Servir les produits locaux, venus du producteur du coin, dans les cantines, l’idée ne date pas d’hier. « Restaurants de collèges, collectivités ou entreprises souhaitent de plus en plus s’engager dans la démarche d’achats en circuit court », constate Françoise Roffignac, vice-présidente du Département de la Charente-Maritime en charge de l’Agriculture. « A travers différentes expérimentations locales, les consommateurs comme les collectivités se sont rendus compte que les produits étaient meilleurs et que ça ne coutait pas forcément plus cher. »
Oui, mais voilà, les contraintes administratives, législatives et logistiques freinent parfois agriculteurs ou collectivités à se lancer dans les démarches. Les collectivités ont par exemple l’obligation de passer par l’appel d’offre. Elles raisonnent en lots et en capacité de transformation et de stockage, là où les agriculteurs pensent en termes de saisonnalité, de coût de production et de transports. « Plusieurs élus se sont tournés vers nous pour leur apporter de l’aide ou des solutions », expliquent Françoise de Roffignac et Luc Servant, président de la Chambre d’agriculture de la Charente-Maritime, partenaire du projet.
Mettre en réseau, mutualiser les moyens, et réduire le nombre d’intermédiairesD’où l’idée de lancer une grande étude sur le département, sur les besoins et les moyens existants. Elle recenserait aussi bien les agriculteurs déjà engagés dans cette démarche ou prêts à s’engager, que les filières de transformations (conserveries, abattoirs) ou de transports, en passant par les besoins des collectivités. Objectif : mettre en réseau ces filières pour mutualiser les moyens, et réduire le nombre d’intermédiaires. « Le Département n’a pas vocation à créer une plateforme de distribution, mais plutôt de jouer un rôle de coordinateur entre les différents acteurs, pour que chacun puisse s’y retrouver », poursuit l’élue. Il s’engage notamment à guider les collectivités dans la formulation des appels d’offres pour favoriser l’obtention du marché par des producteurs locaux. La loi permet par exemple, depuis peu, de préciser un bilan carbone à ne pas dépasser.
Pour réaliser cette étude, le conseil général compte en revanche passer par un cabinet extérieur à la Charente-Maritime, par soucis d’indépendance et d’objectivité. Coût de l’opération : 50 000 €, pour un compte-rendu en janvier 2017. Pour le conseil général, cet investissement a pour but à terme de contribuer à endiguer la perte massive des petites exploitations agricoles. Chaque année, 2% d’entre elles mettent la clé sous la porte. En 2015, la Charente-Maritime dénombrait 6500 exploitations.