En prélude, le président du conseil économique, social et environnemental régional CESER de Nouvelle-Aquitaine, Dominique Chevillon, est revenu sur l’action d’assemblée représentative. Une année importante avec les 32 avis partagés sur différentes délibérations du conseil régional. Comme pour le SRADDET (Schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires), par exemple, ou encore la feuille de route Néo Terra. Une activité qui se traduit également par la production de trois rapports importants en 2019 : un travail de prospection sur l’économie de la mer, un autre sur les enjeux d’une neutralité carbone en 2050, puis un dernier sur la maîtrise du foncier. Bien sûr le travail va se poursuivre en 2020 sur les évolutions nécessaires des agricultures en Nouvelle-Aquitaine à l’heure des transitions (climatique, écologique, énergétique, sociale…), le patrimoine et développement des territoires, la neutralité carbone, la pauvreté et la précarité en Nouvelle-Aquitaine, impact économique de la métropolisation et d’autres sujets capitaux. Le rôle du CESER est de plus en plus tourné vers l’environnement. « L’environnemental est proéminent dans nos préoccupations. Nous y consacrons, un peu contraints, de plus en plus de temps, mais c’est nécessaire… », indique Dominique Chevillon. Le président s’est félicité de la mise en place de la feuille de route Néo Terra et espère qu’une autre se développera au niveau sociétal. « Il est nécessaire de faire une feuille de route Néo Sociétal qui serait dans le même esprit que Néo Terra mais avec un enjeu social autour de toutes les formes de pauvreté, de discriminations, et de précarité ». Dominique Chevilon a conclu son propos en rappelant que 2020 est l’année internationale des végétaux. Il a cité, pour appuyer son propos, une phrase de Montesquieu : « Les hommes sont comme les plantes qui ne croissent jamais heureusement, si elles ne sont bien cultivées ». Il l’assure, le CESER durant cette année 2020 « s’efforcera à éclairer par ses travaux la connaissance, la compréhension au plus grand nombre sur des enjeux environnementaux, socio-économiques, culturels du monde. Je nous souhaite une année faite de curiosité, d’attention renouvelée, d’ouverture aux idées, de réflexions sur le monde complexe qui nous entoure. »
Puis Alain Rousset, le président de la région Nouvelle-Aquitaine, a pris le relais pour partager ses voeux avec les Poitevins, voire les Picto-Charentais, déplacés en nombre. Ils étaient environ 500 dans le foyer du Théâtre Auditorium de Poitiers (TAP). Il promet avant tout de ne pas faire « la litanie des 2 700 délibérations et 17 000 dossiers que le conseil régional a eu l’occasion de voter durant l’année 2019 ». Rassurant. Ça aurait pu prendre un peu de temps. Cependant le président de la région voulait parler « de sens dans l’action que nous essayons d’apporter et aux actions que nous menons ».
Du sens, la région en donne à sa jeunesse. Via les lycées, les CFA (centres de formation des apprentis) et en tenant un discours qui rassure et qui est tourné vers l’avenir. Mais Alain Rousset partagent plusieurs interrogations : « quel sens donnons-nous à l’orientation ? Comment allons-nous faire pour remettre en marche l’ascenseur social et lutter contre l’échec scolaire ? Comment faire en sorte que toute la jeunesse se sente investie, de la préparation, de la formation à un métier ? » Des questions sur lesquelles la Nouvelle-Aquitaine planche pour accompagner aux mieux ses jeunes.
La région qui a le plus progressé
Bien évidemment, le président de la région est revenu sur les quatre ans de la Nouvelle-Aquitaine, qui doit comme il le dit « regarder devant elle ». Un défi pour cet immense territoire semblable à la superficie de l’Autriche, comme il nous l’est souvent rappelé. Surtout que la Nouvelle-Aquitaine atteint pratiquement les 6 millions d’habitants selon le dernier recensement de l’INSEE. « C’est la région qui a le plus progressé, précise Alain Rousset. Beaucoup de défis se présentent à nous ». Parmi eux, celui de la proximité. « La proximité est liée à l’efficacité. En écoutant nos concitoyens, nous avons une source indéniable de créativité et de bienveillance », poursuit le président de région. Il rappelle que 51 contrats territoriaux ont été signés en Nouvelle-Aquitaine. « Il y a des initiatives de décloisonnement et de désisolement des territoires autour de l’économie sociale et solidaire, notamment dans le nord des Deux-Sèvres. Avec les élus régionaux, nous avons visité des exploitations agricoles, des lycées, des CFA, des entreprises, des mairies. Nous voulons éviter que la ligne de fret entre Niort et Thouars ne ferme, comme la ligne de chemin de fer entre Limoges et Angoulême, mais malheureusement nous ne pouvons pas intervenir dans tous ces domaines. »
Besoin de décentraliser
Car Alain Rousset aimerait aller plus loin et avoir plus de possibilités. « Je rêve d’une décentralisation. Que l’Etat nous confie concrètement, et avec des moyens, l’aménagement du territoire », indique-t-il en s’adressant à la préfète de la Vienne. Avant de se tourner vers la rectrice et d’ajouter. « Pourquoi pas, l’éducation aussi… ». Selon le président de la région « pour passer de la révolte à la réforme nous avons besoin de décentraliser ce pays. Un pays centralisé n’est pas un pays qui se réforme. Il se révolte. Nous l’avons vu avec les gilets jaunes et nous voyons ce qu’il se passe aujourd’hui ».
Autre sens, celui de l’écologie avec la feuille de route Néo Terra. « Je n’ai pas inventé le nom, on me l’a proposé », ironise Alain Rousset qui rappelle que 400 scientifiques travaillent dans les secteurs de la biodiversité, l’étude des sols, la paléoclimatologie… « La première leçon que je tire, c’est qu’il va falloir que nous adoptions un projet et embarquions tout le monde dedans : les villes, les entreprises, l’agriculture… ». Le président souhaiterait que la Nouvelle-Aquitaine soit une région pionnière en Europe sur la préparation et la résistance au réchauffement climatique. « Dans ce sens-là l’agriculture représente certes la cause, mais surtout la solution à cela. Il faut accompagner les agriculteurs et ne pas les stigmatiser. On ne peut pas reprocher à un corps social ce que la société lui a imposé depuis les années 1950. »
Capacité à faire et pas seulement à dire
En quatre ans, Alain Rousset a arpenté l’ensemble de cette grande région. « Une sacré découverte. Êtes-vous allés à Vassivière, Bourganeuf, Collonges-la-Rouge, Bort-les-Orques ? », interroge-t-il en interpellant plusieurs personnes au hasard dans l’assemblée. Une région variée qui allie montagne, mer, plaine qui participe, selon lui, à sa beauté. « Le premier touriste de Nouvelle-Aquitaine est un Néo-Aquitain ». Même s’il n’aime pas ce terme, mais difficile pour lui d’en trouver un autre pour désigner les habitants de la Nouvelle-Aquitaine… « Au départ il y avait de l’amertume, des inquiétudes mais je crois que nous avons montré notre capacité à faire et pas seulement notre capacité à dire. Nous avons montré ce que pouvait être la puissance de la plus grande région de France. Je crois qu’on est sur le bon chemin. ». Alain Rousset a enfin conclu sur cette année particulière puisqu’il y aura des élections. « On va avoir deux années électorales. C’est fatiguant et je ne sais pas trop où ça va nous mener. Je souhaite une très belle et très bonne année. Une année pleine de sens, en tout cas nous allons continuer à vous en offrir ». Voilà qui est dit.