C’est par l’ancienne étable de l’exploitation de son père que démarre la visite. Des mangeoires à bestiaux et des calèches en bois, comme autant de signes du passé d’une entreprise aujourd’hui en plein XXIe siècle. Dans ce bâtiment à hauts plafonds de 6.000 m2, sur une étendue de terrains de près de 4 hectares, la société Labat qui s’est lancée dans l’aventure dès 1995, traite aujourd’hui 60.000 tonnes de déchets par an (un chiffre doublé en cinq ans), dont 22.000 par méthanisation. Du Gers au Pyrénées-Atlantiques, c’est dans un rayon de 150 km que les déchets sont collectés.
« Ce qui me guide, c’est l’esprit d’entreprise, l’innovation », aime à répéter Xavier Labat, persuadé que si aujourd’hui le déchet coûte de l’argent, demain il en rapportera. Son investissement pour innover atteint les 10 millions d’euros sur deux ans, subventionné à hauteur de 25%, dont 40% par la région Aquitaine, 35% par le Fonds européen Feder et 25% par l’Ademe. Mardi, ses dernières nouveautés ont d’ailleurs été officiellement inaugurées par Alain Rousset, président du Conseil régional.
Nettoyage des fosses sceptiques des particuliers, pompage de cuves à hydrocarbures des entreprises, entretien des stations d’épuration des collectivités locales, font partie du métier de base de l’entreprise. Dans une logique de développement durable et au cœur d’une économie circulaire, ici, on parle désormais aussi granulation, méthanisation, et centrale à thermie photovoltaïque.
Rien ne se perd…Sur la grande plate-forme odorante (qui sera bientôt couverte par du photovoltaïque), les boîtes de conserves, revalorisées à 100% contrairement aux bio-déchets (85%), s’empilent à côté des restes des légumiers du grand Sud-Ouest. Marc de raisin, boues alimentaires, légumes en conserves, graisses de transformation de canard gras, cochons et poissons, matières de vidange, déchets verts… « rien ne perd, tout se transforme », la formule allégée de Lavoisier est devenue celle de Xavier Labat.
Avec sa toute nouvelle unité de méthanisation qui fonctionne à plein depuis six mois avec son digesteur de 13 mètres de haut d’une capacité de 1.500 m3, 800 foyers sont alimentés en électricité et des champs nourris à l’engrais d’épandage grâce aux déchets, dans un processus naturel biologique de dégradation de la matière organique en l’absence d’oxygène. Malgré un retard de production dû à « un importateur italien véreux » dont le prototype « nous a joué des tours », Labat produit aussi des granulés de chauffage issus de galettes de graisses de l’industrie agro-alimentaire mais aussi de déchets verts. Ces derniers sont d’ailleurs séchés par la toute nouvelle centrale à thermie photovoltaïque de la société, comme peuvent l’être aussi des semences de maïs par exemple. Un procédé ingénieux qui permet d’utiliser la chaleur présente sous les 800 m2 de panneaux photovoltaïques des toits, en créant un flux d’air chaud vers des caissons de séchage… Façon d’augmenter aussi la teneur en matières sèches pour une meilleur rendement calorifique.
En somme, résume Xavier Labat, « les déchets regorgent de valeur insoupçonnée, et grâce à eux, on fait l’énergie de demain ».