Bernard Lafon est loin d’être un inconnu. Il est le fondateur de « Oh!Légumes Oubliés », une initiative à la fois agricole, commerciale, environnementale et éducatrice, dont on pourra trouver la boutique de vente et des informations plus larges sur le site de l’entreprise et sur « Alimenthus ». Sans faire partie de la mouvance politico-écologiste, l’homme est de longue date engagé dans une démarche de respect de l’environnement et de recherche d’une alimentation favorable à la santé. Un tel objectif l’a rendu extrêmement attentif aux travaux des scientifiques sur le sujet, ainsi qu’aux diverses informations diffusées sur la planète. Résultat: il se retrouve le dépositaire d’un savoir qu’il entend faire partager. C’était ce qu’il faisait l’autre soir lors d’une première conférence qui se déroulait à la Maison de la Nature de Sadirac. Mais il avait aussi planché dernièrement à Bruxelles à la Commission européenne. L’occasion de découvrir un exposé parfaitement construit, illustré, et synthétique qui fait ressortir les incidences présentes et à venir du changement climatique, les grands points d’interrogation qui découlent du prochain épuisement des ressources de pétrole, d’une alimentation industrialisée qui produit l’obésité en série dans les pays développés.
Nouveau modèle agricole
Comme il le souligne, Bernard Lafon n’invente rien . Il ne fait que collecter les informations existantes. Les principales indications sont que trois à cinq degrés de plus de température, le prix prohibitif des carburants et leur raréfaction peuvent changer bien des choses. Mais rouler moins sera plutôt positif: la lutte contre l’effet de serre lui semble une priorité. Sur le plan agricole, c’est selon Bernard Lafon, un nouveau modèle qui est d’ores et déjà à mettre en oeuvre. Ce dernier lui semble passer par une relocalisation des productions alimentaires, et non pas par la production énérgétique à partir de blé ou de maïs « ce qui lui paraît une « aberration ». En matière d’énergies renouvelables, il cite des voies prometteuses, mais actuellement peu exploitées. Une chose lui semble sûre:c’est que « l’illusion de la nourriture à bon marché » est terminée. A ses yeux, il est temps de produire mieux pour manger mieux ce qui présente en même temps l’avantage de réduire le dangereux effet de serre.
Le contrat naturel
Dans la société actuelle, il voit « un couple pervers » qui est l’énergie et l’alimentation. Notre alimentation est devenue trop énergétique à travers les viandes, les transformations de l’industrie alimentaire qui concentre les sucres, les graisses, et les méchants omégas 6. Conséquence:tout le monde se met à grossir « et la catastrophe est programmable pour dans 20 ou 30 ans ». « Déjà, affirme Bernard Lafon, des scientifiques prédisent une réduction de l’espérance de vie ». Alors que faire? « Opter pour « l’alimentation durable » et manger autrement » bien sûr. Sans oublier les légumes oubliés riches en tout ce qu’il faut pour être en bonne santé et vivre longtemps! Bernard Lafon propose un nouveau contrat de société, le contrat naturel, et il fait appel au vocabulaire sarkozien évoquant la « rupture », le changement de civilisation….
Gilbert Garrouty