Le ministre de l’Environnement, a beau ajouter à son titre développpement et aménagement durable, il ne peut faire moins que demeurer à l’écoute des écologistes. C’est ainsi qu’une nette différence d’approche surles OGM se fait jour entre Alain Juppé et Christine Lagarde. Celle-ci a approuvé le nouveau règlement européen de l’agriculture biologique qui, comme pour l’agriculture conventionnelle, autorise la présence de 0,9% d’OGM dans les aliments bios. Or, Alain Juppé a considéré que ce seuil « pose problème », et qu’il entend en discuter avec la ministre de l’Agriculture. Il souhaiterait même évoquer un moratoire avec sa collègue de la rue de Varenne. Mais pour celle-ci « ce n’est pas urgent ».
La FNAB veut une marque
Première tension entre ultra-libéraux et « organisateurs », ou stratégie destinée à faire passer la pilule? L’avenir le dira. En tout cas la Fédération Nationale de l’Agriculture Biologique estime que la « bio est en danger » en constatant que le règlement européen qui entrera en vigueur en 2009 « comporte des points inacceptables »: « la possibilité de faire moins que la règlementation, l’absence de subsidiarité, un étiquetage en régression, et enfin, le refus de reconnaître aux productions bios le droit d’être totalement indemne d’OGM » . Aussi la FNAB indique « qu’elle va désormais travailler à une marque privée afin de garantir la crédibilité auprès des consommateurs ». Elle demande même aux électeurs « de faire barrage aux pros-OGM ».
Rouleau compresseur ?
Les anti-OGM se trouvent en face d’un rouleau compresseur que, le 24 mai dernier, le tribunal de Marmande, est loin d’avoir arrêté. Il est en effet demandé selon les apiculteurs, « de poser les ruches loin des champs de maïs OGM. » Mais dernièrement à Bordeaux, les manifestants n’ont pu obtenir leur localisation!….
Autre chapitre du feuilleton: alors que les autorités allemandes ont supendu l’importation du maïs OGM Mon 810, la commission française du génie biomoléculaire, saisie par les deux ministres, a décidé jeudi 14 juin de ne pas remettre en cause l’autorisation dont il bénéficie depuis 1998 estimant « qu’il n’y a pas d’éléments de nature à remettre en cause l’évaluation environnementale ».
Rencontre Juppé-Bios d’Aquitaine Elections législatibes obligent: Alain Juppé a reçu ce vendredi 15 juin à Bordeaux une délégation des représentants des filières biologiques d’Aquitaine. Le ministre d’Etat a déclaré « avoir pris conscience en écoutant ses interlocuteurs qu’entre la pérennité de ces filières et la prolifération des cultures OGM il peut y avoir une contradiction » et a ajouté » tout le monde se met à ces cultures OGM au motif que c’est le progrès et la productivité. Peut-être que la qualité pourrait être la carte française. C’est une dimension qu’il faut intégrer dans nos réflexions. » Pour Jon Harlouchet, président des Bios d’Aquitaine, le ministre aurait dû suivre l’Allemagne qui a suspendu l’autorisation du maîs MON 810 en attendant la mise en place d’un plan d’observation sur l’environnement. |
Gilbert Garrouty