Côté élus : « Simplifier la tâche »
Après un exposé de la situation et des territoires touchés, powerpoint à l’appui, l’heure était à la discussion. Michel Bedecarrax, secrétaire général de la préfecture, a pris la parole pour présenter les différentes mesures administratives auxquelles les viticulteurs pouvaient faire appel, comme les côtisations des MSA. Pour autant, la rumeur est montée dans la salle lorsqu’il a encouragé l’assistance à « prendre contact avec les banques, de les sensibiliser à l’ampleur des dégâts ».
Pour Patrick Vasseur, président de la FDSEA (Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles), l’objectif des élus présents est de « simplifier la tâche » des viticulteurs. Cependant, tous espèrent « que le département soit placé en calamité agricole », « quelque chose que Bercy n’aime pas » souligne Florent Boudié, député de la Gironde ; et beaucoup demandent au Ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, de venir constater l’étendue des dégâts par lui-même.
Côté viticulteurs : « C’est de l’enfumage »
Est venue alors le temps des questions de viticulteurs désespérés et parfois en colère. Dominique Techer, président du CAVB (Comité d’action des vignerons de Bordeaux), affirme ainsi que « le train des mesures habituelles est insuffisant et hors de propos » et propose à « l’interprofession qui dort sur un matelas doré […] de mettre dix millions d’euros sur la table ». Bernard Farges, président du CIVB (Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux), répond : impossible. Une intervention d’autant plus décevante que ce dernier avait commencé en indiquant s’être « demandé si cette réunion était une bonne idée : on en sortirait forcément déçus ». Phrase répétée et remarquée : « Après votre discours, oui ! ».
Un ton sombre que les viticulteurs, en attente de réponses et de promesses, ne voulait pas entendre. Fabien Ribeiro, viticulteur, souligne un « besoin de reconnaissance et de considération » : « nous allons nous trouver sous perfusion comme de grands malades », affirme-t-il. Un sentiment que partage un autre viticulteur : « Les mesures que vous venez d’annoncer sont de l’enfumage, elles n’aideront pas les personnes qui sont en mort clinique. Vous nous proposez une mort différenciée. »
« Une vraie réponse »Pour Stéphane Defraine, président du syndicat viticole de l’Entre-Deux-Mers, « ce problème de grêle est révélateur d’un problème plus profond qui touche la viticulture ». Plus tard, on demande aux viticulteurs présents de moins de 25 ans de se lever : cinq se mettent debout.
Jérôme Despey, président du Conseil Spécial Vin de France Agrimer, voulait revenir à la réalité, indiquant qu' »on peut se faire applaudir en demandant tout, il faut savoir ce qu’on peut et ce qu’on ne peut pas » ; intervention qui a agité le public, qui s’est autorisé plusieurs interventions plus ou moins polies et réfléchies. Le possible : l’accélération dans les dossiers, pour soulager des lourdeurs administratives. Le nécessaire à mettre en place : adapter le système d’assurance au domaine viticole. Envie que partage Jean-Luc Gleyze,vice-président du conseil général, conseiller général de Captieux, qui note qu’il n’est « pas dans la culture agricole d’émarger au RSA » : « ce n’est pas une réponse, une vraie réponse serait de vous permettre de vivre de votre terre ».
Si Bernard Artigue, président de la Chambre d’Agriculture de la Gironde, soulignait qu’il était important de « trouver des solutions qui dépassent les solutions normales », Jean-Luc Gleyze a résumé la situation actuelle : « c’est une situation exceptionnelle, nous mettrons en place des mesures exceptionnelles ». Avant d’ajouter, cependant, « nous ne pouvons pas pour l’instant dire lesquelles ».