A l’échelle de l’Union européenne, la définition du Réseau Transeuropéen de Transport (dès 2004) vise à faciliter les échanges entre les biens et les personnes, ainsi qu’à améliorer les temps de trajets par différents modes de transports. Dimension forte de cette dynamique : la multimodalité de ce réseau de transport. Or en ce qui concerne le Corridor Atlantique, permettant de relier le Nord de la France à l’Espagne puis au Portugal, il faut bien reconnaître qu’en la matière on est pour l’heure plutôt mauvais… « Seules 2,5% des marchandises passe la frontière franco-espagnol sur le rail. Sur les autres frontières françaises, et au delà en Europe, le pourcentage des marchandises voyageant sur rail est de l’ordre de 15 à 20% » note dans son mot d’accueil le Président de la Région Aquitaine.
Mais les annonces du jour ont bien vocation à relancer la dynamique. La signature des conventions de subventions européennes officialise la volonté des Etats, ici France et Espagne, et surtout de l’Europe, de voir les différents projets constitutifs de ce corridor Atlantique se concrétiser.
Corridor Atlantique: 4 projets subventionnés par l’EuropeCe mercredi ce sont quatre projets qui ont ainsi été appuyés par l’Europe, à travers la signature du coordonnateur européen Carlo Secchi pour subventionner leur réalisation : la ligne Bergara-San Sebastian-Bayonne, la ligne conventionnelle Bordeaux-Dax, la ligne grande vitesse Bordeaux Dax, et le corridor fret atlantique. Citant la liste des projets soutenus, Alain Vidalies enfonce le clou à destination des opposants à la LGV : « l’énoncé de ces signatures répond à certains débats puisque les conventions visent à la fois la ligne classique et la futur LGV. Ce n’est pas l’un ou l’autre mais les deux. Et la première à l’avoir compris, c’est l’Europe. »
Au delà de ces bonnes nouvelles pour les partenaires français et espagnols, Alain Vidalies a donc également confirmé la relance du projet d’autoroute ferroviaire entre France et Espagne, visant notamment à davantage de report modal dans le transport du fret afin de diminuer le nombre de camions sur les routes (avec un objectif de 85000 poids lourds de moins par an), et leur incidence sur l’environnement. Une « relance », en effet, puisqu’un précédent projet français imaginant une liaison fret entre Dourges (Pas-de-Calais) et Tarnos (Landes) a été abandonné par le Secrétaire d’Etat en avril dernier. La raison de cet abandon : « des risques juridiques importants pour l’Etat au regard notamment de contraintes urbaines sur la ville de Tarnos » où devait être construit une plate-forme ferroviaire.
Autoroute ferroviaire franco-espagnole… et portugaise?Mais « l’abandon du projet de plate-forme à Tarnos ne signait pas, l’abandon du projet d’autoroute ferroviaire », a-t-il précisé à la presse, d’autant qu’un projet de plateforme ferroviaire similaire était aussi en cours à Vitoria, en Espagne. Après avoir rencontré Ana Pastor Julian, Ministre espagnole de l’Equipement, au mois de juillet, les deux gouvernements se sont entendus pour mettre en route un projet d’autoroute ferroviaire commun, décidant le 9 octobre dernier d’un appel conjoint à manifestation d’intérêt auprès des acteurs ferroviaires pour une autoroute ferroviaire sur l’axe atlantique.
« L’idée est de mobiliser les fonds publics pour la réalisation des infrastructures et que le service de fret, soumis à la concurrence de part la réglementation européenne, s’équilibre de lui même», explique le Secrétaire d’Etat. En d’autres termes les subventions de l’Europe ne seront utilisées que pour la construction de la plate-forme et des infrastructures nécessaires, le reste sera à la charge des acteurs (privés ou publics) qui réaliseront le service de fret. Quant au montant de ces subventions, si elles ne sont pas encore connues, Alain Vidalies les espère à hauteur de 50% de l’investissement pour une date de réalisation de la plate-forme « le plus rapidement possible », autour de 2020 semble-t-il vouloir croire.
Autre intérêt de cette plateforme à Vitoria, souligné par Alain Vidalies, elle semble également intéresser son homologue portugaise, qui voit dans ce projet de plate-forme ferroviaire, un éventuel point de départ des marchandises vers le nord de l’Europe. Une alliance pour le report modal non plus seulement franco-espagnole mais aussi portugaise, donnant au projet une véritable dimension et ambition européenne qui n’est pas pour déplaire au Secrétaire d’Etat français.