Les ressources forestières couvrent 43% de la superficie totale du Burkina Faso avec une déforestation annuelle estimée à environ 107 000 ha de 1992 à 2002 sur un total de 12,9 millions d’ha (2). Quant aux déchets de papiers et cartons, 15 000t/an seraient gaspillés malgré leurs propriétés énergétiques (3). Face à ces enjeux environnementaux, sociaux et économiques, l’association SOS Energie, basée à Ouagadougou, s’investit depuis 2008 dans l’exploitation du potentiel des énergies renouvelables, en particulier la biomasse, pour une évolution des modes de production et de consommation de la population locale. Le projet EnerCo (Energie pour la Communauté) qu’elle mène en collaboration avec des partenaires locaux et étrangers, dont l’association étudiante française de commerce équitable, EquiTerre Bordeaux, s’inscrit dans cette démarche.
L’été dernier, la « mission Burkina 2012 : des briquettes pour tous ! » réalisée par des membres d’EquiTerre Bordeaux et d’EquiTerre Ouagadougou, également étudiants à l’Université 2ie (Institut International d’Enseignement supérieur et de recherche) a été l’occasion pour SOS Energie d’insuffler une nouvelle dynamique au projet EnerCo de « développement d’une filière durable décentralisée » de valorisation des déchets. Au-delà d’un soutien financier et d’un transfert de compétences et de connaissances, EquiTerre Bordeaux s’est investie sur place dans la fabrication et la sensibilisation à l’utilisation de briquettes de biomasse fabriquées à partir de déchets organiques – feuilles mortes, sciure de bois – de papier et de carton ainsi que de foyers améliorés dits « éco-fourneaux » auprès d’un groupement de paysans dans le village de Kossoghin situé à 60 km de la capitale. L’ambition de SOS Energie est de donner naissance à un modèle de production communautaire durable qui associe également la main d’oeuvre de la filière bois. Interviewé au cours de la mission, Vincent Nikiéma, président de l’association, insiste sur la nécessité d’une transition énergétique progressive dans un pays où « les gens ne savent utiliser que du bois ». Il poursuit : « Il faut maintenant les amener à changer et cela demande une éducation. Il ne s’agit pas seulement de sensibiliser, il faut éduquer. »
Susciter l’intérêt des populations paysannes burkinabè pour la récupération et le recyclage de ces éléments de fabrication et mettre en place une économie circulaire de l’énergie au Burkina Faso constituent les enjeux à court et long terme auxquels de nombreux acteurs locaux sont amenés à être confrontés. EquiTerre Bordeaux s’est engagée durablement à soutenir les initiatives locales inscrites dans cette démarche de responsabilité environnementale.
1 – Lire Antoine Lannuzel, « Ellen MacArthur veut convertir le monde à l’économie circulaire », We Demain, n°3, Mars
2013
2 – Lire « Plan de préparation à la REDD », Ministère de l’Environnement et du Développement Durable du Burkina Faso, 29 Mai 2012
3 – CEFREPADE, « Stratégie de Réduction des Déchets de Ouagadougou (Burkina Faso) – Création d’emplois et de revenus par des actions de collecte, de tri et de valorisation »