Des perspectives économiques revues à la baisse en Nouvelle-Aquitaine


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Des perspectives économiques revues à la baisse en Nouvelle-Aquitaine

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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 07/10/2020 PAR Corinne Merigaud

La Banque de France et le Gouvernement estiment que le retour à la normale pour l’activité économique est attendu pour mi 2022 bien qu’il pourrait intervenir plus tôt grâce à une reprise plus rapide constatée ces dernières semaines. C’est le message délivré, ce matin, à la Chambre de commerce et d’industrie de la Haute-Vienne qui met un peu de baume au cœur dans une conjoncture sans réelle visibilité. « La reprise a été un peu meilleure que prévu, le retour à l’activité normale est donc anticipé pour début 2022, nous avons gagné deux trimestres sur les prévisions annonce Thierry Beltrand, directeur de la Banque de France en Haute-Vienne. »
Sur le front de l’emploi en France, le taux de chômage s’établissait à 8,4 % en 2019, il sera de 9,2 % en fin d’année et atteindrait 11,5 % en 2021 pour redescendre à 10 % en 2022. Cette année, 800 000 emplois sont ou vont être détruits, 400 plans de sauvegarde sont prévus contre 250 l’an dernier. « Cependant, les prévisions sont encourageantes pour les deux prochaines années avec la création de 750 000 emplois. » ajoute-t-il.

Concernant les perspectives de retour à la normale de leur activité, la moitié des chefs d’entreprises de Nouvelle-Aquitaine pensent que ce sera effectif en fin d’année, 17 % tablent sur 2021 et 10 % sur 2022 tandis qu’un quart ne sait pas. Parmi les plus indécis, les secteurs des services (30%) et de l’industrie (23%) arrivent en tête, le bâtiment étant le secteur le moins indécis (12%).

Un bas de laine de 100 milliards

D’après une enquête de l’Observatoire français des conjonctures économiques, le coût de la crise sanitaire est évaluée à 165 milliards pour l’économie française, l’État ayant pris à sa charge 100 milliards à travers son plan de soutien, 50 milliards par les entreprises et 15 par les ménages avec une épargne forcée en forte hausse. « Entre mars et août, les Français ont épargné 85 milliards et on atteindra 100 milliards en fin d’année précise-t-il. Avant la crise, le taux d’épargne des ménages était de 15 %, il a presque doublé en quelques mois et aujourd’hui, l’enjeu principal est le déblocage de cette somme afin de compenser une grande partie des pertes de cette crise. Pour cela, il faut que les ménages aient confiance en l’avenir ce qui ne se décrète pas. » Trois facteurs peuvent leur redonner confiance, la stabilité fiscale, la garantie de leurs revenus futurs y compris la retraite et l’accès à l’emploi, notamment par la formation.

D’après les prévisions de la Banque de France, la croissance sera en recul de 8,7 % cette année, un chiffre bien en dessous des 26 % annoncés par le gouvernement. « La reprise sera de 7,4 % en 2021 et de 3 % en 2022 en fonction des aléas conclut-il car finalement tout dépendra de la manière dont nous sortirons de cette crise. »

8,5 milliards de crédits pour la région
Pour soutenir l’activité, le gouvernement a mis en place le prêt garanti par l’État (PGE), la Banque de France étant chargée des statistiques. A ce jour, 580.000 entreprises en ont bénéficié dans l’Hexagone pour 120 milliards de crédits accordés sur les 300 mis à disposition jusqu’à la fin de l’année. « Les TPE sont les principales bénéficiaires à 90 % précise Christophe Maurel directeur départemental adjoint, les trois quarts de ces crédits ont été alloués aux TPE et PME. Le commerce, la construction et l’hôtellerie restauration arrivent en tête. La Nouvelle-Aquitaine se situe au quatrième rang national avec 60 000 entreprises aidées pour 8,5 milliards débloqués. En Haute-Vienne, cela concerne 2 500 entreprises pour 350 millions dont 100 millions pour le commerce, 90 pour l’industrie, 50 pour la construction et 25 pour l’hôtellerie restauration. » Concernant les dépôts bancaires, la dette des entreprises s’accélère à cause du PGE mais il remarque que la majorité des entreprises a choisi de mettre ce prêt en réserve. « Nous ne notons pas d’explosion des défaillances mais cela viendra malheureusement dans quelques mois » estime-t-il.

La médiation du crédit, dispositif créé suite à la crise de 2008, a été réactivé par la Banque de France afin d’accorder des prêts aux entreprises déboutées par leur banquier, seulement 2,8% étant concernées au niveau national. Ainsi, 8 200 dossiers ont été examinés et 3 700 couronnés de succès à ce jour. En Nouvelle-Aquitaine, 338 entreprises ont été sauvées et 6 000 emplois préservés. Le dispositif est toujours en cours et la décision est rendue sous cinq jours.

Un dirigeant sur deux confiant

Depuis le début de la crise, les entreprises ont été consultées tous les deux mois donnant lieu à un baromètre économique et une enquête flash a été menée récemment. Il en résulte que 28 % n’ont pas pas cessé leur activité avec de fortes disparités. Par exemple, 75 % des hôtels restaurants avaient repris leur activité en septembre et 15 % n’avaient pas repris, 77 % des dirigeants rencontrent des difficultés et jusqu’à 98 % dans ce secteur. « Plus de la moitié des chefs d’entreprises ont un chiffre d’affaires très inférieur à leur niveau d’avant crise précise Carine Eleaume, chargée d’études à la CCI 87. Par ailleurs, les précisions sont plus optimistes en Gironde, Charente et dans la Vienne pour le prochain semestre; elles sont plus dégradées en Limousin.
Pour faire face, 62 % des dirigeants envisagent de faire évoluer leur stratégie en misant sur la diversification avec de nouveaux produits ou services. Les trois quarts veulent maintenir leurs effectifs dans les six mois. Leur premier besoin est d’ordre financier, 30 % ont besoin d’un accompagnement et des besoins apparaissent sur la transition numérique. Enfin, 47 % ont reporté leurs investissements et seulement 29 % comptent les reconduire. Toutefois, 48 % gardent confiance en leur entreprise mais ils ne sont que 14 % à avoir confiance en l’économie française. »

Rentabilité en baisse dans tous les secteurs
Au niveau régional, 250 établissements industriels ont été interrogés depuis juillet et l’ensemble des prévisions est revu à la baisse au second semestre dans tous les secteurs par rapport à l’enquête d’avant confinement. « Le transport, l’automobile et l’aéronautique sont les plus impactés, de même que la construction de bateaux de plaisance en Gironde souligne Christophe Maurel les fabricants d’équipements électroniques, électriques et de machines accusent une baisse de 11,6 %, le bois est aussi impacté en lien avec la construction, de même que le papier carton. Dans l’industrie agroalimentaire, la baisse du chiffre d’affaires est plus limitée grâce à la restauration hors foyer post confinement bien que le télétravail soit encore impactant. »
Dans ce contexte, la rentabilité est en baisse dans tous les secteurs même si le secteur des primeurs s’en sort un peu mieux. La performance diminue dans un quart des entreprises néo-aquitaines et, en toute logique, les investissements fléchissent, particulièrement dans la fabrication de matériels électriques, électroniques, machines et matériel de transport.
Quant aux effectifs, toutes les branches sont orientées à la baisse. La tendance est identique dans les services en Nouvelle-Aquitaine avec des baisses de chiffre d’affaires dans le transport et l’entreposage. Le constat est le même dans la construction et tous les indicateurs sont orientés à la baisse. « Le report des élections municipales a notamment généré des retards sur les appels d’offres explique-t-il, la période n’est pas propice pour investir fortement et les effectifs sont également en diminution. » Il faudra attendre quelques mois pour prendre la mesure de ces prévisions intrinsèquement liées à la pandémie qui enregistre une accélération ces dernières semaines.

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