Samedi 5 février, un fonctionnaire de police de Libourne, marié à une gardienne de la paix, a entamé une grève de la faim pour dénoncer le projet de fermeture du commissariat de cette ville de plus de 20.000 habitants. Et ce, alors que ce père de deux enfants est suivi médicalement après une ablation partielle de l’estomac subie il y a quelques années. Le symbole est fort et en dit long sur la colère des policiers de Libourne. Mercredi, prochain, une manifestation est programmée pour protester contre cette fermeture « incohérente ». Une chose est sûre, les policiers de Libourne seront nombreux. Ils seront accompagnés par les élus de la ville. « C’est une décision scandaleuse par sa nature, la fermeture d’un service public, mais aussi dans sa forme », dénonce Philippe Buisson, en charge de la tranquillité publique. « Il n’y a eu aucune concertation avec la ville de Libourne, alors que le maire Gilbert Mitterrand la réclame depuis plusieurs mois », rappelle-t-il. « C’est un « mépris vis-à-vis des élus et de notre collectivité qui a déjà payé un lourd tribut à la révision générale des politiques publiques », estime l’élu socialiste. En effet, en 2008, Libourne avait vu partir l’école des sous-officiers de la gendarmerie, qui représentait 450 emplois.
Un projet « incompréhensible »
Cette fermeture a été décidée par le ministère de l’Intérieur dans le cadre de la création d’une police d’agglomération bordelaise. Ce dispositif prévoit le remplacement des 69 fonctionnaires libournais par une trentaine de gendarmes, selon les syndicats de police. Un chiffre contesté par le préfet de Gironde, Dominique Schmitt. « 55 militaires de la gendarmerie qui interviennent aujourd’hui sur l’arrondissement (hors Libourne) deviendront compétents sur la ville chef-lieu dès septembre. Ainsi, en intégrant la commune de Libourne à son dispositif, la gendarmerie renforcera la cohérence du dispositif en matière de lutte contre la délinquance et l’insécurité routière. L’enjeu est de taille puisque la ville de Libourne concentre à elle seule 63% de la population de la circonscription et près de 80% de la délinquance », indique-t-il. « Nous ne sommes pas opposés à la formation d’une police d’agglomération à Bordeaux. En revanche, l’intersyndicale est totalement opposée à la fermeture du commissariat », rétorque Olivier Hourcau, secrétaire zonal d’Alliance. « C’est déshabiller Pierre pour habiller Paul », analyse Christophe Gras, agent à la brigade anti-criminalité de Libourne et délégué local Alliance, qui juge ce projet « incompréhensible ». « On ne pense pas aux épouses qui vont devoir démissionner, aux problèmes de scolarité des enfants… », avance-t-il. « Il y a un double langage » du gouvernement, qui agite au niveau national le thème de la sécurité, mais opère « au niveau local des coupes », dénonce Philippe Buisson.
Photo : Nicolas César