« À la demande du Président de la République, et dans un esprit d’unité et de responsabilité, j’ai décidé de ne pas être candidat à l’élection municipale de Biarritz et de poursuivre la mission qu’il m’a confiée au sein du Gouvernement. » C’est le tweet qu’envoyait à 16 heures ce lundi le ministre de l’Agriculture et de l’alimentation Didier Guillaume.
En face, le secrétaire d’État au tourisme, Jean-Baptiste Lemoyne commentait pour sa part par l’intermédiaire d’un tweet envoyé à 21h35: » Mon attachement à ma ville de cœur, reste intact. Ma décision permet l’union de la Majorité présidentielle autour de Michel Veunac. Je l’ai toujours soutenu et il pourra continuer à compter sur tout mon soutien dans cette élection ! »
Guillaume: « Votre déception est égale à la mienne pour Biarritz »
Le président de la République a renvoyé dos à dos ses ministres, mais aussi privé Michel Veunac d’une carte qui pouvait s’avérer majeure. (ici au salon Lurrama où s’était rendu Didier Guillaume avec une idée derrière la tête)
La première personne à regretter cette absence aura été le maire Michel Veunac qui a commenté: « Je vais regretter que Jean-Baptiste Lemoyne ne soit pas sur ma liste parce que c’est un homme que j’apprécie beaucoup. Je pensais qu’il n’y avait pas de symétrie entre une présence sur une liste et une candidature officielle. C’est donc la volonté du président de la République et donc je la respecte. Jean-Baptiste Lemoyne -ici en compagnie de Michel Veunac lors du cngrès des hôteliers- aura peut-être l’occasion de me soutenir et soutenir ma liste. »
Le maire de Biarritz considère comme un adoubement, la décision du président Macron qui n’a pas flanché sur la candidature de Didier Guillaume.
Mais il faut ajouter que le départ envisagé du gouvernement du ministre de l’Agriculture avec en perspective le prochain salon de l’Agriculture et surtout la validation par le Parlement européen du Brexit avec un dossier brûlant sur la pêche pénalisait sérieusement le président de la République. Aussi, en fin de matinée, Didier Guillaume a-t-il envoyé un message à ses amis biarrots, dont voici le contenu:
« Comme vous le savez, le président de la République m’a reçu hier soir pour me faire part de sa décision concernant notre ville pour les municipales.
« Le président m’a demandé expressément de ne pas me présenter aux élections municipales de Biarritz, compte tenu des échéances importantes qui attendent le monde agricole et agro-alimentaire dans les mois qui viennent. Quoiqu’il m’en coûte vis-à-vis de vous, je me dois de respecter sa décision par loyauté et sens de la responsabilité.
« L’arbitrage comprend également le retrait de Jean-Baptiste Lemoyne de la liste de Michel Veunac.
« Je sais l’engagement et l’envie que nous avons mis en ce début de campagne. Je mesure votre déception elle est égale à la mienne pour Biarritz. Mais nos idées, nos convictions et notre projet peuvent continuer à vivre. »
« Le collectif qui s’est constitué à mes côtés ces derniers jours se réunira ce soir pour décider des suites à donner à ce projet. Nous ne manquerons pas de revenir vers vous. »
Pour les autres candidats, hier soir c’était « champagne pour tout le monde! »
Guillaume Barucq, Biarritz Nouvelle vague: « Comme pour tout le monde l’annonce d’hier soir a été une surprise, mais finalement c’était le seul choix possible pour le président. Il était difficile de débrancher l’un sans débrancher l’autre. Tout le battage n’aura finalement servi à rien. On se rend compte que les candidats locaux sont les mieux placés et les plus légitimes. Cela fait une liste en moins, ce qui va clarifier le jeu et ensuite la liste de Michel Veunac se retrouve affaiblie par la perte de sa pièce maîtresse, Jean-Baptiste Lemoyne. L’ultra médiatisation a fait un flop. Aujourd’hui nous repartons sur un vrai pied d’égalité. Cela ouvre encore plus complètement cette élection et Biarritz Nouvelle vague a l’intention de jouer sa carte à fond et apporter de l’oxygène à Biarritz. »
Maïder Arosteguy, « Pour Biarritz, pour vous: Je prends acte de la décision du président de mettre fin à ce double parachutage irrespectueux des biarrots. Le Maire, à la peine pour défendre un mandat chaotique, avait cru pouvoir compter sur une doublure de prestige pour lui succéder en cours de mandat. La situation était inacceptable. La première réunion publique du ministre de l’Agriculture était organisée un vendredi à 15 heures. La plupart des Français sont au moins aux 35 heures, donc on exige d’un ministre qu’il soit au moins aux 35 heures, voire plus. Par ailleurs, Jean-Baptiste Lemoyne était une caution du maire qui, pour cacher son maigre bilan, a eu besoin d’un secrétaire d’État pour noyer le poisson. Donc maintenant, on va enfin pouvoir parler de l’avenir de Biarritz. »
Marine Batiste, Maintenant ou jamais : « On va retrouver un peu de rationalité dans notre campagne, et on va enfin pouvoir parler des sujets locaux. Il n’y aura plus les questions d’ego des ministres, ni de petites phrases, ni la médiatisation ou le tapage autour de leur parachutage. Donc je suis plutôt ravie ».
Nathalie Motsh, Biarritz 2020: « Tout ça pour ça. C’était une perte de temps pour les Biarrots. Mais c’est une décision de bon sens. Maintenant, on va enfin pouvoir parler de Biarritz. Mais on est content de pouvoir à nouveau être avec les Biarrots sans être sous les feux et les éclairages des médias nationaux. On se rendait de toute façon bien compte sur le terrain que la mayonnaise ne semblait pas prendre. Les gens nous disaient qu’il ne voulaient pas de parachutage. Le président a sifflé la fin de la récréation, c’est une décision sage. «
Jean Benoît Saint-Cricq, Biarritz Ensemble.- « Ma réaction première a été d’indiquer à la radio qu’à Biarritz, nous avons une grande qualité, c’est de savoir accueillir les touristes. Comme il a fait beau, ces messieurs garderont un bon souvenir de cette courte campagne biarotte. Autant de la part de M. Lemoyne je trouve qu’il y avait une démarche qui pouvait se concevoir. Il y avait des offres de transmission de témoin. Il arrivait avec une certaine modestie pour se positionner dans une place subalterne. La démarche de M. Guillaume peut paraître plus étrange dans la mesure où il semblait posséder ses dossiers comme il l’a montré. Qu’allait-il faire dans cette galère? Apparemment la mayonnaise ne prenait pas. Bien malin celui qui saurait ce qu’il va se produire maintenant. Peut-être Monsieur Brisson aura-t-il la tentation de se lancer ou préfèrera-t-il rester l’arme au pied bien sagement? C’est quelqu’un qui est tout à fait légitime dans sa démarche dans la mesure où il s’est présenté de nombreuses fois. C’était risqué pour Michel Veunac de tenter cette démarche. Le résultat est contre productif puisqu’il se retrouve déplumé. Saint-Cricq en rêvait Macron l’a fait!! »
Max Brisson: « Je ne souhaite pas m’exprimer sur ce qu’il vient de se passer »
Certes, mais pour autant les jeux sont loin d’être faits. Ce jeudi soir, l’équipe de Didier Guillaume, « Biarritz! » se réunit pour décider de la suite des événements. Dans le même temps, le président du Syndicat mixte de l’aéroport Biarritz Pays basque, -et maire de Biarritz- Michel Veunac, présentait avec son directeur Didier Riché ses voeux et un bilan de l’année. En présence du sénateur Max Brisson arrivé en provenance de Paris. Sollicité pour donner son avis sur cette situation nouvelle, il nous a montré le mail qu’il a fait parvenir à la presse. Et dont voici le contenu:
« Je ne souhaite pas m’exprimer sur ce qu’il vient de se passer. Je constate simplement que l’élection parisienne et les difficultés de LREm dans la capitale se sont invitées dans notre ville avec les conséquences que l’on sait. Pour ce qui me concerne, seul l’avenir de Biarritz importe et dans ce nouveau contexte, autour de quel projet et de quelles idées il peut se construire. Prendre le temps de la réflexion est donc plus que jamais necessaire. Et le temps de la réflexion, c’est maintenant. »