Lors de la toute dernière rencontre, les curieux ont eu notamment l’occasion de tester des jeans hyper résistants, fabriqués à partir d’une technologie utilisée dans l’aéronotique et le militaire comme gilet pare balles par exemple. Les enfants s’en donnaient à coeur joie en fabriquant des mousses de polymère, ce fameux isolant, incontournable dans chaque maison. Le public a pu, aussi, découvrir les avantages de l’utilisation de matériaux composites dans les avions et les fusées, plus légers et résistants que le métal.
Qu’est ce qui se cache derrière les matières?
Permettre de comprendre le fonctionnement et les enjeux de la thermographie infrarouge constitue aussi l’un des principaux objectifs de ces rendez vous, à l’heure où Bordeaux réalise une carte thermique des différents quartiers de la ville. Les visiteurs ont donc eu la possibilité de piloter une camera infrarouge pour voir ce qui se cache derrière les matières. Cette technique qui permet de mesurer l’émission de la chaleur des corps et des objets sert, entre autres, à détecter les défauts dans différents matériaux (carrosserie, ailes d’avion, cables électriques). Il nous est donc possible de voir, par exemple, où se trouvent les courants d’air si l’isolation de notre bâtiment s’avère défaillante
Par ailleurs, des spécialistes de la SNPE Matériaux Energétiques de Saint-Médard-en-Jalles, en Gironde, racontaient comment le matériau, fabriqué dans leur usine, qui sert à faire décoller les fusées, gonfle aussi nos airbags. Cette société fabrique en effet, depuis 1990, des petits blocs pyrotechniques permettant de déclencher le gonflement des airbags en cas de choc et revendique la fourniture d’un des quatre blocs pyrotechniques fabriqués dans le monde,depuis l’unité girondine.
Jacques Bernar et la matière – recherche d’expression nouvelle
Les nombreux visiteurs ont pu aussi assister à une conférence passionnante intitulée « Mode et Matières » présentée par un « artiste-scientifique » hors du commun, de grande renommée internationale dans ces deux domaines. Jacques Bernar est un artiste, un chercheur d´expressions nouvelles dans le monde des matières et des couleurs. Dès les années 80, professeur à l´école des Beaux Arts à Bordeaux, il cherche à transférer, dans le champ artistique, les polymères nouvellement inventés par les scientifiques. A partir de 1990, Jacques Bernar ouvre, à Bordeaux, l´atelier « Matières Prochaines » où il expérimente des procédés de traitement des vinyles et des élastomères.
Une science au service de la mode
« Les matières se portent comme des bijoux, sur le corps comme des vêtements, sur les épaules comme des châles de vinyl, sur le cou avec des pierres de l’espace, à la taille pour s’entourer de fils cuivrés de caoutchouc versatile. » On ne serait en mesure de donner un meilleur résumé du contenu de cette conférence sur l’utilisation des nouvelles matières dans la mode et plus particulièrement la haute couture. En regardant les images d’échantillons de différentes matières l’effet était stupéfiant. L’enchevêtrement de couleurs et de formes donnait directement une impression d’admirer de vraies oeuvres d’art, alors qu’elles constituent seulement le matériau d’un futur costume ou d’un objet quelconque. On aurait dit des tiges de feuilles, des nervures, des mailles, toutes entremêlées dans des configurations différentes. Et les formes ne s’en arrêtaient pas là. Certaines ressemblaient à des sols planétaires aux surfaces rocailleuses, désertiques, onduleuses, rugeuses ou encore en ébullition. On a pu admirer, par la suite, le résultat final sous la forme de costumes utilisés par de grands couturiers , les Gaultier, Galiano ou Paco Rabanne. Afin de découvrir, de plus près, les secrets de ces créations, Jacques Bernar invite à une formation consacrée à la broderie, l’enoblissement et la customisation, dans le cadre de son atelier « Matières Prochaines » à Bordeaux.
Piotr Czarzasty