Caroline Ackeret, « maman » des Restos du Coeur


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Caroline Ackeret, "maman" des Restos du Coeur

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 27/12/2015 PAR Romain Béteille

Il y a 20 ans, jamais Caroline Ackeret, mère de famille de 51 ans originaire de Bordeaux, n’aurait imaginé se retrouver assise sur la chaise confortable de son bureau situé au premier étage du centre départemental des Restos du Coeur, à Bruges. Ce 23 décembre, alors que les bénévoles s’activent en portant des lots sur leurs chariots élévateurs, Caroline anticipe déjà ses rendez-vous de la matinée. Avant d’occuper ce poste important, elle a commencé, voilà dix ans, en tant que simple bénévole à Talence, sans imaginer qu’elle en ferait une sorte de vocation.

 » Je n’avais pas du tout de plan de carrière, rien n’était prévu. Ce cheminement s’est fait au fil du temps, de mon engagement ». La majeure partie de sa carrière professionnelle, c’est en tant que maman qu’elle l’a exercé auprès de son mari, commercial de métier, et de ses trois enfants. Avec ses cinq frères et soeurs, elle a su très tôt ce que signifiait la notion de solidarité, même si elle avoue à demi-mot avoir eu une enfance plutôt heureuse. 

Une ascension rapide

Mais alors, d’où vient le déclic qui a justifié son engagement dans la grande usine des Restos ? « C’est une initiative spontanée et personnelle, parce que c’était une cause sans a-priori, sans parti politique, sans religion, sans étiquette dans laquelle on entrait de façon individuelle et anonyme. Et puis j’ai peut-être eu des parents qui auraient eu besoin des restos. Aujourd’hui, je n’en ai pas besoin, mais dans dix ans ? On ne sait jamais ce qui peut arriver », avoue-t-elle, visiblement émue. Sensible, elle affirme avoir hésité entre l’association fondée par Coluche il y a 30 ans et « Les Blouses Roses », cette association qui vient apporter un peu d’aide et de chaleur humaine aux enfants malades dans les hôpitaux.

Son parcours dans l’association s’est fait  » à la fois tout doucement et rapidement ». De bénévole, elle devient responsable du centre de Talence. On lui demande ensuite de faire partie du Conseil d’administration. Elle arrive au siège départemental en tant que coordinatrice des centres, lien entre les équipes de terrain et le siège. Elle accepte au fur et à mesure de ses statuts de nouvelles responsabilités. « C’est toujours la même chose, dès qu’on voit qu’il y a des bénévoles qui s’investissement, qui prennent du temps, qui ont de l’envie, on profite de les prendre au passage et de leur donner des responsabilités. Quand ils peuvent accorder un plus, on essaye de les récupérer. On m’a déjà demandé de me présenter au Conseil d’administration au niveau national cette année. J’ai refusé parce que j’ai déjà beaucoup de choses à faire ici pour l’instant. Cela restera quelque chose de départemental ou de régional ». C’est qu’elle a ici toutes ses petites habitudes et son confort personnel : un peu de golf, pas mal de bateau, quelques voyages autour du monde. En une petite dizaine d’années, Caroline Ackeret a pu expérimenter les deux facettes d’un même miroir : être bénévole et les diriger. Rien à voir avec ses études de tourisme, en somme. 

La « maman » du centre

Tandis qu’elle vient de débuter sa deuxième année à la tête du siège girondin, elle avoue se donner encore deux ans avant de changer de statut. « Ca ne peut être que sur un temps donné parce que c’est fatigant, à la fois physiquement et moralement. Les Restos, c’est une grosse machine, surtout au sein du département où nous avons du logement, de l’insertion, des instances de sécurité… ». ironie du sort, alors qu’elle a choisi de s’engager et de se donner à fond pour être « au plus près des personnes, apporter un peu de chaleur, être en contact avec des gens dans le besoin et essayer d’aider au mieux », la majeure partie de ses tâches quotidiennes passent par le relationnel, la communication avec les institutions et les collectivités ou auprès de donateurs privés. Le travail de terrain, celui qu’elle a aimé faire lorsqu’elle a débuté en bas de l’organigramme, n’est plus vraiment au coeur de son engagement. Et ça, ce n’est pas vraiment un choix.

« Aujourd’hui, je ne suis plus en contact avec les personnes, c’est un manque. J’aime beaucoup être sur le terrain. J’aime être au contact des personnes, des bénévoles, c’est important de les valoriser et de les soutenir. Le fait d’avoir des responsabilités, de servir à quelque chose m’a rendu plus sûre de moi ». Sûre d’elle, mais jamais loin non plus, ni des 1600 bénévoles ni des 24 820 personnes à qui ils ont servi 2 360 000 repas sur l’année 2014-2015. Très pragmatique et fervente admiratrice de la poilitique du résultat, elle préfère évoquer son engagement plutôt que sa vie personelle. Mais il ne semble pas y avoir un si grand fossé entre les deux. « Un des bénévoles m’appelle aussi maman, parce que j’essaye d’être là tout le temps. Dès qu’il y a un pépin, il vient me voir. Mais c’est moi qui me donne cette échéance. Si j’ai encore la santé, si je suis plus sereine dans deux ans, pourquoi pas continuer à être présidente ». Facile à comprendre : avoir autant d’enfants à sa charge ne peut pas durer éternellement. Cela dit, quand le statut de mère au foyer est devenu un plan de carrière et qu’on avoue avoir sa famille pour première passion, le premier enfant n’est peut-être pas simple, mais les 1600 qui suivent ne sont pas non plus une formalité.  

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