Pour le couple malade-aidant, la maladie d’Alzheimer, outre les symptômes pour l’un et les conséquences supportées par l’autre, est aussi pour les uns vecteur de rupture social forte et d’enfermement autour de la maladie. C’est pour rompre ce face-à-face exclusif entre aidant et malade, et redonner un peu « d’air frais » aux aidants, que la Croix-Rouge française, s’est lancé au niveau national dans la mise en place d’un réseau de HRDA. Un réseau qui compte désormais 25 unités, et que Bordeaux vient d’élargir avec l’inauguration de ce vendredi. Une inauguration, en vérité pour la forme puisque la halle est ouverte depuis le mois de février. Trois personnes y sont accueillies et prochainement une quatrième. Le succès arrive peu à peu.
« Aller dans le sens des capacités et des envies de la personne »Installée dans une petite annexe de l’EHPAD Henry Dunant de la Croix-Rouge, la halte, une petite maison jusque-là non utilisée et entièrement rénovée, abrite plusieurs espaces d’accueil, un coin repos, un jardin et une cuisine, pour la préparation des goûters. Un univers convivial où les personnes accueillies par un groupe de 12 bénévoles, formés tout exprès formé à l’accueil de ces malades par l’Institut Régional de Formation de la Croix Rouge.
Sur place, les bénévoles proposent des activités diverses et variées aux personnes accueillies : des « jeux de société, jeux de balles, jardinage, activités manuelles, simples discussions si c’est ce qui leur convient… Personne n’impose une activité, nous allons dans le sens des capacités et des envies de la personne », souligne Benoît Lambert, bénévole à l’unité bordelaise de la Croix-Rouge. Accueil et attitudes bienveillantes sont au rendez-vous, tant envers les personnes malades, qu’envers leurs proches. En effet, « ce n’est pas facile de convaincre un aidant de nous confier son proche. Beaucoup en ressentent un sentiment de culpabilité, ou « de ne pas être à la hauteur » face à la maladie », explique ce bénévole en charge de la communication de l’unité locale. Le dialogue est donc important aussi avec la famille.
Un suivi constantUn dialogue qui prend sa place avant même l’accueil d’un nouvelle personne à la halte. Un premier contact se passe à trois, entre l’aidant, le malade et les bénévoles. Ensuite, se met en place un suivi constant entre l’aidant et les bénévoles pour savoir comment sont vécus les allers-retours entre la halte et le domicile. En interne de la Croix-Rouge, le debriefing de chaque session d’accueil est également important, signale Benoît Lambert. « Eric Dabè, le responsable de la halte, fait à chaque fois,un compte rendu aux 12 bénévoles, même s’ils n’était pas tous présents ce jour-là », précise-t-il.
Au total, la HRDA de Bordeaux aura nécessité un « budget global de 35 000€ dont le financement a été assuré à la fois par l’Unité locale de Bordeaux, le fonds de financement de la Croix-Rouge au niveau national et le groupement de Mutuelles MUTEX, fidèle partenaires des actions de la Croix-Rouge française. En plus, une participation de 5€ est demandée à chaque séance, pour l’achat de jeux ou des goûters», précise Eric Dabè et Julie Trouvé, qui se sont partagés le montage du projet. Un projet qui a nécessité une bonne dose d’énergie, mais à la hauteur de l’enthousiasme des bénévoles et salariés de la Croix-Rouge présents à cette inauguration ensoleillée.