Depuis quelques mois, une équipe pluridisciplinaire du Centre de l’obésité Bernard Descottes a été formée à l‘utilisation de l’aromathérapie. Et les bienfaits de ces huiles aux vertus différentes semblent faire déjà leur effet. L’objectif est de diminuer l’appétit des patients souffrant d’obésité et leur consommation de produits sucrés.
Une douzaine de personnels et deux médecins ont suivi une formation de deux jours dispensée par Françoise Couic Marinier, pharmacienne et aromathérapeuthe. « L’idée est venue suite aux questionnements de patients qui souffrent de maux variés et qui utilisent des huiles essentielles à leur domicile explique Emilie Soumagnas, l’infirmière. Un groupe de travail a été créé pour proposer une alternative aux soins et établir des protocoles.» Le personnel soignant dispose désormais de bonnes connaissances en aromathérapie, à savoir la connaissance des différentes huiles essentielles, leur mode d’emploi, leur danger, les indications, les contre indications et leurs limites. « C’est un premier niveau que nous pourrons ensuite approfondir » précise-t-elle.
« Des patients moins stressés »
Pour la mise en pratique, le personnel a ensuite rédigé vingt protocoles de soins selon les usages. « Cela peut-être par diffusion, par inhalation ou par voie cutanée selon les maux à traiter » précise l’infirmière. L’utilisation s’adapte en fonction du thérapeute. « J’en utilise en entretiens individuels et les patients me disent d’abord que cela sent bon donc c’est déjà une ambiance très agréable, relate Lucille Hyvol, la psychologue de l‘établissement, je pense que cela aide à libérer la parole car ils se sentent moins stressés, moins angoissés. Cela créée quelque chose de positif. »
Avant de pénétrer dans la salle de restaurant, les patients peuvent en inhaler, de même qu’en salle de détente ou lors des séances individuelles ou de groupes de relaxation en psychomotricité. « On diffuse du pamplemousse pour diminuer l‘appétit signale Adeline Mange, la diététicienne, nous avons commencé au printemps il n’y a donc pas encore d’études cliniques. »
« Les patients sont demandeurs »
D’après les retours des patients, ils sont plutôt favorables à ces nouveaux protocoles. « Ils sont demandeurs d’alternatives médicamenteuses rapporte l’infirmière, c‘est un outil supplémentaire pour modifier leurs comportements. Ils sont donc intéressés et nous posent des questions. » Certains patients utilisaient également des huiles essentielles avant d’être hospitalisés au centre de l’obésité.
Cette formation répondait donc à un besoin dans le but d’accompagner au mieux les patients dans leur parcours de soins. Les huiles essentielles sont nombreuses et leur utilisation nécessite, en effet, une parfaite connaissance pour ne pas interférer avec d’autres traitements.
« Cela peut être un stick à inhaler ou une compresse sur l’oreiller pour le sommeil ou encore pour des douleurs articulaires ou musculaires, des céphalées, des maux de gorge ou des douleurs dentaires » remarque l’infirmière. Un atelier huiles essentielles a été mis en place pour familiariser les patients à leur utilisation au quotidien. L’huile essentielle de lavande va, par exemple, réduire le stress quand la camomille apaise les patients. L’hélichryse est un puissant anti-hématomes. L’arbre à thé est utilisé comme antiseptique contre les piqûres d’insectes et le ravintsara est un antiviral et antibactérien éprouvé.
Récompensé par une bourse
Initié par le Dr Guylaine Laroumagne, endocrinologue-diabétologue, ce projet vient d’être récompensé par la Fondation Gattefossé pour l’aromathérapie clinique. Une bourse de 5 000 euros a été remise à l’équipe porteuse du projet par sa présidente Sophie Gattefossé-Moyrand, la petite-file de René-Maurice Gattefossé, père fondateur de l’aromathérapie scientifique moderne.
« Le jury a souligné le côté innovateur de ce projet remarquait-elle, c’est la première fois que nous avons travaillé avec un centre de l’obésité et sur l’envie de sucré. De plus, c’est un projet vraiment global avec vingt protocoles, c’est très impressionnant. C’est donc déjà une vraie réussite en attendant des études cliniques.» En France, quarante établissements ont reçu une bourse de la Fondation pour l’aromathérapie.
Pour développer davantage l’aromathérapie, une réflexion est en cours pour former de nouveaux personnels ou passer au niveau supérieur pour le personnel déjà formé. La bourse permettra d’équiper l’établissement avec du matériel pour l’atelier et des lunettes olfactives pour les séances de psychomotricité. Elle pourra financer également un diplôme universitaire en aromathérapie. L’achat de petits matériels est également envisagé comme des diffuseurs d’huiles essentielles adaptés à de grands espaces, des sticks, des flacons, des huiles essentielles et des huiles végétales. A long terme, le centre Bernard Descottes souhaite réaliser des études cliniques sur les problématiques liées à la nutrition.