Bordeaux: l’imminente succession du roi d’Espagne déchaîne des protestations et des mobilisations


Pau Dachs

Bordeaux: l'imminente succession du roi d'Espagne déchaîne des protestations et des mobilisations

Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 03/06/2014 PAR Pau Dachs

La semaine avait commencé par l’annonce surprenante qui arrivait depuis Madrid. A 10h le lundi 2 juin, le président du gouvernement annonçait que le roi, Juan Carlos I, avait décidé d’abdiquer. Rajoy ajoutait qu’il espérait que les cours espagnoles proclameraient le prince Felipe comme nouveau roi dans le plus brefs délais. A midi le monarque confirmait sa détermination d’abdiquer en faveur de son fils. Les heures passaient et on pouvait déjà lire dans la presse espagnole que les cours espagnoles comptaient une majorité politique suffisante pour proclamer le prince Felipe nouveau roi d’Espagne à partir du 18 juin. 

A Bordeaux, la jeunesse a été la première à réagir. Grâce aux réseaux sociaux et au bouche à oreille, en quelques heures une concentration a été organisée face au Consulat espagnol afin d’exiger un référendum pour décider si dorénavant l’Espagne doit être une monarchie ou une république. La même revendication s’entendait déjà dans les rues de plusieurs villes espagnoles et ailleurs en Europe. Ainsi, à Bordeaux une manifestation a réuni une quarantaine de personnes. Peu nombreux, mais bruyants et avec une seule idée en tête : se mobiliser désormais contre la situation de précarité en Espagne qui leur a fait quitter leur pays et venir s’installer en France.La Marée GrenatLe jour de l’annonce de l’abdication du roi, quelques espagnols de Bordeaux ont créé la « Marée Grenat Bordeaux ». Plusieurs marées comme celle-ci ont été créées pendant les derniers mois par des espagnols à l’étranger qui ont voulu s’organiser pour lutter contre les causes qui ont provoqué leur « exil ».
Il y en existe déjà 17 en Europe et 6 entre l’Amérique du Nord, Centrale et du Sud, selon le site internet qui collecte l’information autour de cette mobilisation transnationale, http://mareagranate.org/.v
Il s’agit d’un mouvement horizontal qui travaille en assemblée locale et qui a choisi la couleur grenat, celle-ci étant celle du passeport espagnol, symbole de l’exil pour les participants.

Des manifestants à Bordeaux en faveur d'un référendum pour choisir entre la monarchie et la république en Espagne

La « Marée Grenat » de Bordeaux a pris forme sur Facebook, et elle compte en ce moment plus de 50 membres. Ce dernier mardi, une rencontre a eu lieu à la place Pey Berland, où les particpants ont traité des principes, de l’objectif et du fonctionnement de la marée. La première assemblée du mouvement aura lieu ce lundi 9 juin.

Ce courant de protestation n’est pas isolé. Il suit l’exemple d’autres marées nées en Espagne, comme la marée blanche pour la santé, la marée verte pour l’éducation, la marée orange pour les services sociaux et la marée rouge pour la science.
Elles ont conflué le dernier 22 mars à Madrid, lors des Marches pour la Dignité, une protestation contre les politiques économiques du gouvernement espagnol et de la Troika qui a mobilisé dans la capitale 2,5 millions de personnes venues de toute l’Espagne, d’après les chiffres des organisateurs (50.000 selon la Police Nationale).Des générations républicaines uniesLes jeunes ne sont pas les seuls à vouloir participer au débat sur l’Espagne depuis Bordeaux. Ce mercredi une manifestation s’est déroulée de la place Pey Berland jusqu’au Consulat espagnol, mais cette fois elle avait été organisée par l’association « Ay, Carmela », des fils et filles des exilés qui ont dû fuir la dictature de Franco. La Marée Grenat a défilé à leurs côtés. Au total, plus d’une soixantaine de républicains de plusieurs générations ont protesté pour le droit à un référendum pour choisir entre la monarchie et la république en Espagne.

« Espagne, demain, sera républicaine » et « Juan Carlos I, de Franco es heredero » (Juan Carlos, héritier de Franco) ont été les chants les plus scandés. A la fin de la manifestation, l’un des membres d’ « Ay, Carmela » a lu une déclaration en revendiquant que le droit du peuple est plus fort que le droit du sang. Il a également remarqué que la loi espagnole d’amnistie, votée deux ans après la mort de Franco et encore valide aujourd’hui, « se place au-dessus de la loi internationale d’imprescriptibilité des crimes contre l’humanité que constituent les 152 000 disparitions forcées » du franquisme.

Pour continuer sa lutte quotidienne contre l’oubli en Espagne, l’association « Ay, Carmela » célébrera le prochain 15 juin sa « mesa republicana », un repas qui aura lieu au Parc de l’Orangerie à Pessac.


Pour en savoir plus:

Facebook: Marea Granate Burdeos; http://mareagranate.org/

Partagez l'article !
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Laissez vos commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

On en parle ! À lire ! POLITIQUE > Nos derniers articles