Bordeaux lance un « appel » au gouvernement lors des Assises de l’énergie


RB

Bordeaux lance un "appel" au gouvernement lors des Assises de l'énergie

Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 29/01/2015 PAR Romain Béteille

« Nous appelons les autorités à prendre en considération le rôle central des territoires. Nous en appellons à leur conscience afin qu’un engagement historique, universel et contraignant soit conclu en faveur d’une réponse globale au déficit climatique ». C’est ce qu’on peut lire dans le document qu’Alain Juppé, maire de Bordeaux, a remis à Ségolène Royal, Ministre de l’Ecologie, dans le cadre des « Assises nationales de l’énergie » qui se tenaient à Bordeaux pendant 3 jours. L’occasion pour le Président de la Communauté Urbaine d’affirmer l’engagement d’une dizaine d’élus locaux signataires de ce texte, et de préparer le terrain pour la future conférence de Paris sur le climat, qui réunira de nombreux responsables internationaux en décembre prochain. A la Tribune du Palais des Congrès de Bordeaux, la ministre en a profité pour se montrer confiante sur la future loi de transition énergétique qui sera examiné au Sénat à compter du 10 février. 

« 2015 sera une année puissante pour le climat. Cette loi, que l’on disait impossible à rédiger en raison de la trop forte opposition des énergies, sera bientôt votée », a précisé Ségolène Royal, affirmant que les décrets et les ordonnances « seraient prêts au moment de sa promulgation » (le Sénat s’est prononcé favorable ce jeudi à la réduction du parc nucléaire à 50%, une des mesures phares de la loi, mais sans fixer de calendrier). « 70% de la transition énergétique se fera au niveau infra-national », a-t-elle également souligné, comme pour affirmer son accord avec les signataires de « L’appel de Bordeaux ». 

Les grandes étapes de la transition énergétiqueAu programme des mesures les plus emblématiques de cette loi (qui compte pas moins de 65 articles), on peut noter une réduction de 30% des énergies fossiles et même leur division par deux d’ici à 2050, et une multiplication des énergies renouvelables par deux. 5 grands défis ont été énumérés : le bâtiment, les transports, l’économie circulaire, les fameuses énergies renouvelables et enfin la démocratie énergétique. « Le fond vert devrait être mis en place avant le mois de juin. Le crédit d’impôt à 30% sera simplifié, l’accès au prêt à taux zéro sera facilité, avec l’objectif d’en créer 100 000 en 2015. 5 milliards d’euros seront à disposition des collectivités locales sans apport initial, avec un taux d’intérêt de 1,75% qui s’échelonne de 20 à 40 ans, notamment pour rénover leurs bâtiments. Un Fonds spécial de 1,5 milliard d’euros sera créé pour financer les territoires à énergie positive. Le bonus écologique pour le renouvellement des véhicules polluant sera porté à 10 000 euros. A toutes ces mesures viennent souligner l’échéance majeure de cette conférence sur le climat. Nous pensons que nous avons le temps car nous sommes des privilégiés, mais nous devons avoir l’intelligence de répondre à ces défis, a-t-elle réaffirmé. 

Assise quelques fauteuils plus loin, Anne Hidalgo, maire de Paris, a aussi tenu à souligner l’importance que de telles mesures soit applicables à l’échelle des territoires. « A Paris, nous expérimentons, mais il faut généraliser, investir massivement dans les quartiers en difficultés mais aussi dans la transition écologique. Nous devons mettre des moyens nouveaux dans le secteur bancaire, réagir sur la volonté de la BCE de réinjecter des liquidités et continuer les appels à projet pour que ces sommes aillent vers l’économie réelle ». L’élue PS a annoncé le 26 mars une réunion avec les maires européens qui devraient travailler sur une « commande groupée » de mesures collectives. 

François Baroin, ancien porte-parole du gouvernement Sarkozy, a tenu à rajouter que « le modèle parisien » n’était pas « partagé par tous. 2 sujets doivent nous intéresser dans les mois qui viennent : la protection des milieux aquatiques, notamment se préserver des inondations, et un véritable plan financier sur les normes. On peut avoir les meilleurs objectifs en partage, si nous n’avons pas le financement adéquat (qui pourrait passer par une hausse d’impôts ?), nous n’aurons pas atteint notre objectif ». 

Une mobilisation à toutes les échellesAu niveau infra-national cher à Ségolène Royal, Alain Rousset, Président du Conseil régional d’Aquitaine, a relevé « qu’un partage commençait à se dessiner dans une société française centralisée entre le rôle de l’Etat et celui des régions et des intercommunalités. Nous sommes en retard sur les énergies renouvelables alors qu’elles offrent des opportunités formidables. Ce partenariat intéresse bien évidemment les régions pour qu’elles puissent réfléchir sur l’écriture des futurs décrets. Mais nous attendons de la COP21 d’arriver à un vrai « prix carbone » car tant qu’il n’y aura pas de valeur, de prix, de fiscalité, nous n’aurons pas avancé ». Enfin, Hervé Gillé, en tant que conseiller général du canton de Podensac, a tenu a porter la parole des départements qui, selon lui, « jouent un rôle dans l’accélération des subsidiarités. Il y a un décrochage profond des citoyens, et il nous faut inventer une réelle appropriation à l’échelle des territoires. La transition énergétique, c’est l’énergie de toutes les transitions. Il n’y aura pas de pacte sur le climat sans pacte civique, et pour cela nous devons passer de l’administration des territoires vers leur animation ». 

« Nous sommes en première ligne, ici, à Bordeaux, face à la pollution, aux phénomènes climatiques, aux défis de l’aménagement urbain, à la précarité énergétique », a rappellé Alain Juppé en présentant le texte aux politiques présents. « Cet appel est une interpellation pour le gouvernement qui doit prendre ses responsabilités, une demande de participation des territoires qui souhaitent être partie prenante des décisions, et une volonté d’adaptation des compétences de ces collectivités qui sont en première ligne et des interlocuteurs incontournables des négociations ». Plus que jamais, l’accord climat de Paris semble le rendez-vous à ne pas manquer pour l’actuel gouvernement.

Partagez l'article !
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Laissez vos commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

On en parle ! Gironde
À lire ! ENVIRONNEMENT > Nos derniers articles