confronte à la problématique suivante : « Comment régler ses dettes ? » Un sujet d’autant plus maîtrisé qu’il est – malheureusement – d’actualité.

Une plateforme qui une fois de plus nous aura fait découvrir quelques petites merveilles de ce qui se fait de mieux en Aquitaine en terme d’expression artistique. Le festival DSDH a eu du flair en dénichant ces quatre compagnies pleines de promesses pour l’avenir ! Gagons qu’elles auront tapé dans l’œil d’un des nombreux organisateurs de spectables présents ce jeudi pour assister à l’événement.

Plus d’infos et réservations : http://www.lecarre-lescolonnes.fr/
Le bon plan: 2 spectacles pour 18€ si vous réservez via la billeterie en ligne du Carré des colonnes (sauf Thomas VDB et Oeuvre/Orgueil de Renaud cojo)

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