Lorenzaccio ou le romantisme électriqueLe romantisme, une notion très souvent associée, et parfois limitée, à la mélancolie et la solitude, thèmes chers à Lamartine ou à Chateaubriand. Chez Musset, le tourbillon romantique s’exprime bien sûr aussi dans cette idée d’isolement et de tourment, mais pas uniquement. La colère, la rage et l’inquiétude sont autant de traits romantiques particulièrement inscrits dans Lorenzaccio, une grille de lecture qui n’a pas échappé à Catherine Marnas qui voit dans les romantiques du 19e « l’équivalent des punks ». Quelques jours avant la première de son adaptation de la célèbre pièce de Musset ce mercredi 7 octobre, la directrice du TnBA évoque son travail autour de Lorenzaccio, « une version plutôt philosophique et politique où des enjeux d’aujourd’hui se posent à l’instar de la place de l’argent et du pouvoir dans la société ou la question de l’écologie; la seule distance évidente dans cette adaptation, c’est la langue de Musset, j’ai opéré des coupes dans le texte, mais la langue demeure ».
Désinvolture et angélisme sur fond de musique rock L’hybridation, voici donc l’un des mots clés de cette ouverture de saison au TnBA: des costumes où la Florence du 16e siècle existe en même temps que l’époque contemporaine, entre Renaissance et modernité, des parenthèses musicales où plusieurs morceaux rock résonneront au même titre que de la musique religieuse. Côté texte et intrigue, là où Musset mettait en place, ou plutôt en pages (Lorenzaccio n’ayant jamais été montée du vivant de son auteur) quatre-vingts personnages, trente-six changements de décor et plusieurs intrigues parallèles, Marnas a fait le choix d’un texte resserré pour huit comédiens, de coupes qui recentrent l’action autour du personnage de Lorenzo, personnage oscillant ici entre « désinvolture et angélisme, comme une métaphore de notre inquiétude ». Sur scène, les « fidèles » de C.Marnas comme Julien Duval, Franck Manzoni et Bénédicte Simon côtoieront deux anciens élèves de l’ESTBA, Zoé Gauchet et Yacine Sif El Islam. Parallèlement à la pièce, deux expositions seront à voir, celle de Jean-Pierre Vergier, Peintures noires au Tn’Bar et, dans le hall de la Grande Salle Vitez, Lorenzaccio du photographe Pierre Grosbois qui collabore avec Catherine Marnas depuis une vingtaine d’années.
Lorenzaccio, mise en scène de Catherine Marnas, au TnBA du 7 au 22 octobre, Grande Salle Vitez, durée estimée 2 heures, plus de renseignements sur http://www.tnba.org/