Plan bidon, décision politique, pression des lobbies….En dépit de leur qualificatif de « verts » les écologistes et autres protecteurs de l’environnement ne sont guère emballés par le plan gouvernemental annoncé en grande pompe par Dominique de Villepin. Ce plan va au-delà des engagements pris précédemment par Jean-Pierre Raffarin. Mais la caravane passe, y compris dans le sud-ouest avec les investissements industriels de Lacq et de Bordeaux-Bassens (voir ci-contre). Quant au monde politique, il a largement emboîté le pas: lorsque l’on a besoin des électeurs on ne peut rester indifférent à la flambée du baril (en extinction passagère ces temps-ci) et aux problèmes de pollution. C’est ainsi que Dominique de Villepin relaie, en l’amplifiant, la démarche de son prédécesseur, que l’Aquitaine participe au financement du projet de Lacq, et que même Ségolène Royal, en Poitou-Charentes, fait rouler des bus au Diester en encourageant l’ouverture de la première pompe d’E85. Tout ceci justifie bien que l’on ouvre le dossier de ces biocarburants à l’abri, si ce n’est des effets de serre du moins des effets de manche.
Le plan gouvernemental
Il prévoit à l’horizon 2010 la substitution de 7% des carburants d’origine fossile (2,9 millions de tonnes de TEP- tonnes équivalent pétrole-) de gazole et de 0,7 millions de TEP d’essence par les biocarburants, soit 3,2 millions de tonnes de biodiesel et 1 millions de tonnes d’éthanol, objectifs supérieurs aux indications de la directive européenne sur le sujet. Le but du gouvernement est même de porter le pourcentage de substitution à 10% en 2015. Il encourage le développement de ces filières en accordant des réductions (pour des « volumes agréés ») de TIPP (taxe intérieure sur les produits pétroliers). Dix usines supplémentaires (sept de biodiesel, trois d’éthanol) ont ainsi été programmées au début de 2006, ce qui représente pour les industriels un investissement de plus de 1 milliard d’euros en vue de la fabrication de 3 millions de tonnes de biocarburants en 2008. Ce plan qui ne manque psa de retombées sur l’agriculture (culture possible sur les jachères) et sur l’emploi permettrait de réduire de quatre à sept millions de tonnes les rejets de Co2. Le biodiesel permet de réduire de 75% les gaz à effet de serre et le bioéthanol de 60% . Il faut noter par ailleurs que la loi d’orientation agricole autorise les exploitants agricoles à produire de l’huile végétale pure -sujet très en vogue en Lot-et-Garonne- et de l’utiliser dans les tracteurs. L’emploi de ce carburant est maintenant également possible pour les flottes des collectivités. La France a produit 517 000 tonnes de biocarburants en 2006, et elle en obtiendra 3,56 millions cette année. La filière bénéficiera d’un soutien de 500 millions d’euros en 2007 contre 225 millions en 2006.
Les « biocabs » c’est quoi?
Filière éthanol- Ce dernier est obtenu par fermentation alcoolique. Il peut s’agir de blé, betterave, maïs, raisin, biomasse. Il peut être utilisé en direct en fort pourcentage dans l’essence comme au Brésil où 4,5 millions de véhicules légers fonctionnent à l’E85 (85% d’éthanol). En Fance, Thierry Breton vient de donner le feu vert à l’E85, et c’est ce qui explique l’ouverture des premières stations spécialisées. Mais leur fréquentation est faible pour la bonne raison que les constructeurs français n’ont pas encore produit de moteurs adaptés. En revanche en Suède, où Saab a généralisé le système Flex fuel, il existe des centaines de stations qui proposent l’E85. Il faut dire que les pétroliers pour des raisons pratiques ont joué la carte de l’ETBE (ethyl tertio butil éther), un alcool traité en raffinerie et qui peut être ajouté à l’essence sans problème de stabilité du mélange et sans modification des moteurs. Filière huiles- Les huiles végétales pures peuvent être utilisées en direct, après filtration, dans les moteurs Diesel. Alain Juste , l’Institut Français des Huiles Végétales pures, et la communauté de Commune du Villeneuvois qui vient de tester une flotte de camions pendant un an en font la démonstration (voir ci-contre). Mais la France, du moins les grandes organisations agricoles avec le soutien des gouvernements, a joué la carte d’un carburant plus élaboré, l’huile étant transformée à l’aide de méthanol en EMVH (esther méthylique d’huile végétale) lequel est fabriqué par le groupe Diester Industrie.
Dossier réalisé par Gilbert Garrouty
Notre photo: le charme et l’utilité du tournesol (ph Prolea)