Ce samedi 10 octobre a marqué un grand événement pour la centrale nucléaire du Blayais et ses responsables : le re-couplage à l’électricité du réacteur numéro 4, synonyme de la fin du cycle des visites décennales des 30 ans engagées sur les unités de production de la centrale de Blaye depuis 2011, et la remise en fonctionnement de l’ensemble des 4 réacteurs de l’équipement. Un réacteur numéro 4 qui lors d’une des activités réalisées dans le cadre de cette visite décennale a particulièrement fait parler de lui cet été, avec la contamination d’un salarié au menton par une poussière radioactive alors qu’il travaillait sur un chantier de maintenance mécanique.
Un cumul de trois causes« Sur plus de 10 000 activités réalisées autour de ce réacteur, une s’est mal passée. Cet èvénement classé de niveau 2, est rare et doit rester exceptionnel. Pour le comprendre et éviter qu’il ne se reproduise, il a été mis en place une analyse détaillée afin d’examiner les causes de l’évènement », a rappelé Nicolas Delecroix, aux membres de la CLIN. Si l’analyse n’est pas encore totalement achevée, trois éléments semblent pour l’heure ressortir : « un niveau de préparation du chantier insuffisant, un niveau de propreté du chantier insuffisant, et une insuffisance du contrôle personnel de la part de l’employé ».
Pour autant, comme le précise un représentant de l’Autorité de Sécurité Nucléaire, intervenant de la salle « il ne s’agit pas de stigmatiser le salarié ». S’il note que ce dernier a manqué un contrôle qui aurait pu permettre de détecter la poussière radioactive plus tôt, et donc diminuer le niveau de risque auquel il s’est exposé, « il y a bien deux autres vecteurs qui apparaissent dans cet évènement : la préparation du chantier, visiblement défaillante, qui a permis de penser que la contamination s’arrêtait à une première phase, alors que visiblement ça n’était pas le cas ; et une tenue de chantier qui n’était pas au niveau ». « Un cumul de trois causes qui appellera à renforcer encore le niveau de sécurité », s’engage Nicolas Delecroix.
Le jeu de la transparenceUn sujet de la sécurité que n’oubliera pas d’aborder la CLIN dans ses futures réunions puisque les questions de sécurité et de leur suivi sont en effet, au cœur même des missions de la structure. Les participants à cette assemblée générale de la CLIN, (qui au delà de ses membres a ouvert « grand les portes » au public intéressé, souligne Alain Renard, son Président délégué et Vice-Président en charge des transports au Conseil départemental), ont ainsi pu directement interrogé le responsable de la centrale sur de multiples sujets : les visites décennales récemment achevées, la prise en compte du vieillissement ou de l’obsolescence d’équipements ou de matériaux qui la compose, les projets de mise en protection contre l’inondation du poste de Brault par la construction d’une digue (prévue en 2016), la mise en place de modifications de sécurité suite au drame de Fukushima, etc… Un jeu de la transparence auquel s’est globalement bien prêté le Directeur adjoint de la structure, avec le bémol de ne pouvoir chiffrer le coût total des visites décennales, précisant seulement que le coût des opérations menées sur le seul réacteur 3, se monte à 112M €.
Quatre groupes de travailMais le travail de la CLIN ne s’arrête pas à cette assemblée générale. La commission a en effet acté, ce mardi, la mise en place de 4 groupes de travail. Le premier d’entre eux a vocation à avoir un regard et un suivi sur les événements significatifs pouvant avoir lieu, le deuxième se consacrera aux études permettant d’avoir des expertises indépendantes, le troisième s’axera sur la communication autour des activités de la CLIN et de la centrale et enfin le quatrième, déjà au travail, se consacre à la révision du Plan Particulier d’Intervention, qui est le plan d’urgence guidant l’action des pouvoirs publics pour la gestion d’une crise radiologique.
Sur ce dernier point, l’Assemblée générale a ainsi permis de souligner que certaines de réflexions de la CLIN avaient été prises en compte par les service de l’Etat dans le cadre de cette révision. Une satisfaction qui s’est doublée ce même jour de l’accord de Simon Bertoux, directeur de cabinet du Préfet de Gironde, à ce que la Commission soit également admise, à titre observatoire, au sein du poste de commandement opérationnel en cas de situation de crise nécessitant la mise en œuvre du PPI. Une autorisation faisant de la CLIN de Gironde un exemple rare au niveau français.