Labellisée « Destination pour Tous », Bordeaux propose une offre globale accessible aux personnes en situation de handicap moteur et/ou mental en matière de transports, d’hébergements, de restaurants, de culture, de soin ou encore de tourisme comme le confirme par exemple la récente labellisation « Tourisme et handicap » de la Cité du Vin. « Notre politique en matière de handicap pose trois priorités que sont le logement, l’emploi et l’handi-parentalité », synthétise Alain Juppé.
C’est dans le domaine de l’emploi des personnes handicapés que la ville s’apprête à s’illustrer les 18 et 19 mai prochains, avec l’organisation du premier Adaptathon bordelais (après Toulouse). Adapta… quoi ? Adaptathon, un événement innovant aux allures de marathon des neurones, qui propose sur une durée de 48 heures de faire phosphorer les esprits de quelque 200 volontaires autour de la question de l’inclusion des personnes handicapées dans l’entreprise. De la réflexion poussée et pratique, puisque l’objectif est bien d’aboutir à de projets concrets et immédiatement conductibles. Pour Joël Solari, Adjoint au maire en charge des personnes en situation de handicap à l’initiative de l’évènement, « il s’agit d’abord de rassembler au plus large autour de projets identifiés sur le terrain, mais aussi de repousser les limites du handicap grâce au numérique, et enfin, d’accompagner les porteurs de projets. On a estimé que rien que sur Bordeaux, l’ensemble de ces projets pourraient permettre de créer environ 10 000 emplois d’ici à 2030. »
200 participants, 10 thématiques de réflexion
Un événement qui au-delà de « la bonne cause », tente de répondre à une faille sociale importante, souvent sous-estimée : le sous-emploi des personnes souffrant d’un handicap. Et pour cause : 20% des demandeurs d’emplois sont des personnes handicapées… « Or le travail c’est pour elles, un pilier de l’autonomie des personnes », insiste Joël Solari. L’adjoint au Maire poursuit : « Si la loi fixe bien des objectifs et des idéaux, en posant que tout entreprise de 20 salariés et plus doit employer des personnes handicapées à hauteur de 6% de son effectif, il y a des limites pratiques : on ne sait pas faire travailler les personnes handicapées en entreprises. » D’où le défi de cet Adaptathon, réussir à savoir faire, pour le faire !
L’événement a su déjà fédérer de nombreux partenaires publics et privés, dont certains représentants, salariés ou agents, participeront à ce remue-méninges collectifs. Parmi eux notamment Enedis, Auchan, Crédit Agricole Aquitaine, Kéolis, Le Club de entreprises de Mériadeck, des associations engagé autour du handicap, ou encore Kedge Business school où se déroulera ce marathon pas comme les autres? Ainsi que l’Ecole 42, créée par Xavier Niel, dont les élèves donneront des coups de main technique à la réalisation des maquettes des projets. « 200 participants sont prévus, pour l’heure on est déjà à 80% de cet objectif », mais il est encore temps de s’inscrire sur le site internet dédié https://www.adaptathon-bordeaux.fr/ . Chacun peut venir y contribuer, personnes valides ou en situation de handicap, chef d’entreprise, associations d’aide aux personnes handicapées, direction de ressources humaines, grand public… il n’y a pas de barrière à l’entrée, seule une inscription (gratuite) est demandée pour pouvoir participer à ces ateliers de réflexion. Ceux-ci s’organiseront en 10 thématiques. Parmi elles « accompagner le manager dans le prise en compte d’un handicap », « faciliter la mobilité », « Lever les barrière à la reconnaissance de travailleurs handicapé pour les salariés », « la prévention du risque » ou « la pénibilité de l’emploi ». A l’issue de l’évènement, les groupes qui présenteront les meilleurs solutions seront primés le 22 mai : les quatre meilleurs projets seront récompensés (jusqu’à 10 000 € pour le premier prix), afin de faciliter leur concrétisation.
« Un médicament numérique »
Parmi les acteurs d’ores et déjà repéré pour être force de propositions de ces rencontres : Maryne Cotty-Eslous, fondatrice de la toute jeune start-up bordelaise Projet Lucine, qui crée des applications à destination de personnes atteintes de pathologie chroniques pour mieux gérer leur douleur. « L’application, grâce à une intelligence artificielle, peut mesurer, analyser une douleur et la soulager de manière non pharmacologique, via des méthodes ou outils développer en centre de la douleur : relaxation, hypnose, méditation, ou autre. Un médicament numérique » indique la jeune femme qui connaît bien le difficile rapport à la douleur quotidienne étant elle-même douloureuse chronique. Mais au-delà de la pathologie, le projet de Lucine est de créer des applications d’autant plus efficace, qu’elles prennent en compte la spécificité environnementale de la personne qui l’utilise.
Lors du Hackaton, Maryne ne viendra donc pas les mains vides, puisque la technologie existe, mais ce qu’elle attend de cet événement c’est de pouvoir confronter 2 de ses projets, sur la prévention et la gestion de la douleur au travail, aux autres participants. L’objectif : pouvoir dresser « un cahier des charges précis des attentes ». Un évènepent précieux pour Maryne, puisque selon ses mots, « il remet l’utilisateur au centre des projets » à savoir en ce qui la concerne, les salariés en souffrance, ou qui pourraient l’être de part leur travail, mais aussi par exemple les responsables de services RH.