C’est sur son blog que le président du Conseil général a officialisé la nouvelle, avant de se livrer à une petite tournée médiatique. «Ma responsabilité est de répondre aux défis qui sont ceux du moment » avec « une équipe de femmes et d’hommes largement renouvelée et rajeunie », écrit le député de bientôt 70 ans, à la veille de l’annonce des binômes qui représenteront le PS dans les 15 cantons landais (au lieu de 30 jusqu’ici suite au redécoupage). « Le progrès social, le développement, l’innovation, la solidarité, c’est nous ! », ajoute aussi le député, parlant « faible endettement à bas coût et capacité d’investissement intacte » du département qui « conserve un potentiel d’action que beaucoup de collectivités locales ont perdu ».
Dans une dynamique bien négative depuis les européennes et les municipales, la gauche landaise peut pourtant craindre de perdre le département, mais refuse tout pessimisme. « Sur notre bilan depuis 30 ans, on part avec des atouts » que ce soit sur l’attractivité du département, les finances ou les services publics, estime Renaud Lagrave, premier fédéral du PS « plutôt serein ». Et de poursuivre : « Emmanuelli représente celui qui a fait bougé le département et qui le fait aider au niveau national, c’est important dans la tête des Landaises et des Landais », et les projets économiques et sociaux pour la prochaine mandature se bousculent, entre AgroLandes, village Alzheimer, pôle golfique et touristique à Tosse ou encore piscine à vagues à Saint-Geours-de-Maremne.
IncertitudeCe sera très serré, pronostique-t-on de toutes parts. Les deux cantons de Mont-de-Marsan peuvent basculer par un « effet Darrieussecq », dit-on dans l’entourage d’Emmanuelli alors que la maire MoDem a déjà détrôné la gauche en 2008 après des décennies de règne sur l’hôtel de ville de la préfecture.
Les cantons de Tyrosse, Saint-Sever et Aire-sur-Adour, villes toutes passées à droite aux dernières municipales à la surprise générale, sont très incertains. Et la droite qui ne compte actuellement que 4 conseillers généraux sur 30 se prend à rêver lors de cette élection où pour la première fois tous les cantons sont renouvelables, avec des binômes à parité homme-femme.
« Les cartes sont rebattues, il y a une réelle chance de faire basculer », pense Julien Dubois, candidat UMP à Dax pour Couleurs Landes, rassemblement de la droite et du centre intégrant pour moitié des personnes issues de la société civile : « il y a une manière de fonctionner en place depuis plus de 30 ans qui a sclérosé les choses » et « le département a pris du retard sur ses missions de base » comme l’action sociale, la petite enfance ou les personnes âgées. Arnaud Tauzin, nouveau maire UMP de Saint-Sever, pointe aussi « d’un côté l’usure, de l’autre côté l’envie », en souhaitant une nouvelle gouvernance pour que les collectivités « travaillent main dans la main au-delà des étiquettes politiques » plutôt que de « recevoir des ordres du Conseil général »…
Front de gauche et EELV en autonomeEn « chef de file » sans pour autant vouloir devenir présidente en cas de victoire, ce qui lui vaut une pique d’Emmanuelli (« les Landais ont le droit de savoir qui détiendra l’exécutif »), Geneviève Darrieussecq, 59 ans, ne dit pas autre chose sur une gouvernance « auto-centrée » et « sans concertation ».
Face à cette droite unie, la gauche ne partira, elle, pas rassemblée puisque le Front de gauche devrait proposer des candidats partout, dans « une démarche à la Syriza », relève Alain Baché, candidat PCF à Mont-de-Marsan : « on a un élu, on peut le perdre, on peut le conserver et on peut aussi en gagner, notamment sur Saint-Martin-de-Seignanx ».
Sans vouloir mettre le PS en difficulté, Europe Ecologie-Les Verts devrait partir dans 5 cantons en autonome dont Dax et Mont-de-Marsan, pour défendre la transition énergétique et l’économie circulaire dans le département. « Au PS, ils auraient mieux fait de changer leur tête de gondole », fait valoir une écologiste car il est « difficile d’envisager des changements avec quelqu’un qui est là depuis 33 ans avec une vision passéiste » malgré des avancées sur le social ou les transports, et alors qu’il existe des « socialistes écolo-compatibles ».
De l’autre côté de l’échiquier, le Front national sera, lui, présent dans 12 cantons, peut-être plus s’il trouve des femmes à Hagetmau, Morcenx ou Tartas. « Un élu, ce serait une bonne surprise », relève Patrick Correas, patron départemental qui ne cache pas que la campagne frontiste sera strictement axée sur des thèmes nationaux, en attendant de recevoir la propagande électorale du parti.