Conseil de Métropole : finances et transports


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Conseil de Métropole : finances et transports

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Temps de lecture 6 min

Publication PUBLIÉ LE 23/03/2018 PAR Romain Béteille

Tracé décrassé

Quand on interroge le maire de Bordeaux sur la politique du « tout tramway » qu’est en train de mener la métropole bordelaise et sur celle de la concertation, qui a dernièrement connu quelques limites, ce dernier est plutôt tranchant. « Ce n’est pas une lubie qui apparaît d’un coup, nous avons voté un plan il y a plus d’un an. Ce Schéma des déplacements métropolitains prévoit tout un ensemble de lignes nouvelles sur lesquelles il y a un consensus très fort des élus municipaux et métropolitains. Je ne vois pas pourquoi on aurait attendu que la paralysie nous guette. Dans des communes éloignées de Bordeaux, les habitants attendant avec grande impatience d’être mieux relayés ». Pour la métropole, la concertation, qui s’est tenue du 8 février 2017 au 12 janvier dernier, a pu compter sur « une très forte participation du public » : 2300 personnes aux réunions publiques et 1500 avis exprimés. Y compris celui, toujours au rendez-vous, du collectif Jalles Transports qui s’était montré, juste avant les débuts de cette concertation, agacé par un lobbying jugé un peu trop voyant aux entournures…

Mais l’opération, toujours chiffrée à 74 millions d’euros pour un potentiel évalué à 5000 voyageurs par jour, a, depuis cet épisode et après une guerre de pétitions, arrêté son tracé il y a quelques jours. « Il n’y avait pas de tracé totalement consensuel mais c’est celui qui comporte le plus d’avantages. C’est vrai qu’il est plus cher car plus long, mais je pense que le tracé par la piste cyclable se serait heurté à des oppositions quasiment infranchissables ». Et peu importe, au fond, les « micro groupes de pression » dénoncés par le Président de la métropole : « ils défendent leur intérêt personnel, l’égoïsme est en train de prévaloir, or l’intérêt général est de poursuivre la politique du tram (…) Les élus ont reçu un mandat démocratique pour le faire et les concertations, malgré les divergences sur le tracé, l’adhésion était tout à fait importante ». Malgré tout, un point noir subsistait encore sur le tracé de la ligne D : « nous avions une inquiétude sur la réalisation d’un pont-rail au Bouscat parce que la SNCF nous avait fait savoir il y a quelques temps qu’elle n’avait pas les moyens de réaliser cet ouvrage. Après avoir protesté, nous avons obtenu satisfaction. La région, la métropole et la SNCF financeront donc cet ouvrage qui va permettre de poursuivre les travaux », affirme Alain Juppé. Ce pont-rail est ainsi chiffré à hauteur de 3,7 millions d’euros, dont 1,1 à la charge de la métropole, à la seule condition que les travaux soient effectués avant la livraison de la ligne fin 2019.

Opération mobilité

Le tramway n’est pas le seul projet ne suscitant pas une adhésion totale : le BHNS vers Saint-Aubin de Médoc, malgré quelques 144 réunions (publiques mais surtout individuelles), ce nouveau bus, suscite toujours de vives interrogations, même auprès du tribunal administratif qui, en octobre, avait cassé la déclaration d’utilité publique suite au recours d’une autre association, Bordeaux à Coeur. Bordeaux Métropole, qui au dernière nouvelle s’est pourvue en cassation dix jours plus tard, attend toujours la décision du Conseil d’État qui devrait arriver entre juin et octobre 2018, sauf si le tribunal administratif change d’avis. « Il faut aussi anticiper les innovations technologiques qui vont se produire dans les trois à six ans qui viennent. L’un des handicaps du BHNS, c’est que si on veut qu’il soit électrique, on ne peut pas dépasser des véhicules de 18 mètres. Le tramway, c’est beaucoup plus que ça en termes de capacité de transport, d’autant qu’on voit que le tram est déjà saturé… ». Pourtant, le BHNS entre Bordeaux et Saint-Aubin de Médoc figure toujours dans la liste des crédits attribués ce vendredi dans le budget 2018 (9,5 millions d’euros), preuve s’il en est que la collectivité n’est visiblement pas prête à lâcher le morceau. Les transports, c’est d’ailleurs clairement le volet le plus important des crédits attribués : 341 millions d’euros en investissements et 290 millions en fonctionnement, soit 631 millions d’euros et une hausse affichée de +11%, ce qui représente donc près de la moitié du volet « dépenses »; développement économique, attractivité, habitat et  « qualité de vie » (version polie de la gestion des déchets ménagers, de l’eau et de l’assainissement) suivent derrière.

Le sujet de la mobilité et des transports sur la métropole, revenu sur la table à plusieurs reprises après la tenue des Assises Nationales de la Mobilité en octobre, avait été un peu détourné dernièrement à Bordeaux par la polémique sur le stationnement. Même si la ville a depuis mis de l’eau dans son vin, la récente obligation émise par le tribunal administratif remet le macaron dans les choux. Si le maire de Bordeaux avait fait machine arrière, la ville ne compte visiblement pas céder davantage de terrain dans le dossier en question. « Nous allons contester la décision, parce que je la trouve très contestable. Il est absolument évident que les conditions d’exercice du métier de médecin lorsqu’il se rend au domicile d’un patient n’ont rien à voir avec celle d’un avocat. Je n’ai pas le souvenir que les avocats se déplaçaient au domicile de leurs clients pour les assister, je pense que c’était plutôt l’inverse… ». Ce léger créneau ne reste qu’une parenthèse : au niveau municipal, de nouvelles mesures au sujet du stationnement payant devraient être annoncées lors du conseil municipal du 26 mars. En attendant, du côté de la métropole, on se concentre aussi sur les travaux de voierie : 30 millions d’euros pour le pont Simone Veil, 12 millions pour achever les travaux de la rocade où encore 6,1 millions d’euros dévolus à ceux du pont de pierre, toujours fermé aux véhicules motorisés au moins jusqu’en juin prochain. La collectivité est également en train de réfléchir à un « bonus » co-voiturage, qui devrait arriver en discussion en salle du conseil en septembre. 

Pression budgétaire

Côté finances enfin, le budget 2018 (880 millions d’euros de dépenses, 1,114 milliards de recettes soit +2% dont une hausse des impôts économiques de +3,5 millions d’euros) et des impôts ménages de +3,1 millions d’euros) va devoir se plier, dans un contexte où les dotations de l’État diminuent de dix millions d’euros supplémentaires, à une future contractualisation avec l’État et un seuil de plafonnement des dépenses réelles qui, sauf ajustements de dernière minute (les discussions sur ce contrat financier passé avec la métropole et les villes de Bordeaux et de Mérignac étant toujours en cours, devrait être fixé à 1,35%, soit très légèrement au dessus des 1,2% annoncés au départ par le gouvernement (qui, ailleurs, ne fait pas forcément l’unanimité). « Cela ne veut pas dire que nous allons utiliser ce seuil supplémentaire, mais en cas de problèmes, ce sera notre marge de manoeuvre ». Si les effets de ce seuil ne seront sans doute pas mesurables avant le prochain budget, l’autofinancement des dépenses d’investissements de la métropole marque déjà légèrement le pas : tous budgets confondus, il s’établit à 46,5% contre 48,5% en 2017 et 52% en 2016. Même chose pour le budget principal, en recul lui aussi à 52,5%. Comme la métropole le précise, « le besoin de financement sera couvert par l’emprunt », reste à voir si le contrat passé avec le gouvernement aura des effets sur ce dernier. La dette de la métropole, au 1er janvier dernier, s’établissait à 615 millions d’euros, en baisse de 10,7%, soit 93 euros par habitant contre 111 pour la moyenne nationale des métropoles. La question du maintien de cet équilibre se pose donc, mais le rapport présenté ce jour par le maire de Mérignac, Alain Anziani, concernant l’avancement de la mutualisation sur 2017, montre déjà des indicateurs révélateurs. En effet, dans un premier bilan financier, ce rapport précise que malgré des charges de fonctionnement en hausse de 1,34% pour la métropole, les dépenses de fonctionnement pour les communes, elles,  auraient baissé de 2%. À voir si ces indicateurs ne seront pas traduits par un coup de rabot dans la poursuite de cette mutualisation métropolitaine, ce qui est à priori peu envisageable, en tout cas selon Standard and Poor’s… 

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