« Dans un environnement perturbé par le Covid, la fermeture des restaurants, l’influenza aviaire ou encore les mauvaises récoltes de l’automne dernier, nous avons réussi cette année à être au rendez-vous de nos attentes et objectifs ». A l’heure du bilan de l’exercice 2020-2021, la satisfaction est de mise pour Christophe Congues, président du Groupe coopératif Euralis. Et pour cause le groupe coopératif au siège béarnais sort de cette passe difficile avec un chiffre d’affaires de 1,440 Mds €, en hausse de 100 M€, et un résultat d’exploitation de 43 M€, en augmentation de 20 M€. Des indicateurs en hausse, « surtout portés par les activités alimentaires », qui marquent selon Philippe Saux, directeur général du groupe, « un retour à la confiance » et la confirmation que « la stratégie de transformation lancée il y 2 ans est payante ».
Le groupe coopératif Euralis, a subi comme les autres acteurs agricoles de la région, les péripéties d’une année difficile. Outre les crises sanitaires, humaine et aviaire, la météo capricieuse de l’automne 2020 a entraîné une baisse de récolte de l’ordre de 30%, entraînant logiquement un moindre disponible, côté semence en maïs et tournesol. Pour autant, Lidea, née du récent rapprochement entre Euralis Semences et Caussade Semences Group, a pu afficher un chiffre d’affaires en légère hausse (+2%) du fait de la croissance continue à l’international (elle y réalise 80% de son chiffre d’affaires, et plus particulièrement en Europe de l’Est ) et « d’une nouvelle génétique particulièrement performante », appuie Philippe Saux. Un effort à l’international qui se poursuit avec l’inauguration de deux usines en Roumanie et en Russie, signalent les responsables qui affirment avec force la vocation de la nouvelle marque : « devenir une marque reconnue par les grands ». « Il faut partir à l’international pour assurer le retour gagnant sur nos territoires et nos exploitations », martèlent les deux hommes.
Le kiwi : une nouvelle production qui « coche toutes les cases »
Sur l’activité agricole, « la transformation est effective », pointe le président du groupe. Dans le cadre de la loi Egalim le groupe coopératif a en effet « fait le choix de sortir des produits phytosanitaires, en séparant les activités phytosanitaires en deux entités juridiques distinctes (Euralis Vigne Vin et Distrialis), et avec l’objectif d’apporter du conseil dans des productions à valeur ajoutée pour une agriculture tournée vers l’agroécologie », rappelle Philippe Saux. A ce jour 1800 contrats d’accompagnement ont d’ores et déjà été signés avec des adhérents. Objectif à la fin de l’exercice en cours, 2200. Une transformation qui pèse aussi en matière de formation des conseillers d’exploitation à ce « nouveau métier » qu’est le conseil autour du biocontrôle ou de l’agronomie par exemple. « 5 M€ sont en effet en train d’être investis sur la formation des collaborateurs », précise le directeur général.
Autre grande satisfaction de l’exercice passé : la progression de 10% de la distribution grand public (magasins Point Vert), et notamment des rayons alimentaires en circuits courts, La Tables des producteurs.
Sur les perspectives, outre la poursuite de la « transformation » de la coopérative et notamment des activités agricoles, qui comprend la volonté de contractualiser jusquà 70% de ses productions végétales chez les adhérents (contre 50% actuellement), et des rendements d’une collecte automnale 2021 déjà connus comme excellents, Euralis confirme, à moyen terme, sa volonté de la création d’une filière kiwi. « C’est une production qui n’est pas traitée, que l’on n’irrigue qu’au pied, et qui permet de vivre décemment sans aller chercher des hectares », explique Christophe Congues.
Une production qui « coche beaucoup de cases », tant du point de vue des attentes sociétales de la transformation du pôle agricole vers plus d’agroécologie ou encore de la valeur ajoutée apportée aux adhérents de la coopérative. Depuis l’annonce de cette initiative en septembre, « une cinquantaine d’agriculteurs s’est portée volontaire pour planter entre 50 et 100 ha en Béarn et dans les Landes », indique le président. S’il est ici question de développer le kiwi vert et le kiwi jaune, un autre type de projet est travaillé au sein de la coopérative, en lien avec la SCAAP Kiwi : « des projets agrivoltaïques alliés à la cultures du kiwi rouge, à destination de petites et moyennes exploitations ».
Canard: l’activité renoue avec la rentabilité
Du végétal à l’animal, l’activité canard, malgré un contexte compliqué affiche une progression notable. En effet, sur cette activité l’EBITDA affiche « une progression exceptionnelle de 9,5 M d’euros », insiste Philippe Saux. « Exceptionnelle », car cette hausse permet d’assurer le retour à un EBITDA positif de 3M€, alors qu’il était jusque-là très négatif. « Donc nous renouons là avec une activité rentable et une tendance très très prometteuse, tout ça malgré un contexte de fermeture des restaurants de 7 mois l’an dernier, et notamment pendant la période de Noël ».
Les raisons de ce succès : le coup de pouce salvateur du bassin de production vendéen de la coopérative lors de la crise influenza aviaire, « un meilleur pilotage de l’équilibre matière », comprendre une meilleure gestion des autres parties du canard gras en dehors du foie gras (magrets, manchons, cœur, etc.) et bien sûr un « appel d’air très important » lors de la réouverture des restaurants. A cela s’ajoute « une très bonne tenue » de la marque Maison Montfort en GMS (+1 de chiffre d’affaires).
Quant à la saison festive qui s’annonce, « même si quelques maires nous ont fait de la publicité malgré eux, pour l’heure, tout se passe très bien, et la demande en produits festifs est en très forte augmentation, tant pour le canard que sur notre activité traiteur », souligne le directeur général du Groupe.
Une activité Traiteur qui dès l’an dernier a significativement amélioré sa rentabilité, avec un chiffre d’affaires net en hausse de 10 M€ et un EBITDA à +7 M€. Une croissance notamment portée par la marque Stevalen et sa bonne performance sur le marché des commerces de proximité. Selon Philippe Saux, « 50% de la croissance globale est portée par la supériorité produit et l’innovation ».
Production d’énergie décarbonnée
Enfin, outre les vocations « nourricière et sociétale » de la Coopérative, qui travaille activement à l’ouverture de son capital social à ses salariés et adhérents notamment, le troisième grand axe stratégique d’Euralis demeure la production d’énergie. Son président visant en la matière à devenir « un acteur majeur de la production d’énergie décarbonnée ». Outre une production de maïs dédiée à la fabrication d’éthanol (près de 30% de la production totale), le groupe veut également agir à la fois auprès de ses adhérents mais aussi en interne de l’entreprise.
Côté adhérents « nous sommes en cours de recensement des toitures disponibles », explique Christophe Congues. « Actuellement 60 projets sont travaillés chez des adhérents et nous avons créer une entité juridique dédiée qui va porter cette activité », complète Philippe Saux. Une nouvelle activité pour les agriculteurs que le Groupe regarde aussi en interne, en étudiant les options qui s’offrent à lui en matière de projets énergétiques. Outre l’aspect environnemental, Christophe Congues rappelle que « celui qui maîtrise son énergie, maîtrise ses coûts et donc améliore sa marge. Ce sera un aspect déterminant sur la performance d’Euralis », estime-t-il. Couverture de parkings, études des toitures, des installations sont d’ores et déjà planifiées à Maubourguet (65) et aux Herbiers (85), avec l’ambition de produire entre 20 à 30% d’énergie consommée à l’horizon 2022.
Sur l’énergie décarbonnée, les deux hommes n’étaient pas peu fiers d’annoncer que les 2 premières fourgonnettes à hydrogène pour livrer Paris seraient des fourgonnettes Euralis via son activité traiteur, et notamment sa marque Stevalen, qui fournit les commerces de proximité. Le fruit d’un partenariat avec le constructeur Renault qui devrait se concrétiser au mois d’avril 2022. Pour l’année 2022 également, les deux responsables ont confirmé la volonté d‘un rapprochement avec le groupe coopératif Maïsadour principalement axé sur l’activité canard.
L’assemblée générale du groupe qui viendra voter et confirmer l’ensemble de ces chiffres et des orientations stratégiques du groupe est quant à elle prévue le 11 février prochain.