La coopération agricole, c’est tout un monde, et toute une organisation. De grands principes aussi, tels que prise en compte de l’humain, des territoires, de l’environnement, qui faisaient dire à Michel Prugue, président de Maïsadour,à Beychac-et-Caillau, où se tenait l’assemblée générale de la FRCAA, « je ne peux accepter qu’on nous assimile à des multinationales ». Sur le plan organisationnel, on notera que la Fédération Aquitaine, présidée par le périgordin Jean-Pierre Raynault, a décidé de séparer, comme les textes le lui imposent, l’activité syndicale et la branche révision comptable. A remarquer aussi les efforts en matière d’information et de communication avec le lancement d’une lettre d’information, et un débat mis en scène avec la contribution du CECA (Centre de la Communication Avancée), et de la video (réalisation d’un micro-trottoir). Si le grand vent libéral balaie l’économie, la coopération n’en paraît pas moins un recours dans le sud-ouest, notamment à propos de la mise en valeur des produits d’origine et de qualité. Ainsi dernièrement sont nées Gorria qui regroupe les producteurs de piment d’espelette AOC, Aquitaine Chanvres, L’Union Guyenne (2 caves coopératives), Vallée du Lot (Fruits et Légumes), Alliance Bourg (viticulture) .
Attention aux prix!
La FRCAA était dans le fil de l’actualité puisque la table ronde avait pour thème « concilier performance agricole et développement durable ». C’est dire que l’ombre du Grenelle de l’Environnement , dont la dénomination même, par sa référence à la crise de 1968, a été jugée « abusive » planait sur les échanges réglés par notre confrère de France Bleu Gironde Alain Pagès. Christian Pees, président d’Euralis a jugé cette mise en commun du Grenelle globalement positive, mais non sans mettre en garde contre les incidences éventuelles d’une réduction aveuglede l’utilisation des pesticides. Cela, pourrait selon lui, conduire à une forte réduction de la production. « Et à une forte hausse des prix » enchérissait Jean-Charles Paris, directeur régional du développement d’Auchan. Au long du débat, on notera d’ailleurs le souci des dirigeants de cette enseigne de ne pas tuer la poule aux oeufs d’or de la production, et leur volonté affirmée de conclure des accords à long terme avec celle-ci. Les dirigeants d’Auchan prennent également leurs distances avec les conclusions de la commission Attali, et manifestent leur opposition à la vente à perte. J-C Paris a par ailleurs indiqué que la grande distribution va clore un mauvais exercice, Leclerc annonçant une baisse de 15% de ses résultats, et Auchan prévoyant un recul de 10%.
L’énergie du maïs
Le dossier des biocarburants qui fait l’objet de sévères critiques dans le cadre, ou en marge du Grenelle de l’Environnement, préoccupe les responsables de la coopérationagricole du sud-ouest qui a misé sur la production de bioéthanol à Lacq. Un projet soutenu au départ par le Conseil régional d’Aquitaine. Mais aujourd’hui Alain Rousset, président de la région Aquitaine, affirme son scepticisme à l’égard de cet investissement. Pour Michel Prugue, le contexte des municipales n’est pas étranger à ce changement de cap. Le président de Maïsadour rappelle également que le projet découle d’une réflexioin entamée il y a 20 ans, à l’heure où le marché du maïs était dépressif. »Aujourd’hui on nous oppose d’autres technologies, mais il s’agit aussi de respecter l’espace temps ». Et de citer l’exemple de la télévision »avant l’écran plat, on a connu l’écran cathodique »! « Aujourd’hui, on nous prête tous les défauts », déplore Michel Prugue, y compris d’affamer la planète ». « Or, estime de son côté Christian Pees, tout le monde sait que les biocarburants ne peuvent pas en ce moment être responsablesde la hausse des prix des céréales ».L’agriculture aquitaine ne produira pas cependant uniquement de l’énergie avec des matières premières nobles:Bruno Lapeyre (Suez-Elyo) a présenté un projet de création à Lacq d’un unité de production d’électricité à partir de cannes de maïs.
Gilbert Garrouty