« Les enfants se plaignent de leur appareil dentaire jusqu’à ce que leurs dents soient bien droites. »Par une des métaphores dont il a le secret, Bernard Uthurry minore la contestation qui accompagne inévitablement les travaux d’urbanisme. Tous les intervenants sont unanimes. « Il vaut mieux inaugurer les projets avant l’échéance électorale ! » comme le résume le maire de Strasbourg, Roland Ries. En 1983, Alain Chénard, maire de Nantes, en a fait l’amère expérience. Malgré la grogne de la population paloise, Martine Lignières-Cassou, mène la rénovation du centre-ville tambour battant pour rattraper le retard laissé par son illustre prédécesseur, André Labarrère. « Notre retard est une chance, on peut s’enrichir de ce qui s’est fait ailleurs », positive André Duchâteau, premier adjoint au maire de Pau et président du syndicat mixte des transports urbains Pau-Pyrénées, avant de conclure sur l’importance de la volonté politique : « On ne décrète pas la bonne mobilité, on incite les usagers. »
Quelle ville pour demain ?
Strasbourg est à la pointe, mais son maire, Roland Ries, insiste : « Il n’y a pas de modèle urbain universel ! Même s’il existe des logiques qui se retrouvent. » Le chef de projet en charge des mobilités alternatives à Strasbourg, Jean-Luc Marchal, nous confiera même que pour réaliser le plan piéton de la ville d’Alsace il s’était inspiré de celui de Genève en Suisse. Pour l’instant la ville de Pau combine les différents modes de déplacements : bus, vélo et voiture en partage, une navette en centre-ville et un funiculaire qui le relie à la gare. Tous les ingrédients de l’intermodalité sont réunis. Reste le cadencement des trains TER. Bernard Uthurry veut régénérer les voix existantes d’Est en Ouest et du Nord au Sud de l’Aquitaine. La ville de Pau est au centre d’un rhizome béarnais. Ce statut le met en position de discuter avec la Région la mise en place d’un billet unique pour le train TER cadencé par la Région et les modes de déplacements doux mis en place par la ville.
Quelle place pour la voiture au centre-ville de Pau ?
Tous les intervenants, jusqu’à la représentante du constructeur PSA, sont d’accord : c’est la fin de la suprématie de la voiture. Les raisons sont multiples : crise écologique, augmentation du prix de l’essence ou tout simplement à cause de la demande de «bien-vivre» croissante des citadins. Une voiture en moins libère la place pour 10 piétons sur la chaussée qui raniment l’activité d’une ville. Mais deux phénomènes font obstacles à la suppression totale de la voiture au centre-ville de Pau. D’abord, le retour des familles. Elles ont besoin de la voiture pour leurs multiples activités. Ensuite, l’unique présence de parkings en centre-ville que Martine Lignières-Cassou voudrait rapidement désengorger par des parcs relais situés aux extrémités de la ville. Conserver des parking dans le coeur de la ville est une erreur partagée par les villes de Nantes, Strasbourg et Toulouse. « En ayant voulu compenser la perte de voirie par la création de parkings on a fait une erreur, concèdent-ils tous en choeur, c’est encore une possibilité offerte aux voitures de se garer en ville qui va à l’encontre de notre logique. »
photo : Aqui
Olivier Darrioumerle