Selon l’étude dirigée par Philippe Moati, « 92% des responsables d’entreprises de distribution et d’organisations professionnelles interrogés anticipent que le commerce de détail s’apprête dans les dix ans à venir, à des changements plus profonds que ce qu’il a connu ces dix dernières années. » Des mutations dont certaines sont déjà en cours avec l’arrivée progressive de nouveaux concepts commerciaux et de nouvelles relations avec la clientèle. Parmi les nouveaux modèles de distribution Philippe Moati cite par exemple le e-commerce. Celui-ci représente actuellement 4% du commerce de détails mais pourrait, selon les estimations des professionnels interrogés, monter jusqu’à 24% à l’horizon 2020 ! Autre pratique en cours de développement : le « drive », qui permet au consommateur de faire ses courses depuis son ordinateur et de ne passer au supermarché que pour les récupérer en voiture.
Du « commerce de précision »…
Autre tendance lourde notée par le chercheur : la segmentation de la distribution, avec la mise en place d’un commerce plus spécialisé pour mieux s’attacher des cibles de clientèle spécifique. On peut d’ores et déjà recenser des magasins spécialisés de toute sortes : certains se spécialisent dans les prix bas , d’autres s’axent sur la fraîcheur, d’autres encore sur l’exotisme ou l’ethnique. « Ne serait que sur le bio, là aussi l’offre est segmentée : il y a les magasins bio militants, à distinguer des magasins bio plus axés sur la notion de bien être… » relève Philippe Moati. En d’autres termes, « le marché de masse de demain se fera par l’addition des marchés de niches ». Après le « scénario du règne du prix cassé », qui prévalait jusque-là, c’est donc un scénario de « commerce de précision » qui se met en œuvre. Un scénario selon lui qui laisse moins de place à la suprématie des hyper-marchés et confirme son constat que leur part de marché s’effrite non-stop depuis 10 ans…
au « commerce serviciel »
Pour autant ce « commerce de précision » ne sera, selon Philippe Moati, qu’une étape vers l’avènement du « commerce serviciel ». C’est-à-dire un commerce qui va au-delà du simple concept de « vente et de revente » mais qui est d’avantage pensé comme « pourvoyeur d’effet utile » et « apporteur de solutions au consommateur ». Dans ce modèle : il s’agit de développer l’offre de services au consommateur et de faire en sorte que son « expérience de consommation reste positive ». Parmi les exemples relevés, le site de e-commerce américain Amazone met en avant un service de « ravitaillement » plutôt que de la distribution de produits de consommation. A partir d’une liste de course préétablie sur le site et selon un rythme donné, le client est ravitailler sans avoir à se soumettre à la corvée des courses, ni à la réception de ces produits : ses placards se remplissent régulièrement et « tout seul » ! Un service dans lequel le distributeur ressort également gagnant, puisque par le biais de la régularité « automatique » des livraisons, il fidélise le client. Orientation client et facteur serviciel, la clef de la réussite commerciale dans dix ans !
Photo: Aqui.fr
Solène Méric
Autre temps fort de cette matinée, l’élection de Thierry Blandinières, Président de Delpeyrat et Directeur de la Coopérative Maisadour, à la Présidence de l’ARDIA quelques minutes avant l’intervention de Philippe Moaty. Dans un bref discours d’orientation, le nouveau Président a particulièrement insisté sur son ambition de donner à l’ARDIA « une visibilité puissante non seulement dans le sud ouest et au niveau national mais aussi à l’international ». Selon lui l’ARDIA doit être «le porte-étendard de l’agroalimentaire aquitain », pour lequel il estime par ailleurs que la future bannière « Sud ouest » qui fédérera Aquitaine et Midi-Pyrénées, peut être une vraie opportunité sur le terrain de l’international.