C’est à partir de 2003 que l’aventure à Saint-Emilion commence. Un départ dans une appellation de prestige, démarré chichement avec un premier achat de 48 ares, complété de 96 ares supplémentaires en 2006. S’en suivent six années difficiles, sans beaucoup de moyens, si ce n’est l’amour du travail bien fait, l’obstination de la qualité et la conviction que l’effort sera payant. « A l’époque je n’avais pas les moyens pour investir dans du matériel poussé ; levé à l’aube, je restais jusqu’à minuit à arroser les cuves car je n’avais pas de cuves à thermo-régulation par exemple, se souvient-il. Tout ça dans ce qui ressemblait plus à un garage qu’ à un véritable chai ! On peut bien parler de galère oui ! »
Aujourd’hui certes, tout n’est pas encore gagné mais grâce au portage dont le couple a pu bénéficier en 2012 les viticulteurs sont entrés dans « une nouvelle dimension professionnelle » . « Avant le portage, pour cause de surface trop petite, j’étais simplement cotisant solidaire, sans MSA. Le portage sur 3,18 ha m’a permis de pouvoir m’installer en tant que jeune agriculteur. Sur la production nous sommes passés de 6 000 à 33 000 bouteilles ». Une étape clef de leur développement lors de laquelle, ils ont bénéficié d’un fort accompagnement du Conseil général de Gironde. « C’est eux qui ont revu tout notre dossier et qui nous ont orienté vers la solution du portage avec la Safer. Ils sont très présents, c’est un accompagnement sur le plan technique mais aussi financier fort quand on s’installe hors cadre familial. Leur aide est aussi très précieuse sur le montage du projet de l’entreprise… ».
Après la structuration de l’exploitation, le défi de la mise en marchéQuant au dispositif de portage en lui-même, c’est la SAFER qui a acheté la propriété, et le viticulteur leur verse un loyer déductible du prix total. « Au bout de 5 ans, si tout marche bien, je rachèterai la surface, moins le total des loyers, à la SAFER». D’autre part, il a également pu bénéficier d’aides de l’Europe via la Région pour investir dans un « vrai » chai. Autrement dit, en terme de structuration d’exploitation, le couple est désormais bien loin des débuts. Mais c’est une autre facette du métier qu’il va falloir désormais développer : la mise en marché. « Nous avons un contact à Londres et un caviste sur Paris, avec de bon retour de la part de leurs clients qui apprécient notre vin. Aujourd’hui sur le Salon, le Conseil général nous propose de le faire découvrir, c’est une chance. Globalement, maintenant que l’exploitation est structurée, notre objectif est de parvenir à trouver des agents commerciaux motivés qui chercheraient à développer leur carte en Saint Emilion… »
Et à l’avenir, le projet est bien sûr de développer encore l’exploitation, de parvenir également à installer son épouse mais aussi de créer de l’emploi. « C’est un peu « le deal » avec les institutions, ils vous aident mais vous encouragent aussi à embaucher des gens. C’est normal, c’est donnant-donnant », estime, bon joueur, le chef d’entreprise qui déjà fait appel à des saisonniers sur plusieurs temps forts de la production, ainsi qu’à des ingénieurs, sous forme de prestation. Nous sommes bien entourés, nous travaillons avec un commercial, un ingénieur financier, ainsi qu’un œnologue et un ingénieur agronome. Le travail paie, le millésime 2012 du Chateau Fleur Ursuline, en Saint Emilion Grand Cru, ne déçoit pas ceux qui le dégustent, et paraît-il, le 2013 est encore meilleur !