Dimanche soir, le PS landais ne fanfaronnait pas même s’il savourait la victoire. « Soulagé par rapport à ce qu’on aurait pu craindre », lâchait même Renaud Lagrave, premier fédéral local. Car comme l’a affirmé Geneviève Darrieussecq, chef de file de Couleurs Landes (droite et centre) : « ça s’est joué à très peu de choses », « nous avons gagné 5 cantons, il en aurait fallu 3 de plus, ce département ne bascule pas pour 600 voix sur trois cantons ! ». Par endroit, le match a en effet été très serré, comme à Dax-2 où le maire PS Gabriel Bellocq l’a emporté par moins de 200 voix, en Côte d’Argent (400 voix d’écart) ou dans le Pays tyrossais gagné par la gauche par une cinquantaine de suffrages alors que Saint-Vincent-de Tyrosse était passé à droite aux dernières municipales.
Mont-de-Marsan à droiteDésormais, avec 10 élus de droite et du centre sur 30, contre seulement 4 jusqu’ici, « les équilibres politiques sont rétablis », a ajouté la maire MoDem de Mont-de-Marsan qui confirme son ancrage montois avec une victoire nette dans les deux cantons de la préfecture après son triomphe aux dernières municipales. La droite et le centre remportent également le Marensin (56,3%) et l’Adour-Armagnac (55%) où l’emblématique socialiste Robert Cabé perd lourdement sur sa ville d’Aire-sur-Adour. Dans les Grands Lacs, Alain Dudon et Patricia Cassagne (69,5%) battent facilement les candidats du Front national dans le seul canton landais où le FN avait pu se maintenir. « Globalement c’est toujours décevant de perdre une élection mais c’est encourageant pour la suite », a assuré Julien Dubois (UMP), à deux doigts de la surprise face à Gaby Bellocq.
Avec 20 élus de gauche sur 30, « le rapport de force me convient », s’est pour sa part satisfait Henri Emmanuelli dans un contexte national de « vraie défaite pour la gauche ». Pour le député socialiste, cette victoire montre que « les Landaises et les Landais savent que dans ce département, 1 je travaille, 2 j’essaie de donner une tonalité politique avec des services publics de proximité et des choix de gauche qui s’adressent au plus grand monde, en veillant au pouvoir d’achat des plus modestes ». L’occasion aussi de dénoncer la « campagne inélégante et démagogique » de la droite, en se réjouissant notamment de la défaite « bien méritée » d’Arnaud Tauzin, le chef de l’UMP landaise battu dans sa ville de Saint-Sever et qui s’en est régulièrement pris au président du CG40 dans ses meetings.
Union de la gauche payantePour Renaud Lagrave, « déçu » pour les cantons montois où les reports de voix FN ont été systématiques sur la droite et où « on ne retrouve pas nos voix traditionnelles de gauche », « le département s’est mobilisé pour valider notre bilan, notre projet, et le fait qu’on avait un capitaine et au-delà du capitaine, une équipe renouvelée ».
Au sommet du département depuis 33 ans, Henri Emmanuelli qui avait, lui, remporté son canton de Coteau de Chalosse dès le premier tour, sera donc réélu à la présidence du Conseil départemental jeudi. Dans certains cantons, les victoires de la gauche sont souvent larges, comme le PS en Haute-Lande (59,82%) ou en Pays morcenais et tarusate (63%). Dans le Seignanx, c’est même avec 100% des voix que Jean-Marc Lespade et Eva Belin (Front de gauche) remportent ce deuxième tour… après le retrait du PS en échange du soutien de la gauche radicale dans les autres cantons.
« La stratégie d’union de la gauche a été payante », a relevé M. Lagrave. Le futur Conseil départemental verra ainsi trois communistes sur ses bancs, contre un dans la précédente assemblée. « Si la gauche n’avait pas été rassemblée au 2e tour sur des objectifs clairs et de gauche, nous n’aurions pas gagné le département », a d’ailleurs souligné Alain Baché, responsable du PCF landais, pour qui cela devrait donner des idées à François Hollande…