Tandis que le maire de Sauveterre de Guyenne, Yves d’Amécourt, tenait une conférence de presse lundi matin pour réaffirmer les engagements du mouvement Gironde Positive à Bordeaux, le Parti Socialiste a clairement tenu à lui répondre. Lundi soir, au milieu d’une salle des fêtes pleine, Stéphane Le Foll et Philippe Madrelle sont venus rassembler dans le cadre d’un meeting socialiste sur les terres du leader de l’opposition. Une partie des candidats girondins étaient présents, dont deux affilliés EELV et six députés PS venus prêcher le « rassemblement » de la gauche. Face au ministre, Danier Barbe, maire de Blasimon (qui a choisi pour équipe le binôme formé par Bernard Castagnet et Christelle Guioni) a ouvert la marche pour aborder l‘un des thèmes clés de la réunion politique : la ruralité.
« Nous essayons de garder cette proximité avec le monde rural, en nous basant sur des politiques volontaristes comme les « conventions d’aménagements de bourgs » et d’écoles, bien aidés par les 6500 agents présents sur le terrain, qu’il serait bien dommage de réduire tant ils nous apportent ». Le maire de la commune fait évidemment référence à une proposition du programme adverse, qui compte ne pas renouveler le départ à la retraite de 650 agents pour dégager des économies dans la fonction publique. « La Métropole est le coeur de la Gironde, mais la ruralité en est le poumon. Elle se doit d’être forte, ambitieuse, dynamique, pour que notre département continue à bien vivre ».
Madrelle lutte « contre l’immobilisme »Bernard Castagnet, ancien maire de La Réole et candidat sur le canton Réole/Bastides, s’est même permis de filer la métaphore : « La droite lorgne sur les finances du Conseil général, comme dans « Le Corbeau et le Renard ». Mais j’ai toujours gagné mes courses dans les derniers 200 mètres… comme dans « Le lièvre et la tortue »… », a-t-il ironisé. Philippe Madrelle a réaffirmé son choix de quitter la présidence, mais ne ferme pas la porte à la politique : « Je descends du ring, mais je ne raccroche pas les gants. Je pense que Daniel Barbes m’invitera comme sénateur » a-t-il ajouté. « J’ai défendu le fait qu’il n’y avait pas de Gironde à deux vitesses. Certains disent qu’il serait temps de passer la 3ème, mais eux veulent plutôt aller en marche arrière. Le candidat de l’opposition sur ce canton a déjà été battu à toutes les élections, et il s’accroche. Quand on est élu du peuple, on doit faire preuve d’humilité, alors que certains ont la tête qui enfle. Le Conseil général doit rester un échelon intermédiaire essentiel face à la future région. Quand Alain Juppé m’a demandé de participer au Grand Stade, j’ai répondu non. J’ai préféré mettre 30 millions d’euros dans les collèges, mais le maire de Bordeaux n’a finalement pas eu besoin de nous, et nous avons évité de faire payer le contribuable pour un outil dont ils n’avaient pas besoin », a ajouté le Président sortant.
« Il ne faut jamais oublier les petites communes. Notre adversaire n’hésite pas à voter systématiquement contre le budget. J’ai connu une époque ou mes adversaires étaient plus ouverts, plus objectifs. Nous partons avec la tête haute, en gardant le double A (donné par Standard and Poor’s). L’Argus des départements (étude de « Contribuables associés ») nous a donné 15 sur 20, en tant qu’ancien prof je peux dire que c’est une bonne note. Pour Sauveterre, ce serait plutôt 7 sur 20… ». Philippe Madrelle a aussi consacré une part de son discours aux enjeux des départementales dans le cadre du redécoupement des cantons : « Aujourd’hui, nous sommes face à un tournant. Nous n’avons pas touché aux cantons ruraux depuis 1802. A un moment, il faut savoir si on préfère l’action ou l’immobilisme ». Le vote FN faisait aussi parti de ses sujets favoris : « On entend de la démagogie incroyable. Ils veulent sortir de l’Europe ? Demandez aux agriculteurs s’ils veulent perdre la PAC ! On veut remettre les frontières, on veut nous couper du monde. La politique des élus FN est une catastrophe, ils l’ont prouvé notamment dans le sud de la France. Il nous faut retrouver ces valeurs de la République et continuer à les défendre ».
« Ne pas se diviser » Avant de passer par Blasimon, Stéphane Le Foll s’est livré au jeu du porte à porte à Libourne dans l’après-midi. Le porte-parole du gouvernement a rappelé à son tour le besoin pour la gauche de rassembler ses électeurs. Il a tenu une ligne de discours plus nationale que locale, bien qu’il ait été interpellé à son entrée dans la salle par une délégation de jeunes agriculteurs à propos des zones vulnérables aux nitrates, sujet hautement polémique défendu par l’Europe ». « Aujourd’hui, il nous reste à convaincre les gens. On a l’impression que cette campagne échappe à ceux qui sont pourtant au coeur des choix qui vont être faits, les candidats et candidates. Il faut rappeller sans cesse qu’un grand pays comme la France ne se change pas en claquant des doigts, ça prend du temps. Les changements sont perceptibles à un certain moment et pour les personnes qui souffrent, c’est toujours trop long. Un pays, c’est une société, des inerties sociales qui fait qu’on ne change pas le cours du paquebot« .
Stéphane Le Foll ne s’est pas gêné pour rappeler le bilan de l’opposition au pouvoir : « Il a fallu redresser un pays avec plus de 70 milliards de déficit commercial, alors que nous avons quitté le pouvoir en 2002, nous étions en léger excédent. Nous ne sommes pas là pour déporter les échéances, mais pour assumer nos responsabilités ». Le ministre a insisté sur les questions d’éducation, de santé ou encore l’énergie, dressant ainsi un panel général. « Aujourd’hui, pour s’assurer sur la maladie, les agriculteurs empruntent, et ils ne peuvent pas tous avoir une assurance. La solidarité a un sens économique et social, on ne peut pas l’ignorer, ça vaut aussi pour le monde rural. La DETR (dotation d’équipements aux territoire ruraux) a été augmentée de plus de 200 millions. La dotation de solidarité rurale a été augmentée de 114 millions d’euros ».
Enfin, le Ministre de l’Agriculture a souligné la necessité, face à l’extrême droite, à l’éclatement des partis de gauche et à une l’absention qui plane, de choisir le camp de la majorité sortante : « Qui peut penser qu’entre les agglos et le monde rural, il y aurait une coupure ? J’ai cru comprendre que celui qui était candidat à la tête éventuelle du Conseil général de Gironde voulait gérer un département comme une entreprise, mais ca ne marche pas comme ça. Couper là ou c’est le moins rentable et il n’y aura plus de politique dans la ruralité Notre électorat doit-il se diviser pour tel ou tel parti de gauche pour se rassembler au deuxième tour ? Non. Le deuxième tour, ce sera trop tard cette fois ci. Avec la division, le risque c’est que la gauche ne soit pas au deuxième tour. Il ne faut pas se disperser ». A 12 jours du premier tour, le message est clair : éviter un retournement de situation politique. La droite compte elle aussi se rassembler : Alain Juppé et François Fillon feront un meeting commun a Pessac le 23 mars prochain.