Au moment où beaucoup d’évènements culturels ne sont pas reconduits faute de financement, Mérignac fait un pari audacieux en créant son tout premier festival photo, le « Merignac Photographic Festival », qui se tiendra du 8 au 11 octobre prochain un peu partout en ville. La vieille église Saint-Vincent accueillera la présidente d’honneur du festival, la photographe Bettina Rheims (notamment célèbre pour ses nombreux portraits de femmes, connues ou non), nommée marraine de cette première édition, pour un vernissage le 8 octobre dès 18h30. L’exposition, qui réunit quelques pièces parmi les 20 000 oeuvres de la Maison Européenne de la Photographie, ouvrira ensuite ses portes jusqu’au 20 décembre.
Le festival compte bien jouer la pluralité. Pendant que la photographie africaine investira la Médiathèque, la série des « Villes Éteintes » (curiosité très graphique où des morceaux de ciels étoilés remplaçant l’horizon gris, pollué et invisible des grandes villes du monde) sera présente jusqu’au 27 novembre dans le Hall B de l’Aéroport de Mérignac. Le Parc de l’Hôtel de Ville, lui, sera l’hôte de l’acteur, réalisateur et photographe Vincent Perez pour une soirée exceptionnelle le 10 octobre à 18 heures. Sa série de photos sur le monde du spectacle et les arts vivants prendra la pose jusqu’à fin décembre. Mais l’évènement se veut aussi participatif, via le projet « Inside Out » par l’artiste contemporain JR, qui mèlera à la réflexion les deux lycées de Mérignac (Daguin et Dassault) les 8 et 9 octobre, avant que les photos soient affichées dans l’espace public. Projection et Ciné-débat seront aussi de la fête, de même que des « Workshop » pour les plus curieux où les connaisseurs, avec notamment une découverte des techniques traditionnelles de la photographie le 10 octobre à l’atelier Cap Sciences juniors (à partir de 15 ans).
Un fonctionnement innovantBref, pour sa première série, le Mérignac Photographic Festival voit plutôt large et tente d’innover. Il ne le fait pas uniquement via sa programmation mais aussi par la manière dont elle a été conçue. Pour Jean-Luc Monteroso, le MPF « n’est pas le fruit du hasard, il témoigne de la volonté politique de placer la photo au coeur de la politique culturelle de Mérignac. C’est un festival qui a une vraie volonté d’aller vers les Mérignacais, qui s’étend vers la région et, peut être un jour, vers l’Europe », espère le directeur de la Maison Européenne de la Photographie. « Il n’y avait pas encore de festival consacré à la photographie dans l’agglomération. L’idée a pris tout de suite ».
Son financement, lui aussi, témoigné d’une volonté de la municipalité de ne pas gonfler le budget d’un tel évènement, affiché à hauteur de 250 000 euros. « Ce n’est pas facile de monter un festival, c’est encore moins facile aujourd’hui qu’hier. Les contraintes financières étant ce qu’elles sont, il y a plus de festivals qui ferment que d’évènement qui ouvrent », déclare, lucide, Alain Anziani, le maire de la ville. « Nous avons donc innové en termes de modèle économique. On prend d’abord la précaution de ne faire un festival que tous les deux ans. Enfin, c’est un évènement qui est financé à 50% par nos mécènes. Tous les gros opérateurs de la région vont y contribuer », conclue Alain Anziani. L’objectif est fixé : avec plus d’une trentaine de mécènes (aussi bien des entreprises comme Pichet ou des institutions comme la Chambre de Commerce et d’Industrie de Bordeaux, seule une moitié du coût du festival sera donc financée par la collectivité (et le contribuable), qui a créé un budget volontairement « épuré » pour cette biennale visuelle.
Une grande soirée de lancement Pour motiver ces investisseurs, les organisateurs ne leur ont pas vendu un concours mais… une soirée, comme le confie Daniel Margnes, adjoint délégué à la culture, à la communication et aux relations internationales. « Nous n’allons pas remettre de prix, tout simplement parce que nous ne proposerons pas de vrai concours. Le festival est tourné vers une réelle volonté d’ouverture artistique. Pour intéresser et attirer les mécènes, nous leur avons vendu la soirée de lancement, nous avons voulu en faire un évènement ».
Ce mode de fonctionnement, assez similaire à celui des « palliers » du crowdfunding, a le mérité de placer réellement les mécènes au coeur du festival, et pas simplement en tant que financeurs. La soirée de lancement, elle, se tiendra au Pin Galant, qui livrera une chorégraphie « noir et blanc » en lien avec la photo pour l’occasion. Bettina Rheims devrait évidemment en être l’invitée d’honneur, de même que l’actrice Julie Gayet, grande amie de la photographe. Le Mérignac Photographic Festival ouvre donc ses portes le 8 octobre prochain dans six différents lieux de l’agglomération. L’occasion peut-être pour les habitants de la Métropole de voir la ville sous un angle nouveau.
L’info pratique : Pour découvrir l’ensemble du programme et les lieux investis par le festival, rendez-vous sur http://www.merignac-photo.com.